Unis malgré des divergences (C.S)

Nous l’avons vu, le plus souvent, ce sont des attitudes pécheresses de « moi » dominateurs qui mettent l’unité entre nous en péril. Mais n’y a-t-il pas aussi des divergences doctrinales entre véritables chrétiens ?

J’ai bien dit : entre véritables enfants de Dieu. Il n’est donc pas question ici de la base intangible de notre foi. Nous ne pouvons rechercher de communion spirituelle avec quiconque nie la divinité de notre Sauveur, ou qui ne se place pas résolument au bénéfice de la mort substitutive de Christ pour lui.
(voir ou revoir : Les confessions de foi divisent ? Tant mieux ! (Pascal DENAULT))

Mais il y a certains sujets qui créent parfois des tensions inutiles entre disciples du Christ. Osons-le dire : des tensions pécheresses, qui morcellent le corps de Christ acquis au prix de son sang.
Comme pour les autres tensions charnelles, conscients de la noirceur de nos cœurs naturels, nous nous exposons continuellement à la lumière de l’Esprit de Dieu pour qu’il nous montre ces anomalies déshonorantes pour sa gloire et nous transforme à l’image du Fils de Dieu, notre Sauveur !

Il y a des domaines d’interprétation biblique où plus nous mûrissons dans le Seigneur, moins nous serons absolus et tranchants, refusant tout jugement sur ceux qui voient les choses autrement.
(D’ailleurs, ils alignent souvent autant de versets bibliques que nous à l’appui de leurs thèses.)

Je vous propose 5 exemples. Commençons par balayer devant notre porte…

  • La doctrine de la prédestination

Le débat sur la prédestination est un des deux axes de ce blog. Comme vous le savez, j’ai mes convictions, et même mes convictions fortes.
Mais qui suis-je pour anathémiser les frères dont les doctrines ne me convainquent pas ? Que sur ce blog, le Saint-Esprit ait toujours la liberté de convaincre lui-même les lecteurs, et celle de me corriger, moi !

Pour moi, les frères calvinistes sont des frères, La Palisse n’aurait pas dit mieux ! Et mes nombreuses mises en exergue de certains de leurs écrits précieux sur Évangile 21 ou Le bon Combat en témoignent ! Mais dès le début du blog, un précieux collaborateur potentiel du blog a coupé toute relation avec moi parce que je refusais de publier tout ce qui était arrogant de sa part envers les frères calvinistes, qu’il lui déplaisait d’ailleurs de traiter de frères… Hélas !

  • L’eschatologie :

Avec une longue batterie de versets bibliques à l’appui, certains attendent un millénium et décrivent avec force schémas (différents les uns des autres) leur conception de la fin des temps, incluant une restauration d’Israël comme canal spirituel de Dieu. D’autres sont amillénaristes, et présentent autant de passages bibliques qui leur semblent soutenir leur conviction.
Certains condamnent les thèses adverses, mais d’autres envisagent paisiblement leurs différences. Un exemple éblouissant étant le livre à deux plumes de Pascal DENAULT et de Florent VARAK. Il y avait même un webinaire où chacun des deux amis exposait ses convictions sans rabaisser celles de l’autre. J’ai moi-même une certaine conviction à ce sujet, tout en disant comme un auteur lu récemment (je ne sais plus lequel) : « j’ai lu de nombreux ouvrages d’eschatologie. Je ne donnerais ma vie pour défendre intégralement aucune des thèses en présence ! »

  • La position et la tenue de la femme dans l’Église

Pour certains, les enseignements de l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 11 et 14 sur la tenue et le comportement de la femme dans les réunions de l’assemblée sont la norme intemporelle pour témoigner de la réalité de l’ordre créationnel voulu par le Seigneur entre hommes et femmes. Pour d’autres, les symboles évoqués sont culturels et les exigences de silence pour nos sœurs liées au contexte.
Pour eux, la réalité créationnelle se montre par le comportement et le style de vie des hommes et des femmes, selon Éphésiens 5.22 à 30.

Dans notre assemblée, les deux convictions cohabitent paisiblement. Je suis heureux que la croyance affirmant que le voile serait une protection des femmes contre les puissances mauvaises y ait disparu. Elle représente une déviation dangereuse, touchant au fondement de la foi évangélique. En effet, seul le sang versé par Jésus sur la croix et la résurrection triomphale de notre Sauveur représentent le triomphe qui a désarmé les puissances mauvaises ! Et cela vaut pour les femmes autant que pour les hommes !

Colossiens 2.15 : Là, il a désarmé toute Autorité, tout Pouvoir, les donnant publiquement en spectacle quand il les a traînés dans son cortège triomphal après sa victoire à la croix. 

  • La perte du salut de véritables enfants de Dieu

Certains avancent de nombreux passages pour établir que de véritables enfants de Dieu peuvent arriver à apostasier durablement, de telle manière qu’ils aboutiront en enfer. D’autres, avec autant de versets à l’appui répliquent que la vie éternelle est… éternelle par essence, et que si  des membres d’église renient définitivement leur foi, c’est une preuve qu’ils n’étaient pas réellement nés de nouveau, malgré les évidences qu’ils ont pu donner dans le passé. Ils ajoutent aussi que s’il s’agissait de personnes éventuellement réellement nées de nouveau, personne ne pourra jamais savoir dans quel état d’esprit elles sont entrées finalement dans l’éternité, les ressources de Dieu étant infinies pour ramener à lui ses brebis égarées.
Je témoigne ici que je collabore harmonieusement avec mes amis d’Arminianisme Évangélique, qui défendent la 1e position, alors que moi-même, je soutiens la 2e !

  • La constitution de l’homme

Dans l’article Des marques indélébiles de Dieu dans l’homme déchu, mon ami Jean-Louis Deneufchâtel parle de : « notre âme qui n’est pas à sa place normale de soumission à l’esprit »
Moi, je mettrais une majuscule à esprit : « notre âme qui n’est pas à sa place normale de soumission à l’Esprit ». C’est ma seule nuance avec l’auteur dans son étude complète, et elle ne me semble pas importante, car pour lui aussi, l’âme doit être soumise à l’Esprit (par le biais de l’esprit humain.) Jean-Louis se dit d’ailleurs en phase avec cet article, que je lui ai fait lire dans les coulisses.

Mais là aussi, il y a des positions extrêmes, formalisées par Watchman Nee, un auteur abondamment lu pendant mes jeunes années, dans une théologie systématique, « L’homme spirituel », écrite alors que lui aussi était encore très jeune. (Ses écrits ultérieurs de chrétien mûri ne sont plus empreints de cette radicalité !) Mon propos n’est pas d’en découdre sur ce sujet, je ne détaillerai pas. Je désire plutôt que l’arbre ne cache pas la forêt, et plutôt exposer l’enseignement que je pense tirer de ces différences de vue entre chrétiens.

>> Il me semble que tout dépend du niveau d’interprétation du texte biblique que nous appliquons !
Il y a un « niveau 1 », l’œil rivé sur une doctrine d’ordre second (ce qui ne signifie pas secondaire, loin de là !) et si nous nous arrêtons là, nous en faisons notre cheval de bataille, et dans notre esprit, c’est sûr, les autres se trompent, sont dans l’erreur !

Mais il y a un « niveau 2 » plus fédérateur, où, sans renoncer à nos convictions, loin de là,  nous les englobons dans la vérité sûre et certaine plus vaste, la seule qui transforme nos vies.
Qu’est-ce que cela donne pour nos 5 exemples ? (Pour gagner de la place, je les identifierai par leurs numéros de ci-dessus)

Niveau 1 Niveau 2
1) Salut prédéterminé par Dieu pour certains ou salut destiné à tous les hommes ? Pour les uns et pour les autres, Dieu est parfaitement souverain, parfaitement juste et parfaitement aimant ! Pour tous, nul ne viendra à Christ si le Père ne l’attire, et nul ne sera sauvé s’il ne se repent et place sa confiance en Jésus !
>> Est-ce que je crois concrètement à la nature morale parfaite de mon Dieu ?
2) Millénium ou pas ? Israël restauré ou pas ?
1 ou 2 retours de Jésus attendu(s) ?
Pour les uns et les autres, Jésus reviendra pour nous prendre avec lui et pour juger le monde.
>> Dans quelle mesure cette conviction impacte-t-elle mon quotidien ?
3) Application littérale ou culturelle de la position et de tenue de la femme dans l’assemblée ? Pour les uns et les autres, Christ est le chef de l’Église et témoigner de cette réalité dans tous les aspects de notre vie, par l’obéissance à sa Parole, est fondamental.
>>  Qu’en est-il de ma soumission pratique à la Parole vivante, Christ, et à la Parole écrite ?
4) Vie éternelle et sécurité absolue des enfants de Dieu, ou condition de la persévérance jusqu’au bout ? Les uns et les autres croient qu’une vie désinvolte sans crainte de Dieu est dangereuse et mène à la ruine. Ils croient aussi que le bon Berger veille sur ses brebis, les aide à persévérer, les reprend, les ramène à lui inlassablement. Ils pensent que la responsabilité de chacun est de ne jamais se mettre en situation d’apostasie et de veiller sur nos frères !
>> Suis-je en éveil et en marche, ou est-ce que je me repose sur de fausses certitudes ?
5) Constitution tripartite de l’homme (corps, âme, esprit) ou constitution bipartite (corps, être intérieur se déclinant soit sous le vocable d’âme, soit sous celui d’esprit, soit encore sous celui de cœur etc.) ? Pour les uns et les autres, notre être entier, corps, âme, esprit, est appelé à se placer sous la domination de l’Esprit saint et à se laisser transformer de jour en jour à son image !
>> Est-ce que je suis activement dans ce programme de transformation du Saint-Esprit ?

Une dernière pensée : Dans mes lectures bibliques, il y a actuellement des affirmations radicales qui devraient beaucoup plus me préoccuper que celles des points d’ordre second évoqués ci-dessus. Et je ne crois pas qu’il y ait des écoles de pensée évangéliques actuelles pour s’affronter quant à leur signification.

Quand je lis : 1 Jean 3. 5 : Or, vous le savez, Jésus est apparu pour enlever nos péchés et il n’y a pas de péché en lui. 6 Ceux qui demeurent en lui ne pèchent pas ; si quelqu’un pèche, il ne l’a pas vu et ne l’a pas connu.

>> il n’y a pas plus clair que ça ! Et pourtant, je pèche !!

Oui, oui, je connais la réponse classique : les versets 7 et 8 parlent de pratiquer le péché, donc d’avoir le péché comme style de vie, ce qui n’est plus le cas de l’enfant de Dieu, qui hait son péché, le confesse et l’abandonne !

C’est vrai, et merci au Seigneur qui œuvre en ce sens dans mon cœur, dans mon esprit, dans mon âme, avec mes pensées, ma volonté et mes affections !

MAIS :

  • Qu’en est-il de ces péchés récurrents qui semblent toujours coller à ma peau, après plus d’un demi siècle de vie de disciple ?
  • Est-ce que je haïs vraiment ces péchés comme le Seigneur les hait ? Si cela était le cas, ils devraient vraiment lâcher du terrain et disparaître ??

Toujours à nouveau, la lecture de tels textes qui me disent que celui qui est né de Dieu ne pèche pas doivent me secouer. Ils doivent me pousser, non pas à la dogmatisation, mais à la repentance et à la consécration ! Cette attitude protège du jugement des autres et de la désunion !

Hébreux 12. 4 à 6 : Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre combat contre le péché  et vous avez oublié l’encouragement qui vous est adressé comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend. En effet, le Seigneur corrige celui qu’il aime et il punit tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils.

Éternel, donne-moi un cœur tout simple, que je craigne ton nom. (Psaume 86.11)

Écoutons ce magnifique chant d’Antidot :    Une seule Église

Compléments 

Comprendre et interpréter (4/4) : Devenir d’humbles interprètes de la Parole immuable de Dieu.
Désaccords théologiques : Un temps pour l’amour, la sagesse et la liberté
Faire un tri théologique au 21ème siècle

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2 réflexions sur « Unis malgré des divergences (C.S) »

  1. Beaucoup aimé le tableau des niveaux 1 et 2, qui couronne ce bel article. Il faut des convictions, sinon tout est flou. Elles sont à géométrie variable, dirais-je, dans le bon sens : variant, évoluant au fil du temps. C’est moins confortable que de se tenir à un schéma que nous aurions nous-même fixé un jour. Paisiblement, nous pouvons pratiquer la géométrie de Dieu. Cela donne des convictions fortes, sans que nos polygones anguleux blessent celui qui a aussi ses angles obtus.
    Ces convictions nous valent parfois de perdre (pour un temps) des bons amis, pourvu que ce ne soit pas de notre fait. Autant que possible, soyons en paix. Osons nous démarquer de la pensée ambiante, de ce que pense la majorité évangélique aujourd’hui. Ne cherchons pas pour autant le chemin solitaire de celui qui a raison contre tous.
    Comme Claude nous y exhorte par ses articles, cheminons avec les autres, apprenons d’eux, et réajustons constamment nos convictions en suivant le Chemin, Jésus-Christ. Voilà pour notre niveau 1.
    Et descendons (oui!) au niveau 2. Celui de la marche quotidienne. C’est à ce niveau, sur le béton de la réalité, que nous rencontrons nos sœurs, nos frères. Sur le même niveau terre-à-terre ! (Tiens, tu es là aussi ? Bienvenue !) C’est là que nous expérimentons la véritable communion des enfants de Dieu, tous tributaires de la grâce. Grâce pour mon péché : mes pensées, mes actions, mes réactions et mon inaction. J’aime bien ce niveau-là, car c’est là que le Seigneur est descendu pour m’y rencontrer ! Qu’il soit loué !

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