La Parole de Dieu enseigne clairement que dans sa souveraineté, Dieu a créé un univers non coercitif dans lequel il a décidé de sauvegarder l’authentique liberté de choix de l’être humain, malgré la chute.
Tout être humain est donc libre de répondre positivement ou négativement à la grâce que Dieu répand. Imaginons un homme éperdument amoureux d’une jeune fille et tellement désireux d’être aimé en retour qu’il cherche une potion capable de la rendre follement amoureuse de lui.
Cela se rapprocherait de la sorcellerie. Or, beaucoup de gens pensent que Dieu dépose mystérieusement une « potion » d’amour pour lui chez ceux qu’il a d’avance décidé de racheter.
Pourtant, si nous devons aimer Dieu et témoigner de la compassion aux autres, le bon sens veut que nous ayons une liberté de choix qui soit entière, authentique et totale, sans le moindre soupçon de manipulation.
Dans Romains 11.32, Paul déclare :
« Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous. »
Faut-il interpréter le second « tous » d’une autre manière que le premier, alors qu’ils sont tous deux utilisés dans la même phrase ? Ce serait une explication pour le moins incohérente ! Paul ne dit pas non plus que Dieu veut faire miséricorde à certains. Nous croyons vraiment à l’inspiration verbale des Écritures. Le Saint-Esprit n’a pas inspiré Paul pour qu’il écrive certains au lieu de tous. Dans Tite 2.11, il est écrit :
« Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. »
Là encore, il n’est pas dit que la grâce de Dieu est une source de salut pour les élus ou pour des hommes, mais bien « pour tous les hommes ».
La Bible dirait-elle ce qu’elle ne pense pas ? Pas du tout ! Dieu offre sa grâce à tous ; malheureusement, peu de pécheurs répondent positivement.
Quand faut-il donner à « tous » le sens de « tous sans distinction » ou celui de « tous sans exception » ? Dans ce domaine, combien il est facile d’interpréter un texte en y lisant ses propres idées ! La question subsiste : pourquoi le Saint-Esprit n’a-t-il pas résolu la question en faveur du calvinisme dans Romains 11.32, « Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous. »
N’êtes-vous pas surpris de constater que les toutes premières propositions dans le premier chapitre de l’Epître aux Romains ne mentionnent même pas le péché d’Adam ? L’apôtre énumère les péchés des personnes qui « retiennent injustement la vérité captive » (v.18). Puis, nous y lisons aussi «qu’ils sont devenus inexcusables (v.20). Le verbe est au pluriel. Logiquement, dans le passé, il y avait des personnes excusables qui ont par la suite décidé de ne plus chercher et suivre leur Créateur. Le texte ne dit pas qu’ils sont tous nés inexcusables. Pourquoi ? Curieux, non, si on souscrit aux notions de Calvin. Puis, ‘retenir’ implique un choix par des gens qui possédaient la vérité ; c’est pourquoi ils sont inexcusables, non pas principalement à cause de leur naissance comme pécheurs mais parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu (v.21).
Paul rajoute au v. 24 que « c’est pourquoi Dieu les a livrés aux péchés », sans mentionner le péché d’Adam et ses conséquences directes.
Les mauvais choix des êtres humains sont-ils alors inévitables par décret divin? Il nous semble que Paul ne s’exprime pas tout à fait ainsi.
L’homme est donc inexcusable aussi parce que « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans Ses ouvrages » (Ro 1.20).
Donc, l’homme possède toujours la capacité de reconnaître la main de Dieu dans tout ce qu’il a créé et les hommes restent libres de choisir Dieu ou de l’ignorer.
Comment voulez-vous que l’homme soit pleinement coupable et punissable s’il ne possède pas la capacité innée de choisir entre soumission à Dieu et rébellion ? Pierre déclare :
« Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9).
Peut-on penser que Pierre s’adresse ici exclusivement à des chrétiens ? Nous serions d’accord, mais Dieu ne dirait-il pas alors qu’il ne veut qu’aucun élu périsse ? Pourtant, (comme nous l’avons déjà souligné dans un chapitre précédent), se peut-il qu’un élu périsse ou ne vienne pas à la repentance, si, comme l’affirme Calvin, Dieu l’a déjà programmé d’avance pour la vie éternelle par une décision élective que rien ne peut contrecarrer ?
Ce verset n’aurait donc pas de sens si le calvinisme était juste. Le texte ne dit pas « … que tous les élus arrivent à la repentance ». Si le Saint-Esprit avait vraiment voulu préciser qu’il s’agit des « élus » ou de « beaucoup », ou même d’un « reste », ne l’aurait-il pas dit clairement ? Il indique bien que «tous » sont invités à se repentir.
Le cœur divin rempli d’amour désire que tous les êtres humains choisissent la voie de la repentance.
Comme nous l’avons déjà vu, Calvin parle du « conseil secret » de Dieu, en vertu duquel Dieu n’a pas l’intention de sauver des millions de personnes. Ce conseil secret pourrait s’opposer à la volonté divine révélée. Mais, étant donné le désir de Dieu de sauver quiconque, en ce qui concerne le salut, je peux vous assurer que le conseil secret de Dieu n’existe pas.
La règle d’or de l’interprétation biblique veut qu’on s’interdise de lire dans le texte ce qui ne s’y trouve pas vraiment.
Dans quel sens la chute a-t-elle entraîné notre état de mort dans le péché ?
Puisque tous les êtres humains sont morts dans leur péché, la plupart des calvinistes croient que personne n’est capable de décider de croire au Seigneur Jésus-Christ, à moins que Dieu ne l’ait désigné et choisi individuellement avant la fondation du monde. À ceux-là, Dieu accorderait la grâce de croire en Jésus-Christ, en les régénérant (nouvelle naissance spirituelle) pour les rendre capables de croire en son Fils Jésus.
Mais le fait d’être morts dans nos péchés ne signifie certainement pas que nous ne sommes plus capables de chercher Dieu, pas plus que le fait d’être crucifiés (morts) avec Christ ne signifie que nous ne pouvons plus pécher ! (cf. Galates 2.20). De nombreux passages affirment que le chrétien est mort au péché. Comment l’expression « être mort au » et le terme « mort » peuvent-ils signifier que nous ne sommes plus capables de désobéir volontairement à Dieu ? Dans Romains 6.2-3, nous lisons :
« Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? » (Voir aussi Romains 6.4.8).
Nous n’avons pas le droit de donner à l’expression « morts par vos offenses et par vos péchés », (Eph 2.1), valable pour l’incroyant, un sens plus littéral qu’à l’expression « mort avec Christ », qui est l’expérience du chrétien.
Dieu appelle ceux qui sont « morts par [leurs] offenses et par [leurs] péchés » à le chercher, et il nous adresse à nous, croyants qui sommes « morts avec Christ » l’exhortation suivante :
« Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ » (Ro 6.11).
Et Il ajoute, dans Romains 8.10 :
« Et si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice. » Que déduire de tout cela ? Comment le corps du chrétien peut-il être déclaré « mort » alors qu’il est bien vivant ?
Dans Colossiens 3.3, l’apôtre déclare :
« Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. »
Il ne s’agit pas de comprendre le mot « mort » dans son sens littéral de cesser de vivre. J’avance pour preuve le fait que ces versets n’enseignent pas que le chrétien ne peut plus pécher.
Ceux qui, en tant que croyants, sont « morts au péché » peuvent encore choisir en toute connaissance de cause de désobéir à Dieu ; de même, ceux qui sont « morts par leurs offenses » peuvent vouloir chercher Dieu.
Plus tôt, dans Colossiens 2.20-21, Paul écrit :
« Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes : Ne prends pas ! Ne goûte pas ! Ne touche pas ! »
De toute évidence, le mot « mort » ne peut pas être pris au sens littéral.
Il ne signifie pas non plus que notre corps ne peut pas fonctionner de manière qui plaise à Dieu. Le chrétien est mort au péché, mais il doit apprendre à mettre ce péché à mort tous les jours. Nous devons apprendre à le faire, tout comme nous devons appliquer dans nos vies l’exhortation «comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience » (Col 3.12).
Posons-nous la question : Que faut-il penser du père du fils prodigue, lorsqu’il s’exclame, au retour de son fils :
« Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé » ? (Luc 15 :23-24).
Pour mieux saisir le sens du mot ‘mort’ ici, on peut lire ‘comme mort, ’ parce qu’ici ‘mort’ est employé figurativement.
A Ses disciples, Jésus parle de Son Père comme étant un bon Père céleste. Même un bon père terrestre essaie toujours de traiter tous ses enfants équitablement. Pendant que le fils se trouvait au loin dans son bourbier, le père languissait après son retour et sa réintégration dans le cercle familial.
Que nous enseigne cette parabole sur le caractère de Dieu ? D’abord, le père n’empêche pas son fils de partir ! Il aurait pu chercher à retenir son héritage et contraindre son fils de rester, mais il mesure que son envie de voir le monde ne sera pas guérie en le retenant. Le père n’était pas non plus en colère et offensé par la conduite de son fils prodigue. Pourtant, le père n’a pas envoyé un billet au fils pour payer son retour. Ce dernier, ayant fait librement son choix, tombe dans la disette et le désarroi. Puis, il se repent et il décide de rentrer chez lui et son père court vers lui, les bras ouverts. N’est-ce pas clair ?
On a tenté de justifier le bien-fondé des idées de Calvin à propos de l’élection en évoquant le récit de la conversion de Lydie, racontée dans Actes 16.14 :
« L’une d’elles, nommée Lydie, marchande de pourpre, de la ville de Thyatire, était une femme craignant Dieu, et elle écoutait. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul. »
C’est se raccrocher à de faux espoirs que de s’appuyer sur ce verset et lui faire dire autre chose au sujet de la liberté de choix de l’être humain.
Le Seigneur Jésus ouvrit le cœur de Lydie pour qu’elle soit attentive aux paroles de Paul, de la même manière qu’il agit dans le cœur de tous ceux qui l’adorent et les rend capables de prêter attention à la voix de ses messagers. La narration omet tout détail sur ce qui se passait dans le cœur de Lydie avant cette rencontre ; nous savons seulement qu’elle adorait Dieu.
Conformément à ce que déclare Paul en Philippiens 2.12-13, nous devons apprendre à traduire dans notre vie quotidienne ce que Dieu a opéré en nous : « Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, mettez en œuvre votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent ; car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. »
En soumettant journellement notre cœur et notre vie à Dieu, il intervient pour modifier nos désirs et nos motivations et pour fortifier notre volonté de sorte que nous aspirons à ne vivre que pour lui plaire. Notre coopération avec sa grâce porte-t-elle le moins du monde atteinte à sa souveraineté ? Bien sûr que non !
De nombreux passages du Nouveau Testament enseignent que nous devons coopérer activement avec le Père céleste afin d’atteindre l’objectif qui est notre parfaite ressemblance à Christ. Comme nous l’avons déjà dit, tout commence par notre décision de croire en lui pour figurer au nombre de ses rachetés. Ni l’Ancien Testament, ni le Nouveau n’affirment que les êtres humains n’ont pas la capacité de décider de chercher Dieu :
« Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir… » (Jos 24.15).
Paul fait une déclaration surprenante en Galates 2.20 :
« J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. »
La plupart d’entre nous sont tellement habitués à lire cette phrase que nous ne nous rendons même plus compte que l’apôtre n’utilise pas ces termes dans un sens littéral. Il n’avait jamais été physiquement cloué sur une croix avant d’écrire ces mots ; et il n’avait jamais cessé de vivre. Nous sommes clairement en présence d’un autre exemple de langage figuré qui véhicule une vérité spirituelle profonde et très précieuse. Paul savait que pour emprunter le chemin de la victoire, il devait se reconnaître comme mort avec Christ et ressuscité avec lui et en lui. Des métaphores semblables abondent, comme «la circoncision du cœur» ou «ensevelis par le baptême».
Je vous encourage à lire le chapitre 30 du Deutéronome et à vous poser la question suivante : L’esprit de ce passage est-il en harmonie avec la pensée calviniste ? Cette pensée dit que si des gens suivent le vrai Dieu et non les fausses divinités, c’est uniquement parce qu’ils auraient fait l’objet d’une grâce prévenante de la part de Dieu, tandis que les autres en auraient été privés ?
Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message ici : https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g