Tout être humain est-il capable de se repentir ?

par Dudley WARD

Il est temps de nous poser la question : Notre Seigneur souverain a-t-il créé des automates, des marionnettes dont il tire constamment les ficelles ?

Ou a-t-il créé des gens dotés de la faculté de choisir en toute liberté de suivre ses exhortations à le chercher et à le servir ?
A-t-il  préservé en eux cette capacité essentielle après la chute  ?

Nous devons établir si oui ou non, les gens sont réellement libres de répondre à l’invitation de chercher le Seigneur; de s’abandonner à sa grâce et, par la foi, devenir membres de la famille de Dieu (voir Éphésiens 2.19).

N’avons-nous pas un ordre clair adressé à tous les hommes ?

La Bible contient d’innombrables exemples limpides d’invitations adressées à tous les êtres humains à se tourner vers Dieu. Il est écrit en Actes 17.30 :

« Dieu… annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir. »

Le commandement de se repentir dans ce texte des Actes est-il sincère ou s’inscrit-il dans une sorte de double langage divin ? En disant « tous les hommes » en Actes 17.30, Dieu veut-il nous faire comprendre « toutes catégories d’hommes » ? Paul parle de différentes sortes de langues en  1Corinthiens 12.10 ; en 2 Corinthiens 14.10 il fait de nouveau référence à toutes sortes de langues ou de voix dans le monde.
Si Dieu avait vraiment voulu dire « toutes sortes » d’hommes, pourquoi le Saint-Esprit n’a-t-il pas inspiré l’auteur pour le dire clairement en Actes 17.30, cité plus haut ? Nous pouvons donc valablement conclure que telle n’était pas l’intention divine, et que :

L’ordre de se repentir s’adresse à tous les êtres humains en tous lieux sans exception.

Voici comment le Petit Robert définit « le repentir », terme plus moderne que « repentance » : « Vif regret d’une faute, accompagné d’un désir d’expiation, de réparation. » Dans le langage religieux, s’y ajoute le désir de changer sa façon de faire. Il s’agit d’un ordre sincère qui donne à réfléchir. Une personne pourrait-elle valablement être condamnée pour ne pas s’être repentie et n’avoir pas cru, si elle n’avait aucun moyen de le faire ?

Si, en principe, Dieu rend sa grâce et sa compassion accessibles à tous, cette grâce communique à chaque individu la capacité de se repentir et de croire aux commandements de Dieu.

« Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous » (Ro 11.32).
Dieu tient-il un double langage ? À Dieu ne plaise ! Il s’agit d’une déclaration sincère et absolument fiable. Avec une tendre indulgence et à cause de Jésus-Christ, Dieu le Père a toujours été disposé à ne pas tenir compte du péché d’ignorance. Répétons-le :
« Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir » (Ac 17.30 italiques rajoutés).

Si nous ne sommes pas tous libres de nous repentir, parce que certains d’entre nous en seraient exclus par décret divin, alors ce commandement n’aurait aucun sens.
C’est comme si un gardien de prison invitait un groupe de détenus enchaînés à venir prendre leur nourriture, mais détacherait les liens de certains d’entre eux pour leur permettre de manger et laisserait les autres enchaînés, les  privant ainsi de pouvoir venir.
Il vaut la peine de noter que lors de la première Pâque, en « passant par dessus », Dieu épargna du jugement et de la condamnation ceux qui avaient décidé de lui obéir en aspergeant les montants et le linteau de la porte de leur demeure avec le sang de l’agneau (Exode 12.23).

Il n’existe donc personne sur terre qui ne soit pas concernée par l’appel à se repentir. Or, comme Dieu rend sa compassion et sa grâce accessibles à tous, cette grâce, si elle est acceptée, rend n’importe qui capable de se repentir et de croire en réponse aux commandements de Dieu, sauf ceux qui s’endurcissent volontairement. Chaque être humain doit cependant répondre librement à cette offre de grâce, tout simplement parce que, comme nous l’avons dit, Dieu a souverainement décidé de lui conserver une liberté de choix authentique et autonome.

En Marc 16.15, Jésus ordonne de prêcher la Bonne Nouvelle à toute créature. Quel est cet Évangile, quelle est cette Bonne Nouvelle, sinon le fait que Christ est mort pour les péchés du monde entier, et non seulement pour les péchés de quelques élus ? Ceux d’entre nous qui jouiront un jour des délices du ciel, le pourront parce que, grâce à l’aide de Dieu, ils auront répondu librement et positivement au message du salut, et non parce qu’ils auraient été destinés à être de toute éternité les objets élus d’un choix divin arbitraire.

La dépravation totale ?

Comme le luthéranisme, le calvinisme voit en Esaïe 6.9-10 la preuve que le cœur humain non régénéré ne désire même pas chercher Dieu.
Que dit exactement le texte :

« Il dit alors : Va, et dis à ce peuple : Vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, ne comprenne point de son cœur, ne se convertisse point et ne soit point guéri. »

 Si la dépravation totale, telle que l’enseigne la théologie TULIP, était le reflet réel de la condition de l’homme déchu, Dieu n’aurait pas eu besoin de confier au prophète le message de rendre le cœur du peuple insensible, d’endurcir son cœur et de boucher ses oreilles. D’après TULIP, le peuple était déjà dans cette situation !

C’était des Israélites qui avaient déjà tellement endurci leurs cœurs par le rejet constant du message de Dieu qu’ils s’étaient eux-mêmes placés hors de toute possibilité de conversion et de guérison. Jésus dit la même chose à propos de ceux qui se sont détournés de son message de réconciliation.

Nous sommes devant la même situation en Genèse 6.5 :
« L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. »
Si la théologie résumée dans TULIP est correcte, qu’est-ce que Dieu pouvait attendre d’autre de la part de l’homme ? Cette condition est en flagrante opposition à celle qui existait précédemment et explique pourquoi Dieu fit venir le déluge à ce moment-là pour détruire l’humanité. Si la population terrestre avait été complètement et continuellement corrompue avant, Dieu n’aurait-il pas envoyé le déluge plus tôt puisque, dans sa sainteté et sa justice, Il ne permet pas au mal de dépasser les limites qu’il a fixées ?
En considérant l’Écriture tout entière, et non seulement quelques passages choisis, faisons preuve de jugement sain et de passion pour la vérité, en manifestant l’amour de Christ lorsque nous cherchons à le glorifier et à sonder les Écritures pour découvrir ce qu’elles enseignent vraiment.

Pire, comment comprendre et interpréter l’Ancien Testament, si nous méprisons la vérité que le peuple de Dieu est libre d’obéir ou de désobéir, et de suivre d’autres dieux, alors que Dieu ne cesse de le courtiser pour qu’il revienne à lui ?
« La jeune fille oublie-t-elle ses ornements, la fiancée sa ceinture ? Et mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre » (Jé 2.32).
La relation de Dieu avec son peuple comporte toujours des conditions, comme le montre clairement le passage suivant :

« Mais voici l’ordre que Je leur ai donné : Écoutez Ma voix, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ; marchez dans toutes les voies que je vous prescris, afin que vous soyez heureux.
Et ils n’ont point écouté, ils n’ont point prêté l’oreille ; ils ont suivi les conseils, les penchants de leur mauvais cœur, ils ont été en arrière et non en avant» (Jé 7.23-24).

Est-il concevable que Dieu ordonne aux Israélites de revenir et de marcher dans ses voies s’ils sont incapables de le faire ? (Cf. également Ésaïe 1.16-20 et Malachie 3.7).

Si notre Dieu souverain a déjà fixé notre destinée individuelle par quelque décret éternel et immuable, l’invitation générale à la repentance serait une sorte de pitoyable hypocrisie. Loin de nous cette pensée ! Pouvez-vous imaginer un Dieu d’amour capable d’une telle chose ? Certainement pas ! Prêtons attention à ses avertissements et décidons de lui obéir.
«Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte » (Hé 3.15).
Le Seigneur Jésus-Christ est avide de nous aider à nous repentir, et il augmentera notre capacité de le faire si nous le lui demandons.

Nous avons mentionné dans l’Introduction que le plus souvent Jean Calvin traitait avec mépris tout ceux qui n’étaient pas d’accord avec ses opinions. Pourquoi ce manque de douceur en lui ? En contraste total, Paul explique dans 2 Timothée 2.25 qu’un serviteur de Dieu doit parler avec douceur à ceux qui s’opposent à son enseignement :
« Il doit redresser avec douceur les contradicteurs, dans l’espoir que Dieu leur donnera la repentance, pour arriver à la connaissance de la vérité. »

La repentance implique un changement du cœur et de l’intelligence.
Une disposition nouvelle et différente du cœur entraîne une nouvelle façon de penser qui, à son tour, conduit à des changements importants du comportement. Le passage suivant donne la clé d’une meilleure compréhension de la repentance :

« S’ils rentrent en eux-mêmes dans le pays où ils seront captifs, s’ils reviennent à toi et t’adressent des supplications dans le pays de ceux qui les ont emmenés, et qu’ils disent, nous avons péché, nous avons commis des iniquités, nous avons fait le mal ! S’ils reviennent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme. . . » (1 R 8.47-48). 

Ésaïe s’écrie de la part de Dieu :
« Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre »
(Es 45.22, italiques ajoutés).
Comment Ésaïe aurait-il pu comprendre cette invitation s’il y avait eu dans chaque coin du monde des individus ayant l’incapacité innée de se tourner vers Dieu ? Comment Dieu pourrait-il inviter tous les habitants de la terre à venir à lui pour être sauvés si l’offre de salut n’était ni sincère ni accessible ?  Qu’est-ce que l’apôtre Jean voulait dire dans Jean 1.9 :
« Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » ?
Pourquoi « tout homme » ? Ne devrait-il écrire plutôt « les élus » ?

L’Ancien Testament ne contient pas le moindre indice que Dieu prive arbitrairement certaines personnes de sa grâce pour pouvoir se détourner de leurs mauvaises voies et le suivre. Mais il est certain que Dieu peut priver de grâce des âmes qui persistent dans la rébellion. L’histoire tragique d’Ésaü sert d’avertissement pour tous ceux qui se détournent volontairement de Dieu (cf. Hé 12.17). Il faut recevoir la vérité telle qu’elle est, et ne pas la minimiser, la limiter ou tenter de donner des explications déplacées des merveilleuses invitations de Dieu.

Malgré les déclarations claires de l’Écriture, un théologien calviniste contemporain explique le libre arbitre de la façon suivante :

« Pour être moralement responsable, l’être humain doit seulement avoir la capacité de choisir, pas la liberté du choix contraire…
Les êtres humains choisissent volontairement de faire ce qu’ils font.
Le fait que Dieu ait prédestiné les choix humains et que ses décrets rendent les actions humaines certaines ne va donc pas à l’encontre du choix humain. » ¹

J’espère que vous avez compris ! Moi, pas ! Un autre auteur calviniste bien connu affirme : « Dieu contrôle tellement les pensées et la volonté des hommes qu’ils sont libres et désireux de faire ce qu’il a prévu qu’ils fassent. » ²

Voyez-vous ma difficulté à comprendre le sens et l’utilité des citations ci-dessus ?

Dans Ésaïe 55.7, nous remarquons que l’appel à renoncer aux mauvaises voies et à se tourner vers le Seigneur s’adresse au méchant. Il va donc de soi qu’il a la capacité de le faire.

Notons également que l’abandon des mauvaises voies et le retour à Dieu précèdent la grâce de Dieu, et non l’inverse, comme la plupart des calvinistes voudraient nous le faire croire :

« Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. »

Le libre arbitre et la responsabilité de l’homme selon la Bible

L’opinion de la plupart des Pères de l’Église des trois premiers siècles était certainement très différente de celle de Calvin  quant à ce qu’Adam perdit à cause de la chute. Chrysostome  (vers 347-407) a  déclaré que  Dieu,  ayant  placé  le  bien  et  le  mal en nous, a donné la pleine liberté de choix.
Un peu plus tôt, Origène (vers 185-254) maintenait que le libre arbitre faisait partie de nos facultés rationnelles naturelles de discerner le bien du mal. La Bible enseigne de façon décisive et soutenue que l’être humain  possède la liberté de choisir.

Le verset suivant le montre on ne peut  plus clairement :
« Vois, je mets aujourd’hui devant vous la bénédiction et la malédiction :
la bénédiction, si vous obéissez aux commandements de l’Éternel, votre Dieu, que je vous prescris en ce jour ; la malédiction, si vous n’obéissez pas aux commandements de l’Éternel, votre Dieu, et si vous vous détournez de la voie que je vous prescris en ce jour, pour aller après d’autres dieux que vous ne connaissez point » (De 11.26-28).

Je recommande vivement la lecture du trentième chapitre de Deutéronome. Selon le verset 9, lorsque les hommes choisissent de lui obéir, Dieu prend plaisir à leur bonheur :
« L’Éternel, ton Dieu, te comblera de biens en faisant  prospérer tout le travail de tes mains, le fruit de tes entrailles, le fruit de tes troupeaux et le fruit de ton sol; car l’Éternel prendra de nouveau plaisir à ton bonheur, comme Il prenait plaisir à celui de tes pères, lorsque tu obéiras à la voix de l’Éternel, ton Dieu, en observant ses comvvmandements et ses ordres écrits dans ce livre de la loi, lorsque tu reviendras à l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme » (De 30.9-10).

L’Ancien Testament  nous invite régulièrement :
« Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité. » (Dt 30.19)
«  Choisissez d’aimer l’Éternel votre Dieu, de Lui obéir et de lui rester attachés, car c’est Lui qui vous fait vivre et qui pourra vous accorder de passer de nombreux jours dans le pays que l’Éternel a promis par serment de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob » (Dt 30.20 SEM).

Dans Actes 5.31, Pierre dit à propos de Jésus :
« Dieu l’a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés. »
La repentance et le pardon ont été offerts à tous, et non à quelques-uns seulement, mais tous n’ont pas accepté ce merveilleux cadeau.
Il serait difficilement cohérent avec la nature révélée de Dieu, et même illogique, de penser que Dieu puisse affirmer ne pas vouloir qu’aucun périsse (voir 2 Pierre 3.9) et en même temps choisir de façon arbitraire juste quelques-uns qui soient en mesure de se repentir.

Comment un seul pécheur qui serait créé avec l’incapacité innée de recevoir le don divin de la vie éternelle pourrait-il subir les peines éternelles pour avoir négligé de se repentir ?

 La citation précédente du livre des Actes à propos du don de la repentance à Israël montre que Pierre se démarque de Calvin sur un autre point. Rappelons-nous que pour le réformateur genevois, le don de la régénération doit venir en premier avant que qui que ce soit puisse se repentir ou goûter au plein pardon.
Si Calvin avait raison, au lieu de mentionner d’abord la repentance et le pardon des péchés, Pierre n’aurait-il pas dit dans ce passage que Dieu accorde d’abord la régénération, permettant à l’individu de passer par la repentance et d’obtenir le pardon ? Malheureusement pour les calvinistes, ce n’est pas ce que Paul affirme.

La répétition peut paraître fastidieuse, mais le sujet de l’universalité du message de l’Évangile mérite cette insistance. Dans le verset suivant, le mot clé est « quiconque » :
« Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en Lui reçoit par Son nom le pardon des péchés » (Ac 10.43).
Marc 16.15 aussi confirme clairement que toute personne est capable d’accepter l’Évangile :
« Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. »
Nulle part dans ce passage Jésus ne parle de toutes sortes de gens ! Il ajoute : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16.16).
Rajoutons que Jésus avait promis d’envoyer le Saint-Esprit pour convaincre le monde de péché (Jn 16.8). Pourquoi Jésus enverrait-il le Saint-Esprit pour convaincre le monde de péché si en réalité tout être humain non choisi à l’avance par lui serait totalement incapable de désirer autre chose que de continuer dans la voie de la désobéissance, sans le moyen de se soustraire aux griffes du péché ? Remarquons que le texte de Marc 16.16 tient l’homme responsable de son incrédulité ; c’est lui qui doit choisir de croire.

Dans Jean 16, le contexte est le monde. Dans le même souffle, Jésus parle du « prince de ce monde » et du ministère de l’Esprit qui est de convaincre « le monde ». Faut-il conférer deux sens différents au même mot grec traduit par « monde » qui figure dans les deux propositions ?

Jésus ne prétend pas que les hommes ne peuvent pas venir à lui, mais Il affirme qu’ils ne le veulent pas :

« Et vous ne voulez pas venir à Moi pour avoir la vie ! » (Jn 5.40).
S’ils ne viennent pas, c’est parce qu’ils ont librement décidé de ne pas venir. Ils auraient pu venir s’ils l’avaient voulu, sauf s’ils avaient endurci leur cœur à force de résister à la voix du Seigneur, comme cela est écrit en Hébreux 3.15, tiré du Psaume 95.7-8 :
« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte. »
Ce n’est certainement pas Dieu qui les a mal disposés. Voyez-vous la moindre raison pour laquelle Dieu, qui est « Amour » déciderait de les laisser dans un état de refus par décret divin ? Notre Père céleste est infiniment plus compatissant et généreux que les meilleures autorités terrestres, bien plus que tous peuvent l’imaginer.
« Car il est bon pour les ingrats et pour les méchants. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Lu 6.35-36).

William MacDonald livre un commentaire très utile sur Matthieu 13.11-12 :
« Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. »  MacDonald écrit :

« Les disciples avaient foi dans le Seigneur Jésus ; c’est pourquoi il leur sera donné une capacité supplémentaire… À l’opposé, les Juifs avaient rejeté la lumière du monde ; c’est pourquoi ils furent non seulement privés de clarté supplémentaire, mais ils perdraient même le reste de lumière qu’ils possédaient. Rejeter la lumière, c’est la nier… Le Seigneur donne un principe qui régit toute la vie : l’aveuglement volontaire est suivi d’un aveuglement judiciaire… Ils ne faisaient pas d’efforts  pour comprendre le prodige de l’incarnation. » 3

J’aimerais rappeler ici à quel point notre Dieu est généreux et compatissant :
Notre Père céleste est infiniment plus compatissant et généreux que  n’importe quelle autorité terrestre. Il offre Son pardon à quiconque est prêt à le recevoir.
Lorsque le prêtre de Jupiter (Zeus) voulut sacrifier des bœufs à Paul et Barnabas, voici comment Paul l’interpella, ainsi que la foule :

« O hommes, pourquoi agissez-vous de la sorte ? Nous aussi, nous sommes des hommes de la même nature que vous ; et, vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à  renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve » (Ac 14.15).

S’agit-il là de paroles d’un homme qui croyait que les êtres humains ne pouvaient rien faire pour renoncer à l’idolâtrie ? Si c’était le cas, Paul n’aurait-il pas tenu le langage suivant : « O hommes, nous savons que vous êtes irrémédiablement perdus et incapables même de vous tourner vers le Dieu vivant ; c’est pourquoi nous allons prier en espérant que notre Père céleste aura accordé à certains d’entre vous la capacité de se tourner vers lmui » ? Or il n’a pas du tout agi ainsi ! D’ailleurs quels auraient bien pu être l’intérêt et la valeur d’une telle prière imaginaire si les intéressés étaient de toute façon prédestinés à l’enfer ? Aucune supplication,  aussi  ardente et  fervente fût-elle,  n’aurait pu inciter Dieu à changer quoi que ce soit.
Si Paul n’avait cru possible que ces  païens abandonnent leur  idolâtrie, il n’aurait certainement pas cru non plus que ses prières puissent changer le moins du monde leur  prédestination  à la  damnation ou au  salut.

À  la  question du geôlier de Philippes : « Seigneur, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? », Paul a répondu : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Ac 16.30, 31).

Nous constatons là encore que la foi précède le salut ;
celui-ci résulte de la foi, et n’en est pas la cause.

Sachons encore qu’une personne peut être instruite concernant la vie juste, et s’en détourner malgré tout ; cela va à l’encontre de l’idée qu’il y aurait une distinction claire et éternelle, selon les calvinistes, entre ceux qui sont «choisis » et ceux qui ne le sont pas. Nous le voyons dans 2 Pierre 2.21 :
«Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de l’avoir connue et de se détourner du saint commandement qui leur avait été donné. »
Dans la citation suivante, la séquence des choses est évidente, sans la moindre indication d’une « grâce prévenante » accordée ou retenue de la part de Dieu
« Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie et recherche ma face, s’il revient de ses mauvaises voies, moi, je l’écouterai des cieux,
je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays » (2 Ch 7.14).
L’appel est adressé à des Israélites désobéissants qui doivent se décider de s’humilier, de prier, de chercher la face de Dieu, de se détourner du mal avant que Dieu n’écoute, ne pardonne et n’intervienne.

Nous pouvons ajouter ces déclarations claires concernant notre part et celle de Dieu dans la délivrance :
« Dis-leur: Je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que Je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est  qu’il  change de  conduite  et  qu’il vive.  Revenez,  revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? » (Ez 33.11).

Comment insérer le passage suivant relatif à la sagesse dans le système de Calvin ?
« Puisque j’appelle et que vous résistez, puisque j’étends ma main et que personne n’y prend garde, puisque vous rejetez tous mes conseils, et que vous n’aimez pas mes réprimandes, moi aussi, je rirai quand vous serez dans le malheur, je me moquerai quand la terreur vous saisira, quand la terreur vous saisira comme une tempête, et que le malheur vous enveloppera comme un tourbillon, quand la détresse et l’angoisse fondront sur vous. Alors ils m’appelleront, et je ne répondrai pas ; ils me chercheront, et ils ne me trouveront pas. Parce qu’ils ont haï la science, et qu’ils n’ont pas choisi la crainte de l’Éternel » (Pr 1.24-29).

Comment de telles personnes, qui ont méprisé le conseil de l’Éternel et refusé de l’écouter, pourraient-elles décider ensuite de Le chercher avec zèle si elles sont totalement dépravées comme l’affirme TULIP ?
Cette recherche serait impossible.
Inversement, si Dieu incitait leur cœur à le chercher, il aurait tout fait pour que ces personnes le trouvent.
Disons-le franchement, c’est un autre passage qui ne cadre pas dans le système TULIP. Dieu nous appelle tous à le chercher.

Alors comment comprendre Romains 3.11 :
« Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis » ? C’est une citation des Psaumes 14.2 et 53.3. Dans le premier passage il est écrit : « L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu.» Bien que ce verset s’appliquait principalement à Israël, pourquoi l’Éternel se soucierait-il de regarder du haut des cieux, si toute l’humanité était «totalement dépravée », ne voulant pas chercher Dieu et incapable de le faire ? À quoi bon ? J’en appelle à plus d’équilibre dans l’interprétation et l’application que Paul fait de sa citation des Psaumes 14 et 53.

Il existe de nombreuses références exhortant l’homme à chercher Dieu. Dans la citation précédente de Romains 3.11, Paul souligne simplement le fait suivant : puisque nous sommes tous souillés et affectés par le péché, pas nécessairement dans la même mesure, personne ne cherche Dieu de façon désintéressée, tout le temps, de tout son cœur, en toute humilité et avec foi.

C’est vrai, sans Dieu, nous ne pouvons rien faire !

Les paroles de Jésus dans Matthieu 7.13-14 suffisent à prouver de façon convaincante que chacun est libre de choisir la voie de la repentance qui mène à la vie. Jésus encourage les gens à entrer « par la porte étroite ». Pourquoi exhorte-t-il les gens à entrer « par la porte étroite », si chaque individu qui décide de passer a déjà été déterminé d’avance par Dieu ?

Après avoir insisté sur la responsabilité de chacun sur la terre de choisir la voie de la repentance, il est utile de remettre les choses dans leur juste perspective équilibrée, en nous rappelant que nous sommes à tous points de vue des créatures dépendantes.

Sans Dieu nous ne pouvons rien faire et nous n’avons pas la force en nous-mêmes, il est vrai, de donner suite à notre désir de cultiver une pleine communion avec lui. Mais pour réaliser ses desseins de grâce, Dieu a choisi de nous conserver perpétuellement notre authentique liberté humaine de choix, et de nous donner beaucoup de promesses quant à Son aide dans notre pèlerinage ici-bas.

Le vrai thème qui parcourt toute l’Écriture est admirablement résumé dans ce verset :
« Si tu Le cherches, Il se laissera trouver par toi » (1 Ch 28.9).
C’est tragique mais vrai que la réalité du royaume des cieux reste voilée pour tous ceux qui refusent de reconnaître leur propre besoin de repentance.

¹ Henry, Carl. God, Revelation, 84-85

² Boettner, Lorraine. Reformed Doctrine, 222

3 MacDonald, William.  Commentaire Biblique du Disciple,N.T., p. 88.

Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message  ici : https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck   et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g