Pourquoi croire à la sécurité éternelle des enfants de Dieu ?

Avec d’autres auteurs, j’ai déjà traité ce sujet en  Hébreux 6.4 à 8 enseigne-t-il la perte du salut ? C’est en complément à ces articles que je réponds à l’objection suivante :

... ton explication sur la sécurité est incompréhensible.
Comme moi, tu crois à l’arbitre libéré par la grâce prévenante.
Comme moi, tu sais que notre liberté n’est pas forcée pour en venir librement à Christ.
Es-tu en train de dire que notre liberté est forcée pour nous empêcher de quitter librement Christ ?
Moi, mon propos s’explique très simplement en 7 mots : Jésus  nous laisse libre de le quitter ! Cette croyance porte le nom technique de préservation conditionnelle des saints.   Crois-tu en cela ? Oui ou non ?

Cher ami, nous avons énormément de choses en commun !
Comme toi, je crois à la suffisance du sacrifice de Christ pour expier les péchés du monde entier.
Comme toi, je crois que tout homme peut venir consciemment à Christ , dans la repentance et la foi en ce sacrifice. Oui, sans être forcés…
Toi, tu parles de « grâce prévenante », comme l’a fait John Wesley.
Pas de problème (voir  La grâce prévenante, un concept biblique ?), même si, personnellement, je préfère employer les mots de la Bible :
– Jésus parle de l’action de  son Père et de la sienne pour attirer les cœurs de tous les hommes à lui. (Jean 6.44 et Jean 12.32.)
– On peut bien sûr aussi définir cela (comme toi, par ailleurs) par l’oeuvre du Saint-Esprit dans nos cœurs pour nous conduire à Christ et pour nous garder en lui. ( Hébreux 3.7) Nous sommes donc d’accord !

Mais… je t’avouerai que deux choses me gênent dans ce que tu affirmes là :
Tu parles de la liberté de venir à Christ, et celle de le quitter…

Non, je ne parlerai pas si fort de la liberté de venir à Christ :
Comme moi, tu sais que nos cœurs pécheurs n’auraient jamais choisi Christ, car en fait, notre nature pécheresse nous a déjà poussés dès l’origine à ne pas nous placer sous son autorité (car c’est de cela qu’il s’agit !)
Nous sommes déjà aimantés par la voie du péché !
Et, comme moi, tu ne crois pas que l’œuvre de la grâce prévenante consisterait à annuler cette aimantation du mal. et à restaurer en nous un libre-arbitre absolu. Ce serait un retour à l’état d’innocence d’Adam avant la chute,  ce qui n’est confirmé ni par les Écritures ni par l’expérience.

Non, pour vaincre l’attrait du péché dans nos cœurs, il a fallu « l’aimantation »  bien plus forte du Saint-Esprit en nous pour nous communiquer :
– la conviction de péché,
– celle de l’excellence de l’œuvre de Christ en notre faveur
– celle de la Seigneurie de Christ, et des droits absolus de Dieu sur nos vies.

Tout cela ne va pas sans luttes intérieures, comme pour Jacob face à Dieu, des luttes entre les deux « aimantations ».
Non pas que celle du Seigneur ne soit pas infiniment plus puissante que celle du Moi, du péché et du diable.
Mais, également comme pour Jacob, Dieu a décidé souverainement de nous octroyer la possibilité de refuser cette grâce ! (cf. Actes 7.51)
Mais…, y a-t-il lieu d’appeler une telle folie de résistance… une liberté ?? Les Écritures ne le font jamais !

Et que dire de la liberté de quitter Christ ?
Les mêmes raisons me font être très réticent pour employer ce beau mot de liberté pour la triste situation de celui qui, après avoir goûté que le Seigneur est bon, a décidé de lui tourner le dos et de bafouer le sang de Christ, par lequel il a été racheté.

Je ne reviendrai pas sur l’identité de ceux qui font ce choix lamentable. (voir Hébreux 6.4 à 8 enseigne-t-il la perte du salut ?).
Voilà ce qui me chiffonne : N’envisages-tu pas ici autant le choix de s’attacher à Jésus-Christ que celui de le quitter, comme l’exercice d’une liberté ? Un peu comme on choisirait une voiture et plus tard on la revendrait, sans qu’elle n’ait impacté notre vie ?

Mais, cher frère, le salut n’est-il pas tout autre chose ? Les Écritures nous montrent qu’il est l’irruption de Dieu dans nos vies, vie éternelle jaillissante de la croix, par une nouvelle naissance, qui nous transforme fondamentalement : elle fait de nous des enfants de Dieu, elle nous régénère, lave nos cœurs, renouvelle nos pensées, et fait retourner à Dieu cet immense amour qui l’a porté à la croix pour nous, dans un lien perpétuel de reconnaissance, de foi et d’obéissance, entamant une croissance continuelle dans la grâce !
Là où ce n’est pas le cas, on peut s’interroger : a-t-on déjà vu un nouveau-né normalement constitué ne pas se développer, pire, cesser d’être… né ?

Or, l’Esprit que le Père fait habiter dans nos cœurs (Galates 4.6) est bien plus fort que les liens qui m’unissent à mes enfants : jamais nos enfants ne cesseront d’être nos enfants, jamais, même s’ils se détournaient de nous ! Et Dieu serait moins aimant, mettant la filiation des enfants de Dieu dans leurs mains pécheresses, au gré des décisions folles qu’ils pourraient prendre dans leur cheminement ??

Non, les Écritures nous montrent clairement que Dieu va à la recherche de ses fils égarés jusqu’à ce qu’il les retrouve.
A ce sujet,as-tu déjà remarqué que les 3 paraboles de Luc 15 parlent toutes les 3 de… retrouvailles, et non de la trouvaille d’une nouvelle pièce, de l’acquisition d’un nouveau mouton ou de l’adoption d’un nouveau fils ?
Et le bon Berger (comme aussi la femme),  cherche, cherche… jusqu’à ce qu’il ait trouvé !! Ce n’est pas une sécurité, cela ? (Voir aussi Notes 1 et 2)

Oui, on peut quitter momentanément le Seigneur, même si cette démarche est aussi anormale et peu naturelle que la rupture entre un fils et son père !
Mais alors, prenons au sérieux l’action sûre du Père qui sait discipliner ses enfants et les ramener à lui.
Hébreux 12 : 7  Supportez la correction: c’est comme des fils que Dieu vous traite. Queest le fils qu’un père ne corrige pas?

Mais le statut d’enfant de Dieu (de ceux qui le sont réellement !) ne sera jamais remis en question, jamais ! Sinon, que voudraient dire des versets comme :  Jérémie 31.3;  Esaïe 54.8; Hébreux 5.9 ?

Pour conclure, je crois en la sécurité éternelle des rachetés. Mais, ce n’est pas du tout une question d’être des élus, mais celle d’être les fils et les filles, nés d’en-haut à une vie impérissable par le Saint-Esprit !!
C’est donc non une question philosophique de liberté et de libre-arbitre, (ou, au contraire, de prédestination et de déterminisme), mais une question sotériologique de la nature même du salut !

La Parole de Dieu est vivante et… actuelle ! Ce matin même, j’ai lu ces paroles oh combien éclairantes :

Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous protégera du mal. /
Que le Seigneur dirige votre cœur vers l’amour de Dieu et vers la patience de Christ!     
2 Thessaloniciens 3.3 et 5

Que c’est stimulant !
Ma vie, mon salut, mon cheminement… ne dépendent donc pas :
– d’une prédétermination préalable rigide de Dieu, nullement conforme au caractère de Dieu,
– ni de l’indétermination de ma pauvre volonté si fluctuante et marquée par le péché, nullement rendue à l’état d’innocence par la grâce prévenante…
Non, je peux confier mon existence (et mon salut) à la fidélité du Seigneur, qui achève toujours l’oeuvre qu’il a commencée dans nos cœurs. Eh oui, d’après ce texte, il les dirige (donc les influence) si nous le lui permettons, et cela ne nous prive nullement de notre liberté.
Bien au contraire, Dieu nous rend réellement libres, puisqu’il dirige nos cœurs vers le meilleur, vers l’amour et la patience de Christ !  C’est lui qui fait tout, mais jamais sans notre accord, et toujours dans le sens de notre communion avec lui !

Excusez, j’étais un peu long. Mais… pour une fois que je peux répondre à quelqu’un du courant de pensée arminien ! 😊

PS : J’ajoute en post-scriptum un extrait de ta réaction, cher frère. Tu dis que tu n’es pas d’accord avec moi. Mais tu conclus :

Tout comme le Saint-Esprit insistera envers une personne pour qu’elle se convertisse, il insistera de la même manière pour qu’elle ne commette pas l’apostasie.

Eh ben, amen, frère, amen !!

N o t e s  :
1. Ceci n’invalide pas la compréhension classique de ces paraboles.  En effet, il nous est parlé de la joie d’un pécheur qui se repent !
2. Certains font remarquer qu’une pièce de monnaie et un mouton ne peuvent pas se repentir, donc le pécheur serait d’abord trouvé par Dieu, qui lui donnerait la repentance en conséquence. Mais la pièce de monnaie et la brebis ne peuvent pas non plus se repentir après avoir été retrouvés. Je dirais que c’est tout simplement la limite de l’image.
3. Je reprends l’article pour ajouter le lien vers un article tout neuf de mon ami Richard Doulière, qui va dans le même sens : Aucun ? Richard Doulière