Le choix de Jésus est-il l’unique facteur dans notre salut ?

La plupart des théologiens calvinistes enseignent que nous ne choisissons pas librement de suivre Jésus, mais que nous sommes poussés, ou contraints de lui répondre affirmativement parce qu’il nous a désignés pour être sauvés.

Ils disent que c’est en vertu du choix de Dieu que nous avons été mis à part pour le salut, et ils s’efforcent de le prouver en s’appuyant sur un texte comme :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15.16).

Ici, le choix porte davantage sur la fonction et la vocation des douze apôtres que sur leur salut.
Jésus choisit ses apôtres parmi beaucoup de ceux qui voulaient le suivre ; ceux-là furent prêts à tout quitter pour le faire.

Le sens du verbe « choisir » dans ce passage est le même que dans Jean 6.70 où Jésus déclare :
« N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? Et l’un de vous est un démon ! »
Si Judas avait été « choisi » pour la vie éternelle, comment l’Écriture pourrait-elle affirmer :
« Or, Satan entra dans Judas » (Lu 22.3) ?
Ici, le choix de Judas et des autres disciples s’applique à leur apostolat plutôt qu’à leur salut proprement dit, autrement Judas aurait été sauvé lui aussi. Le choix s’appliquait à leur service particulier pour Dieu, concernant plus leur ministère que leur salut.

Nous pouvons faire un parallèle avec une équipe de football. Les joueurs se sont volontairement inscrits au club ; de l’ensemble dont l’entraîneur dispose, il va former l’équipe qu’il pense la mieux à même de remporter le match à jouer. Il connaît les aptitudes physiques et la forme du moment de ses joueurs. On pourrait donc dire qu’il possède une sorte de prescience dans son choix.

La Bible parle clairement de Jésus comme de l’Élu suprême de Dieu le Père : « Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui mon âme a pris plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations » (Mt 12.18).
Ce choix ou cette élection, pour reprendre un autre mot, n’a absolument rien à voir avec la destinée éternelle de Jésus. Le texte évoque la mission rédemptrice spéciale que Jésus était appelé à remplir, en quittant la gloire du ciel pour vivre sur cette terre, et ensuite en faisant l’expiation des péchés du monde.
Dans Actes 22.14, après avoir été arrêté à Jérusalem, Paul rapporte fidèlement ce qu’Ananias lui avait dit lors de sa conversion, à savoir que Dieu l’avait « destiné » à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre les paroles de sa bouche. C’est manifestement une élection à l’apostolat, principalement parmi les païens, non au salut lui-même. Dieu avait choisi Paul pour un ministère particulier ; il allait devenir un témoin devant tous les hommes de ce qu’il avait vu et entendu et trans- mettre aux églises les instructions données par le Saint-Esprit, écrivant ainsi des pages sublimes de l’Écriture divinement inspirée.

On peut alors se demander avec raison comment interpréter le verset suivant :
« Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité » (2 Th 2.13).

Si ce verset se terminait au mot « salut », nous serions très embarrassés. Mais Paul insiste sur le fait que la manière prévue par Dieu pour entrer dans la vie nouvelle ne passe pas par les bonnes œuvres, mais par l’œuvre sanctifiante du Saint-Esprit et notre foi dans la vérité concernant la personne et l’œuvre expiatoire du Seigneur Jésus, qui est la Vérité (voir Jean 14.6). C’est l’Esprit qui nous sanctifie ; il nous appartient ensuite de traduire concrètement dans les faits ce que Dieu a accompli en nous, en nous appliquant avec beaucoup de concentration et de consécration à ce processus de transformation (voir Philippiens 2 :12-13).

À partir du moment où nous avons tourné notre cœur vers Dieu, il le remplit de sa grâce pour nous rendre capables de faire les bons choix qui contribuent à nous faire mieux ressembler au Seigneur Jésus.

D’ailleurs, disons en passant qu’un peu plus haut, l’apôtre explique clairement pourquoi les gens périssent :
« L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie-t-il une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice soient condamnés » (2 Th 2.9-12).

Ajoutons qu’absolument rien n’est dit ici d’un décret divin antérieur qui exclurait qui que ce soit du salut ou qui condamnerait un individu.
La condamnation résulte uniquement du refus de recevoir l’amour de la vérité. Les enfants d’Israël forment le peuple « élu » de Dieu, mais qui oserait affirmer qu’ils sont tous sauvés ? Jésus est formel à ce sujet :

« Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux.
Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Mt 8.11-12).

Dans Romains 2.9, Paul rejette catégoriquement l’idée que l’élection nationale était le gage d’un salut national. Dieu a appelé Israël à jouer un rôle terrestre qui s’accompagnait de grandes bénédictions. La descendance de Jacob n’avait rien fait pour mériter un tel rôle dans l’histoire humaine (voir Deutéronome 7.7), et le refus tragique d’un grand nombre d’Israélites de se repentir de leur désobéissance et de leur culte idolâtre avait entraîné un grand déshonneur sur le nom de Dieu.

Rappelons-nous que le grec original du Nouveau Testament ne comportait aucun signe de ponctuation ; les traducteurs doivent donc faire preuve d’une grande sagesse et de beaucoup de prudence dans le choix et l’emplacement des signes de ponctuation de manière à rendre au texte traduit les mêmes emphases que le texte original. Il en résulte que le sens de certains passages de l’Écriture n’a pas toujours été correctement restitué, notamment dans la Vulgate, la traduction latine de la Bible due à Jérôme au cinquième siècle de notre ère. Ces anciennes traductions contenaient des erreurs textuelles qui ont été transmises au cours des siècles subséquents et ont malheureusement faussé certaines traductions ultérieures.

Pendant les persécutions sous Marie Tudor, reine catholique romaine d’Angleterre, les pasteurs Gilbery, Sampson et Whitt- ingham poursuivaient leurs recherches et révisions du texte biblique en anglais à Genève. En 1560 la ‘Geneva Bible,’ fruit de leurs travaux, fut dédiée à la Reine Elizabeth d’Angleterre. Les influences calvinistes à Genève ont ainsi laissé leur empreinte sur cette Bible et sur les travaux qui ont abouti à ‘La Version Autorisée’ de 1611. Pendant plus de 75 ans la ‘Geneva Bible’ a large- ment influencé la Réforme en Angleterre. A son tour, ‘La Version Autorisée’ a beaucoup influencé les traducteurs de versions en français.

Donc, la vieille Bible de Genève, en anglais, a non seulement subi l’influence de la Vulgate, mais elle avait été aussi influencée par la théologie de Calvin ; elle contenait de nombreuses notes manuscrites de Calvin.
C’est cette même ‘Geneva Bible’ qui, la première, a divisé le texte en versets. La division du texte biblique en chapitres fut déjà introduite autour de 1205. La ‘Bible de Genève’ connut de nombreuses éditions, même après la publication de la Version Autorisée’ (en anglais) en 1611 sous le roi James 1e.

Par la grâce de Dieu, les connaissances actuelles ont permis de mieux comprendre certains mots grecs et de corriger certaines erreurs.
Il n’empêche que quelques difficultés d’interprétation subsistent et mettent en garde contre tout dogmatisme concernant certains textes.
Il convient cependant de souligner qu’il n’y a aucun doute quant au sens de l’immense majorité des textes, parce que les textes où des doutes subsistent sont extrêmement peu nombreux. Tout le passage d’Actes 13.38-48 ne va absolument pas dans le sens des idées calvinistes. Paul s’adresse à tous ceux qui craignent Dieu (v. 26), leur donne l’assurance que quiconque croit est pardonné (v. 38) et les encourage à tenir ferme dans la grâce de Dieu (v. 43). Quant aux Juifs qui s’opposent, ils sont condamnés pour avoir repoussé la parole de Dieu, se jugeant ainsi indignes de la vie éternelle (v. 46).

Actes 2.47 mentionne « ceux qui étaient sauvés » et ne parle pas de « ceux qui devaient être sauvés. » Cette traduction repose sur des données solides. En tout cas, rien ne vient contredire les nombreux textes clairs déjà cités. C’est pourquoi, compte tenu de l’absence de ponctuation dans le texte original et parce que le texte n’était pas divisé en chapitres et versets, on comprend facilement que les traductions divergent parfois. Les tendances théologiques peuvent facilement influencer l’interprétation ; en effet, nous apportons tous dans une certaine mesure nos préjugés dans le texte biblique. Un individu convaincu contre sa volonté n’abandonne pas facilement son opinion.

Tout en croyant sans réserve que le Saint-Esprit a inspiré verbalement les écrits originaux, la plupart d’entre nous savent pertinemment qu’aucun manuscrit original ne nous a été conservé ; nous dépendons donc de copies de copies qui diffèrent très légèrement les unes des autres. Nous disposons aujourd’hui de moyens de plus en plus performants pour comparer les différentes sources et les différents manuscrits ; de ce point de vue l’ordinateur est un outil merveilleux. Grâce aux progrès réalisés, nous pouvons tous profiter des recherches dans le domaine de la ponctuation et des nuances dans le sens des mots et expressions ; nous pouvons en toute con- fiance jouir de notre version biblique préférée. Il peut cependant être très enrichissant de consulter d’autres versions et traductions, car elles nous permettent parfois de voir comment une autre façon de rendre un passage de l’Écriture peut éclairer notre lanterne. N’oublions jamais de remercier Dieu pour sa fidélité ; il a en effet veillé sur sa Parole au cours des siècles pour nous en donner des versions fiables et dignes de confiance.

Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message  ici : https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck   et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g