Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?
Nous venons d’avoir une bonne rencontre de partages bibliques sur Hébreux 2. À chaud, je vous partage ces réflexions que j’espère stimulantes.
Hébreux 2.3 :
Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?
Je propose de nous poser deux questions successives : La première :
Qui est ce « nous » dont il est question ?
L’auteur écrit à une communauté chrétienne. Chaque église locale comporte en son sein d’authentiques enfants de Dieu, mais aussi des personnes qui sont encore en route, en quête de la vérité et du chemin du salut, mais n’ayant pas encore abouti. Parmi elles, ne connaissez-vous pas des gens qui semblent durablement tourner en rond, s’installer sur une aire de repos, et négliger une marche en avant décisive vers Christ et le salut réel de leur âme ?
Une âme éveillée par la grâce peut malheureusement devenir tellement somnolente !
Tom Wright, dans son Guide biblique pour tous sur Hébreux, (Excelsis), se sert d’une autre image, que j’adapte ici légèrement :
Imaginez que vous êtes à bord d’un petit bateau à moteur à quelque distance du rivage. Si vous éteignez le moteur, si vous lâchez la barre, vous risquez fort de dériver. Vous pourriez alors heurter un récif ou être emporté au large.
Vous n’atteindrez pas le port visé, même si vous n’en êtes plus loin.
Il semblerait que Martin Luther utilisait déjà une analogie semblable, mais… sans moteur à son bateau : « comme un vaisseau qui, au moment d’aborder, est emporté plus loin par le courant et entraîné à sa perte ».
Dans ce premier sens attribué à notre verset, le port, c’est le salut (Hébreux 1.14 ; Hébreux 2.3). Et la dérive du bateau, c’est bien le jugement et la perdition éternelle :
Hébreux 10.29 : de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ?
Dans ce texte d’Hébreux 10, aucun doute : le châtiment éternel est dépeint pour ceux qui auront finalement méprisé le prix payé pour leur rachat, après avoir été attirés par l’Esprit de Dieu ! Et en Hébreux 2, ce même sens doit être envisagé aussi, car, pour ces personnes, v 2 :
– la parole annoncée par des anges a eu son effet : leur être intérieur avait commencé à percevoir la vérité, ils n’ont plus l’excuse de l’ignorance !
– et toute transgression et toute désobéissance ont reçu une juste rétribution, c’est-à-dire, en dernière analyse, que la dette de leur péché avait bien été payée par le sang de Christ, comme pour chaque homme ! (v 9 : Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous.)
– Mais ils ont dérivé dans leur recherche, leur barque fait naufrage !
Mais dans une communauté locale, Dieu merci, tous ne sont pas dans cette situation de renoncement à la foi et d’endurcissement ! (D’ailleurs même ceux qui sont dans ce cas, l’auteur les appelle à la repentance tout au long de l’épitre !)
Alors, que signifie ce texte pour les véritables chrétiens, aussi concernés par ce « nous » ? Là, il nous faut nous poser la 2e question :
À quoi les véritables enfants de Dieu sont-ils en danger de ne pas pouvoir échapper ?
Nous avons largement vu dans d’autres articles (voir ci-dessous) qu’il ne saurait s’agir de la perdition éternelle, d’autant plus que les véritables chrétiens ne seront jamais dans une telle situation d’apostasie définitive, le Seigneur les gardant par son Esprit qui habite en eux et les disciplinant par sa providence !
C’est le fin bibliciste Richard DOULIÈRE, entre autres, qui suggère, dans son commentaire L’Épitre dite aux Hébreux la chose suivante :
Comment échapperons-nous… La menace n’est pas précisée, fait penser au verset 27 du chapitre 10 qui parle de l’attente jugement et de l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles, ainsi qu’au verset 31 qui mentionne aussi ce qu’a de terrible le fait de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Le sens du verbe ‘échapper » se rapproche de ‘fuir loin’. Mais fuir quoi, échapper à quoi ? Au chapitre 10, c’est échapper à un jugement ! Ici, c’est plutôt au danger de ‘glisser loin’, de ‘passer à côté des choses et promises. Les deux perspectives sont évidemment liées. (p 25)
comment échapperons nous… au danger de dériver loin de notre objectif d’arriver vainqueurs au but de la vocation céleste en Jésus-Christ, si nous négligeons ce si grand salut en Jésus-Christ crucifié et ressuscité ?
Cette compréhension est d’ailleurs validée par le verset 1 :
Puisqu’il en est ainsi, nous devons prendre encore plus au sérieux les enseignements que nous avons reçus afin de ne pas être entraînés à la dérive. (Semeur) ou : afin de ne pas nous tromper de chemin (PdV).
Il y a tant de dérives ! Dérives doctrinales, les yeux et les oreilles fixés sur des sirènes qui nous égarent (dans nos assemblées ou, surtout, sur le Net !) et non sur la Parole de Dieu ! Dérives du cœur, aussi, ce cœur qui maintient en réalité le « Moi » comme capitaine de notre vie, et non le Seigneur Jésus !
Je me demande d’ailleurs si toute dérive doctrinale ne découle pas d’une dérive du cœur, car, si le cœur n’est plus soumis à l’autorité du Seigneur et en communion avec lui, comment l’intelligence pourrait-elle percevoir une doctrine juste dans les Écritures ?
À méditer ?
Récemment, nous étions un groupe de randonneurs qui marchaient bon train, suivant des guides improvisés. Mais voilà que ceux-ci ont fait demi-tour : le chemin ne menait pas au but visé ! Nous les avions suivis aveuglément, perdus dans nos bavardages, et nous avions négligé le petit panonceau qui nous avait invités à bifurquer ! Ainsi en est-il dans l’Église : suivons-nous des hommes (tiens, parmi eux, il y a aussi… nous-mêmes, avec nos capacités de déviances et de dérivations dangereuses) ? Ou avons-nous le regard fixé sur Jésus, le chef et le consommateur de notre foi ?
Hébreux 12. 1, 2 : C’est pourquoi, nous aussi qui sommes entourés d’une telle foule de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. 2 Gardons les yeux fixés sur Jésus, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection. Parce qu’il avait en vue la joie qui lui était réservée, il a enduré la mort sur la croix, en méprisant la honte attachée à un tel supplice, et désormais il siège à la droite du trône de Dieu.
Pour conclure, ne vous semble-t-il pas que l’auteur d’Hébreux ait tout autre chose en tête que d’effrayer ses lecteurs avec la pensée qu’ils risquent de perdre leur salut ? (1) Ne veut-il pas plutôt :
– stimuler les uns à aller jusqu’au bout de leur démarche, saisir le salut acquis pour eux par le Sauveur, ne pas risquer qu’il soit trop tard ? (Hébreux 4.1)
– et stimuler les autres, véritables disciples du Christ, à garder le cap, les yeux fixés sur Jésus et sur sa Parole, et ne pas risquer de dériver dans leur marche, et de tourner en rond au lieu d’avancer vers l’accomplissement de leur vocation céleste en Jésus-Christ ?
Prenons donc au sérieux ces avertissements ! Puisque nous appartenons à celui qui a donné sa vie pour nous, nous ne voulons pas courir le risque de devoir constater en fin de course que nous avons dérivé. Que nous n’ayons pas à déplorer que nous n’avons que peu vécu pour celui qui est pourtant digne d’avoir entièrement nos cœurs, nos pensées et notre volonté !
L’apôtre Paul n’était certes pas à la dérive, mais il nous encourage :
Philippiens 3.12 : Non, certes, je ne suis pas encore parvenu au but, je n’ai pas atteint la perfection, mais je continue à courir pour tâcher de saisir le prix. Car Jésus-Christ s’est saisi de moi. 13 Non, frères, pour moi je n’estime pas avoir saisi le prix. Mais je fais une seule chose : oubliant ce qui est derrière moi, et tendant toute mon énergie vers ce qui est devant moi, 14 je poursuis ma course vers le but pour remporter le prix attaché à l’appel que Dieu nous a adressé du haut du ciel dans l’union avec Jésus-Christ.
Amen, n’est-ce pas ? Claude
(1) une nuance lue récemment :
Certains prétendent que l’appellation de « perdre le salut » n’est pas juste, dans la mesure où, selon eux, le salut-vie éternelle serait une réalité future, qui ne sera attribuée qu’à ceux qui persévèrent jusqu’au bout. Il faudrait, selon eux, parler de « perdre la foi », « apostasier », car on ne peut pas perdre ce qu’on n’a pas encore reçu !
Il me semble que si la pleine réalisation du salut est effectivement future, s’il nous faut vraiment « travailler à notre salut avec tremblement et crainte » (ou faire fructifier notre salut…) (Philippiens 2.12), les Écritures ne nous permettent pas de faire dépendre notre salut-vie éternelle d’autre chose que de la mort substitutive de Christ pour nous. Il n’y a pas de couperet scripturaire au-dessus de nos têtes : « attention, mes enfants, vous risquez de ne plus être mes enfants et de finalement ne pas être sauvés ! »
Nous persévérons, non pour être sauvés, mais parce que nous le sommes !
Notre persévérance ne doit pas créer le salut final, mais le faire fructifier,
en ce sens que nous croissons en Christ et que nous passons de bébé en Christ à enfant, jeune homme, homme mûr… et que nous ne soyons pas juste sauvés comme au travers le feu. 1 Cor.3.15.
Compléments
Romains 2.6, 7 : la vie éternelle pour ceux qui persévèrent à bien faire ?
Hébreux 3.6 : Un privilège conditionnel ?
L’assurance du salut du chrétien (selon R.C. SPROUL)
Notre salut est-il assuré définitivement ? (Dudley WARD)
Persévérons jusqu’à la fin ! (Roy HESSION)
Pourquoi croire à la sécurité éternelle des enfants de Dieu ?
https://topmessages.topchretien.com/texte/avec-dieu-rien-nest-impossible/
Je ne consacrerai pas d’article à Romains 11.17 à 22, également cité dans la liste des versets « à charge » pour la possibilité de la perte du salut, car ce passage parle de toute autre chose, déjà traité en Lire l’A T dans la nouvelle Alliance -1
Si ces articles ne vous convainquaient pas, n’oublions pas :
Unis malgré des divergences !
Merci, Claude ! Et à demain avec joie, pour la suite au prochain numéro.