Le petit Robert définit ainsi la prescience : « Connaissance infaillible que Dieu a de l’avenir de l’humanité dans son ensemble et ses moindres détails. Faculté ou action de prévoir des événements à venir. »
Toutefois, compte tenu d’une certaine confusion qui entoure ses implications, il sera utile d’examiner comment nous, êtres humains, considérons la prescience.
Nous savons d’avance qu’avec l’arrivée de l’automne, de nombreux arbres perdront leurs feuilles. Nous savons également d’avance que vers l’âge de sept ou huit ans, nos enfants perdront leurs dents de lait qui seront remplacées par des dents définitives. Cette prescience nous rend-elle responsables de ces événements ? Évidemment pas ! Nous savons d’avance que si nous laissons tomber un œuf sur le sol carrelé, il se cassera ; nous évitons donc de le faire. En fait, nous savons d’avance un grand nombre de choses et nous en tenons compte dans notre façon d’agir ; nous faisons parfois même des plans de remplacement. Dieu aussi peut choisir d’élaborer des plans pour parer à toute éventualité.
Certains chrétiens pensent que Dieu ne peut connaître les événements futurs que s’il en est la cause ; c’est un faux raisonnement.
Dans Actes 2.23, il est parlé du « dessein arrêté » et de « la prescience » de Dieu. La prescience est manifestement un concept différent du dessein arrêté. Ce dernier correspond à une autre façon de définir des actions qui résultent de la pleine connaissance des faits et d’une complète perception des objectifs. Or Dieu possède une prescience de nombreuses choses, comme des actes coupables, des choses qu’en aucun cas il ne désire ni ne programme.
En abordant le thème de la prescience, à propos des choses connues d’avance, quel réconfort pour nous, chrétiens, de savoir que ceux qui aiment et servent Dieu sont déjà pleinement acceptés dans le Fils bien-aimé !
C’est un fait qu’en dépit de nos nombreuses imperfections dont le Seigneur avait une claire prescience bien avant la chute d’Adam et Ève, il a établi notre noble vocation de fils d’adoption dans sa famille grâce à l’œuvre de Jésus-Christ.
Créés à son image, nous avons une connaissance partielle et restreinte d’événements futurs, contrairement à Dieu qui la possède dans un sens complet et illimité. Parce qu’il est capable de tout connaître d’avance, il peut faire coopérer toutes choses à notre bien suprême, sans que nous ayons besoin de savoir comment il s’y prend.
Nos capacités très limitées quant aux projets futurs nous empêchent de bien comprendre comment Dieu agit pour faire concourir toutes choses à notre bien suprême dans une société saturée de transgressions, au cœur même de la rébellion humaine et du péché.
Nous sommes prisonniers de l’espace et du temps, et nous essayons de plonger nos regards dans un domaine qui transcende notre intelligence limitée, alors que Dieu, lui, n’est soumis à aucune de ces limitations. Comme nous ne pouvons nous livrer qu’à des spéculations sur ce que peut être pour Dieu l’existence hors des restrictions temporelles, il vaut mieux lui abandonner ces choses et vivre avec l’assurance qu’il n’a certainement pas voulu ni planifié tout ce qui se passe sur notre terre malade du péché.
Des gens sont troublés par ce verset d’Ésaïe où Dieu déclare que si l’homme persiste à s’opposer à son plan, il commande au malheur de le frapper :
« Je forme la lumière, et je crée les ténèbres, je donne la prospérité, et Je crée l’adversité ; moi, l’Éternel, Je fais toutes ces choses » (Es 45.7).
Nous devons clairement différencier ce que Dieu veut et ce qu’Il permet. Notre Seigneur souverain permet que Satan, le dieu usurpateur de ce siècle présent, soit une source de mal insondable.
« Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Co 4.3-4).
Par ailleurs, la méchanceté du cœur de l’homme non régénéré l’amène souvent à vouloir vivre en dehors de la volonté et du plan de Dieu pour lui. Dieu demande ostensiblement :
« Ce que Je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l’Éternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive ? » (Ez 18.23).
Dieu est avide d’amener tout homme à la repentance, mais en aucun cas il ne force qui que ce soit à se repentir et à changer de direction.
Le « dessein arrêté » de Dieu, c’est-à-dire ses décisions parfaitement sages qui prennent en compte tous les faits, est une réalité que nous ne pouvons saisir que de façon très limitée. Comme le dit Proverbes 19.21 :
« Il y a dans le cœur de l’homme beaucoup de projets, mais c’est le dessein de l’Éternel qui s’accomplit. »
Dans le verset suivant, la prescience et la prédestination sont deux éléments séparés et distincts, bien qu’ils concourent à notre bien :
« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né de plusieurs frères » (Ro 8.29).
Ce verset déclare que Dieu a connu d’avance (prescience) les rachetés comme groupe, mais il n’est pas nécessaire de penser à des individus spécifiquement choisis, mais plutôt aux multitudes qui décideraient de l’accueillir, puisque ce sont eux qui sont destinés à devenir semblables au Seigneur Jésus. Il n’est pas étonnant que la prescience et la prédestination divines soient associées lorsque Pierre évoque la mort de Jésus sur la croix : « … livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu… » (Ac 2.23). Prédéterminer un fait est autre chose que simplement le savoir d’avance, car c’est programmer et accomplir quelque chose arrêtée d’avance.
Comme nous l’avons dit, avec notre intelligence finie, il nous est difficile de commencer à entrevoir la nature de la connaissance infinie de Dieu, un savoir complet et qui inclut tout. En pensant à l’immensité de la population du globe, comment comprendre que Dieu puisse voir dans le cœur de chaque individu et connaître les secrets de chacun ?
Nous devons nous affranchir de la pensée déterministe qui a si longtemps assombri l’horizon de l’Église, et reconnaître que notre Dieu a des émotions et des sentiments ; qu’il se réjouit quand nous faisons de bons choix et qu’Il réagit à la fois avec amour et colère aux attitudes, décisions et situations humaines.
Nous pouvons affliger le Seigneur :
« L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur » (Ge 6.6).
Nous pouvons aussi Le rendre joyeux :
« Comme un jeune homme s’unit à une vierge, Ainsi tes fils s’uniront à toi; et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu » (Es 62.5).
Disons en passant que Dieu décide d’oublier les péchés confessés et abandonnés :
« Parce que Je pardonnerai leurs iniquités, et que je ne me souviendrai plus de leurs péchés » (Hé 8.12).
Il ne s’en souvient plus ! De la même manière, s’il le voulait, il pourrait cacher à son propre regard certains événements futurs. Mais rien de ce qu’il décide de voir ne peut être caché à son regard ; l’avertissement de 1Chroniques 28.9 souligne la futilité de penser autrement :
« Et toi, Salomon, mon fils, reconnais le Dieu de ton père, et sers-le d’un cœur sans partage et d’une âme bien disposée, car l’Éternel sonde tous les cœurs et discerne toute intention. Si tu le recherches, il se laissera trouver par toi ; mais si tu l’abandonnes, il te rejettera à jamais. »
Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message ici : https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g