Que signifie l’image du potier ?

Par une belle journée estivale, typique de la Provence, j’eus l’occasion de visiter l’atelier d’un potier.

À l’aide de ses pieds, il faisait tourner une roue dont il contrôlait la vitesse ; il avait ainsi ses deux mains libres pour donner la forme voulue à une masse d’argile. Une fois le vase terminé et verni, il le passait au four chauffé à une température précise. Le travail du potier n’est qu’une des illustrations que la Bible fournit des relations entre Dieu et ses enfants. Parmi les autres métaphores, signalons la relation du berger avec ses brebis (Jn 10.11), de l’époux avec son épouse (Jn 3.29), du père avec son fils (Lc 15.21), du maître avec ses serviteurs (Lc 12.46), d’amis entre eux (Jn 15.14), du roi avec ses sujets (Mt 18.23), du semeur avec la semence (Mt 13.3) et du cep avec les sarments (Jn 15.5).

Notre quête de la vérité nous invite à comparer les différents passages bibliques qui décrivent notre relation avec Dieu pour éviter toute mauvaise interprétation de leur sens.

« Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même pâte un vase destiné à l’honneur et un vase destiné au mépris ? » (Rom 9.21).
Appliquons ce principe de Paul à la règle générale, car cette illustration a été souvent utilisée à tort par ceux qui s’en servent pour appuyer les interprétations calvinistes. Les partisans du réformateur feraient croire que les humains ressemblent étroitement à des morceaux passifs d’argile, même si cette pensée n’est pas du tout présente dans l’esprit de l’apôtre.

En Romains 9.21, Paul parle du potier et de l’argile, une illustration inspirée principalement par le prophète Jérémie.

Là, il est manifeste que Dieu parle plutôt de ses relations avec des nations que de celles avec les individus.

« Ne puis-Je pas agir envers vous comme ce potier, maison d’Israël ? dit l’Éternel. Voici, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma main, maison d’Israël ! Soudain Je parle, sur une nation, sur un royaume, d’arracher, d’abattre et de détruire ; mais si cette nation, sur laquelle J’ai parlé, revient de sa méchanceté, Je me repens du mal que J’avais pensé lui faire » (Jr 18.6-8, italiques ajoutés).

Avez-vous remarqué l’absence de toute idée de prédétermination, d’inéluctabilité et d’immutabilité dans cette déclaration ? Il dit simplement que Dieu reviendra sur sa décision de détruire, ou réduira la sévérité du châtiment, s’il y a repentance.

Il est évident que le Seigneur change ses plans si la nation ou la personne se repent, comme il l’a fait pour la ville de Ninive, dans Jonas 3.10. Mais les pécheurs doivent cependant subir certaines des conséquences temporelles de leurs choix et des actions qui en découlent.

     En gardant cette image à l’esprit, le passage de Romains 9 n’introduit pas soudainement un nouveau concept et ne présente pas un décret immuable. Dieu décide d’utiliser l’argile pour faire des individus ou des nations des vases d’honneur ou de déshonneur, selon leur attitude à son égard.

De plus, le choix qui préside aux œuvres divines est entre un dessein noble ou un usage ordinaire, et non entre le salut et la damnation.

Là encore, la Parole traite de rôles et de fonctions. (Certes, Dieu peut faire miséricorde à qui il veut, et il le fait ; et lui seul sait si un cœur est endurci au-delà de toute rédemption possible.) Rappelons-nous que Dieu agit en étant mû par un amour parfait et non par quelque obligation que ce soit.

Comme pour toutes les autres métaphores, gardons-nous de trop faire parler celle-ci. Tout en considérant Dieu comme un potier, nous avons besoin de nous rappeler que les êtres humains ont des émotions, des aspirations et des désirs, et qu’ils sont donc très différents de l’argile inerte et dépourvue de toute volonté.

     En Romains 9, Paul s’est appuyé sur cette illustration pour mettre en relief la réaction souveraine de Dieu aux libres choix des individus et des nations. L’apôtre se sert de la même image dans son exhortation à Timothée : « Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns sont des vases d’honneur, et les autres sont d’un usage vil. Si donc quelqu’un se conserve pur, en s’abstenant de ces choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre » (2 Tim 2.20-21, italiques ajoutés). Il n’est pas question ici de fatalité, d’inéluctabilité ou de déterminisme divin. Refusons de lire dans un texte ce qui ne s’y trouve pas vraiment. Remarquons également que Romains 9.22-24 se présente sous la forme d’une question et non sous celle d’une affirmation :

« Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’Il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? Ainsi il nous a appelés, non seulement d’entre les juifs, mais encore d’entre les païens. »

C’est comme si je disais : « Et si je vous invitais à dîner demain soir ? »
Cela ne signifie pas que je vous ai déjà invité mais que j’envisage l’idée et que je n’ai pas encore précisé les faits sur lesquels dépendra mon invitation ferme. Comme ces versets de Romains 9 sont exprimés sous forme de question et non comme une affirmation, ils ne peuvent servir d’appui à une position doctrinale particulière. De toute façon, ils ne disent pas que c’est Dieu qui a préparé des vases de colère pour la destruction.
Il y a dans le livre de Jérémie, ainsi qu’ailleurs dans l’Écriture, d’autres exemples du désir de Dieu de revenir sur sa colère et de ne pas donner suite aux menaces prophétiques, sous réserve que Ses avertissements et Ses menaces opèrent un vrai changement de cœur parmi Son peuple.
Le passage suivant illustre clairement ce principe :

« Peut-être écouteront-ils, et reviendront-ils chacun de leur mauvaise voie ; alors Je me repentirai du mal que J’avais pensé leur faire à cause de la  méchanceté de leurs actions. . . Si vous ne m’écoutez pas quand Je vous ordonne de suivre, ma loi que J’ai mise devant vous, d’écouter les paroles de mes serviteurs, les prophètes, que Je vous envoie, que je vous ai envoyés dès le matin, et que vous n’avez pas écoutés, alors Je traiterai cette maison comme Silo, et  Je ferai de cette ville un objet de malédiction pour toutes les nations de la terre » (Jé 26.3-6, italiques ajoutés).

Même si de nombreux Juifs sont restés sous la colère de Dieu à cause de leur entêtement à lui résister, certains se repentirent (par exemple le jour de la Pentecôte) et devinrent des « vases d’honneur ». Paul est d’ailleurs lui-même un exemple remarquable de ce changement radical de cœur.
À propos de la difficulté qu’ont ses compatriotes à voir Christ dans les pages de l’Ancien Testament, Paul explique que « lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté » (2 Co 3.16). Remarquons qu’il faut se tourner vers le Seigneur avant que le voile soit ôté. Dieu n’est pas la cause de leur demi-tour; c’est à eux de prendre la décision authentique de revenir à Lui.

Nous pourrions ajouter ce que Paul déclare à Agrippa pour défendre son ministère (Ac 26.16). Dieu avait dit à Paul :

« Je t’ai pris du milieu de ce peuple et des païens, vers qui Je t’envoie, pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se tournent des ténèbres vers la lumière et du pouvoir de Satan vers Dieu, et qu’ils reçoivent le pardon des péchés et un héritage avec ceux qui sont sanctifiés par la foi en moi » (Ac 26.17-18).

Ce passage annonce clairement que les yeux des païens s’ouvriront avant qu’ils se tournent des ténèbres pour recevoir le pardon de Dieu.
Romains 9 fait également référence à Pharaon qui, ayant décidé d’endurcir son cœur contre le Seigneur, est néanmoins devenu un moyen de faire éclater la gloire de Dieu. « Mais Pharaon, cette fois encore, endurcit son cœur, et il ne laissa point aller le peuple » (Ex 8.32).
Pharaon s’était volontairement obstiné à résister à l’Éternel bien longtemps avant que celui-ci ne le confirme dans son entêtement intraitable, afin de réaliser son plan qui était d’arracher les Hébreux à l’esclavage de l’Égypte par des signes et des prodiges étonnants.

Entre parenthèses, ce récit de l’Exode n’aborde pas le sujet de la rédemption finale des Égyptiens, puisque rien n’est dit ici du sort éternel des premiers-nés que Dieu avait fait mourir et dont certains étaient vraisemblablement des nourrissons. Quelle que soit la méchanceté que les êtres humains peuvent concevoir, n’est-il pas merveilleux de savoir que le Seigneur demeure aux commandes, désireux de faire concourir les événements à sa gloire et au salut des gens ? La crucifixion de Jésus est l’exemple suprême de la manière dont Dieu tire un bien infini de la méchanceté humaine.

« Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu » (Jn 7.17). Jésus n’a jamais laissé entendre que des gens ne viendraient pas à lui en raison d’un choix prédéterminé fait par son Père dans le ciel :
« Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! » (Jn 5.40, italiques ajoutés).
Ni dans ces passages ni dans aucun autre de l’Écriture se trouve le moindre indice que Dieu doit d’abord nous rendre individuellement bien disposés par la « grâce prévenante » pour que nous puissions le désirer et le voir accomplir sa volonté dans notre vie.

Certes, Il vient à notre rencontre avec son secours et nous accorde sa grâce merveilleuse pour nous aider à faire le premier pas vers lui, mais cette grâce est offerte à toute la race humaine.

Dieu a horreur du péché. Comment pourrait-il prédestiner unilatéralement la présence éternelle du péché chez quelqu’un ? Ne serait-ce pas la souveraineté d’un tyran plutôt que celle d’un maître bienveillant ?

Tous les individus sont à tous points de vue authentiquement responsables s’ils persistent dans une voie de péché et d’incrédulité. Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais quelque négligence que ce soit de la part de Dieu à maintenir effective son offre de vie éternelle accessible à tous les êtres humains.

Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). 
Vous pouvez écouter son message  ici
https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck   et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g