Jean 12.40 : Dieu aveugle et endurcit certaines personnes !?

 

Jean 12.40 : Dieu les a aveuglés, il les a rendus insensibles, afin que leurs yeux ne voient pas, que leur cœur ne comprenne pas, qu’ils ne se tournent pas vers lui pour qu’il les guérisse.

Difficile de prétendre que ce texte laisse place à la moindre ambiguïté :
Oui, il dit bien que c’est Dieu qui est l’auteur de ces actions d’obstruction,
et plus préoccupant encore, que l’objectif du Seigneur est d’empêcher ces personnes de se tourner vers lui pour qu’il les guérisse !
Que comprendre ? Plusieurs auteurs se sont penchés sur cette difficulté :

r1  >>

Ésaïe 6.10. Voir sur cette citation : Matthieu 13.14-15, note. Ce qui, dans l’hébreu est un ordre de Dieu au prophète, est rendu par l’évangéliste comme une action de Dieu lui-même qui, par un juste jugement sur l’incrédulité de son peuple, a aveuglé leurs yeux et endurci leur cœur ; c’était, en effet, alors un fait accompli.

Jean tire de là cette conclusion : Grec : C’est pourquoi ils ne pouvaient croire. Le c’est pourquoi porte sur le parce que suivant : (comme Jean 5.18 ; Jean 10.17)
Ils ne pouvaient croire pour cette raison que

Le dessein de Dieu, en envoyant son Fils au monde, était non d’endurcir et de perdre les hommes, mais de les sauver et Jésus avait abondamment offert à tous la grâce et le salut. Aussi le jugement de Dieu, ici révélé, ne commence que là où sa miséricorde rencontre une incrédulité et un endurcissement sans espoir.

Il faut donc dire avec Bengel :

Avant tout, ils ne croient pas, étant rebelles ; puis, ils ne peuvent croire.
Ils se trompent donc, ceux qui renversent ainsi l’ordre de ces paroles :
ils n’ont pu croire, donc ils n’ont pas cru.

(La Bible annotée, Levangile.com)

r2>>

Ce chapitre 12 termine une grande division de l’évangile.

À partir du ch. 13 en effet, le Seigneur s’adressera exclusivement à ses disciples. Et nous avons ici ses dernières paroles au peuple. Dorénavant, celui-ci sera endurci en tant que nation, conformément à la prophétie d’Ésaïe.

Le v. 11 du ch. 1 j 1.11-13 s’est vérifié: Il est venu chez lui — en Israël — et les siens ne l’ont pas reçu. Mais le verset suivant s’est lui aussi confirmé.
Quelques-uns l’ont reçu et, de ce fait, ont acquis le droit d’être enfants de Dieu.
Même d’entre les chefs, beaucoup ont cru en lui sans oser toutefois rendre témoignage de leur foi. Et la raison nous en est donnée: «Ils ont aimé la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu».
Nous qui manquons tellement de courage pour confesser notre foi, demandons-nous si ce n’est pas pour le même motif.

Jean KOECHLIN, BibleEnLigne.com

r3>>

(v. 37-43) — «Quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui», est-il dit au verset 37. Les miracles que le Seigneur avait faits avaient pour but d’amener le peuple à croire en lui.

Il est dit au chapitre 15.24: «Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché… Mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché», celui qui consiste à rejeter le Christ.

Au chapitre 2.11, il est dit: «Jésus fit ce commencement de ses miracles à Cana de Galilée, et il manifesta sa gloire; et ses disciples crurent en lui». Puis il continua de faire tous les miracles qui prouvaient au peuple qu’il était bien l’envoyé de Dieu pour leur délivrance. Quelques-uns crurent en lui tout le long de son ministère; mais la nation demeura dans l’incrédulité où elle se trouve encore, jugement de Dieu prononcé par Ésaïe: «Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il a entendu de nous, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé? » (chap. 53:1). Ils ne pouvaient pas croire, parce qu’Ésaïe dit encore: «Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur cœur, afin qu’ils ne voient pas des yeux, et qu’ils n’entendent pas du cœur, et qu’ils ne soient convertis, et que je ne les guérisse» (voir Ésaïe 6:9, 10).

On objectera que les Juifs ne pouvaient croire, puisque Dieu les avait endurcis et aveuglés, pour qu’ils ne fussent pas convertis.

Les prophéties qui annonçaient cet aveuglement, prononcées depuis près de huit cents ans, ne s’accomplirent que lorsque Dieu eut fait tout ce qui était possible pour en éviter l’exécution.

Il avait usé d’une longue patience envers ce peuple tout au travers de son histoire; les prophètes l’avaient sans cesse sollicité à revenir à l’Éternel.
Depuis qu’Ésaïe avait prononcé sa prophétie, le peuple était allé en captivité à Babylone, en avait été ramené pour recevoir le Messie qui, enfin, apparut tel qu’il avait été annoncé et, comme nous venons de le voir, fit tout le nécessaire pour être reçu et accomplir les bénédictions promises; tout fut inutile. «Quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui», voilà le résultat que Dieu a obtenu. Le Seigneur eût-il continué son ministère encore un siècle, le résultat aurait été le même; ce qui devait être fait l’avait été selon la mesure de Dieu, qui est parfaite, comme tout ce que Dieu est et fait, et qui ne pourrait être dépassée sans faire tort à ses perfections.

L’incrédulité est désormais la part de ce peuple qui demeure sans excuses.
Un autre viendra en son propre nom, dit le Seigneur au chapitre 5:43, et ils le recevront, c’est l’Antichrist; il accomplira des miracles et des signes et des prodiges de mensonge (2 Thess. 2.9); même, comme Élie, il fera tomber le feu du ciel (Apocalypse 13:13); ils le recevront pour leur jugement final, part aussi de la chrétienté apostate, lorsque le temps de la patience de Dieu sera écoulé,
ce qui aura lieu très prochainement.

Le verset 39 rappelle dans quelle circonstance la prophétie annonçant l’aveuglement judiciaire du peuple avait été prononcée: «Ésaïe dit ces choses parce qu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui». Au chapitre 6 de ce prophète (v. 1 à 5), nous lisons: «L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; ils avaient chacun six ailes: de deux ils se couvraient la face, et de deux ils se couvraient les pieds, et de deux ils volaient. Et l’un criait à l’autre, et disait: Saint, saint, saint, est l’Éternel des armées; toute la terre est pleine de sa gloire! Et les fondements des seuils étaient ébranlés à la voix de celui qui criait, et la maison était remplie de fumée. Et je dis: Malheur à moi! car je suis perdu; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées».

Tel était donc celui que le prophète voyait dans sa majesté, sa sainteté, celui dont il est dit que les cieux mêmes ne sont pas purs à ses yeux. L’Esprit de Dieu déclare par Jean que c’était le Seigneur Jésus. «Ésaïe dit ces choses parce qu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui».

Ce Jésus rejeté, méprisé, qui, quelques jours plus tard, sera condamné, fouetté, couronné d’épines, crucifié; ce Jésus auquel aujourd’hui on refuse la divinité et que l’on croit estimer beaucoup en l’appelant le meilleur des hommes, un modèle, ou bien que l’on rejette ouvertement, est le roi de gloire, l’Éternel, tel que l’Ancien Testament le présente, le créateur des cieux et de la terre, mais venu dans ce monde, revêtu de l’humanité, au milieu d’hommes pécheurs et perdus, comme Ésaïe se voyait dans sa présence glorieuse, pour apporter la vie, la lumière, l’amour.

Un homme, mais Dieu manifesté en chair, venu dans l’humilité la plus profonde, afin d’être accessible à tous; «il s’est anéanti» comme Dieu, ayant pris la forme d’esclave, trouvé en figure comme un homme. Il a quitté la gloire qui aurait foudroyé quiconque s’en serait approché, la lumière inaccessible que nul œil n’a vu ni ne peut voir. C’est celui-là que les hommes ont rejeté et rejettent encore, après avoir vu tout ce qui pouvait être vu pour le faire reconnaître en puissance, en amour, lui qui s’intéressait à toutes leurs peines et à toutes leurs douleurs.

Par sa présentation, l’épreuve de l’homme en Adam était parfaite; inutile d’attendre encore, puisque son cœur ne se laissait pas toucher par une telle grâce, et qu’il n’avait pas d’yeux pour voir la beauté du Seigneur. Il n’était pas digne de Dieu de prolonger cette épreuve; il ne lui restait donc qu’à exécuter son jugement. Mais, amour suprême, insondable, divin, c’est ce Jésus glorieux, merveilleux, rejeté, haï, qui va le subir, pour sauver cet homme si haïssable aux yeux de Dieu à cause de ses péchés.

Ô Jésus, ton amour et ta grâce ineffables,
Qui les exaltera, si ce n’est ces coupables?

Cependant, à ce dernier moment, plusieurs des chefs crurent en lui; «mais à cause des pharisiens ils ne le confessaient pas, de peur d’être exclus de la synagogue; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu» (v. 42, 43).

Qu’était la foi de ces hommes? Insuffisante pour marcher à la suite du Christ rejeté, suffisait-elle pour être sauvé ? Dieu le sait.
Il faut ou Christ ou le monde; on ne peut avoir les deux.

Moise avait estimé «l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération» (Héb. 11.26). Celle-ci aura lieu au jour où la marche de chacun sera manifestée, où ceux qui cherchent la gloire de Dieu pendant qu’elle n’a aucun prix pour les hommes, recevront leur récompense. Mais quel jour pour ceux qui auront eu honte du Seigneur, préférant la gloire des hommes qui l’ont rejeté lorsqu’il vint dans ce monde, et pour lesquels, aujourd’hui encore, il n’a pas d’attrait! Pour ceux qui restent encore indécis de suivre le Seigneur, c’est le moment aujourd’hui de vaincre les obstacles qu’ils trouvent sur leur route, car bientôt il sera trop tard.

Samuel PROD’HOM, BibleEnLigne.com

R4>> 

Jn 12.40: Quelle est la responsabilité du peuple juif si «Dieu les a aveuglés» et «les a rendus insensibles>>?

La citation d’Es 53.1 reproduite d’après la Septante au v. 38 montre que le rejet du Messie par Israël était prévu par la prophétie. En face de preuves si évidentes de la divinité du Christ, on s’étonne à juste titre: comment était-ce possible ?
Le prophète s’était déjà étonné. Une telle aberration est incompréhensible.
Il y faut une explication. Elle est donnée au v. 40, mais elle n’est guère faite pour nous satisfaire : si Dieu lui-même a aveuglé le peuple et l’a rendu insensible, en quoi le peuple peut-il encore être rendu responsable ?

Pourtant, le v. 37 avait déjà placé une part de la responsabilité sur les Juifs eux-mêmes qui, par le grand nombre de signes miraculeux auraient eu tous les éléments en mains pour parvenir à la foi. Le v. 43 donne la raison profonde de leur incrédulité: c’est parce qu’ils «tenaient davantage à l’approbation des hommes qu’à celle de Dieu»>.

Le texte d’Es 6.10 est aussi cité dans Mc 4.12 et Ac 28.26-27. Dans ce chap. 6 d’Esaïe, le prophète, après avoir eu la vision de la gloire de Dieu et avoir été purifié du péché, s’offre pour servir Dieu auprès de son peuple. Mais Dieu le prévient qu’on l’ignorera, on le méprisera et le rejettera. Il ne veut pas que le prophète s’embarque dans son ministère avec des illusions: le résultat final sera négatif. Pourquoi? Parce que Dieu a endurci le cœur de ses auditeurs.

Souvenons-nous toutefois que cette action de Dieu est toujours une réponse à un endurcissement humain !

Nous le voyons dans l’exemple du pharaon au moment où Dieu voulait délivrer son peuple du pays de l’esclavage. Huit fois nous lisons que «le pharaon, le cœur obstiné, refusa de les écouter» (Ex 7.13), «le pharaon s’obstina dans son cœur et ne céda pas» (7.22), «il rentra dans son palais sans prendre la chose cœur» (v. 23), «le pharaon s’entêta et n’écouta pas Moïse et Aaron» (8.11), «les magiciens dirent au pharaon: ‘C’est le doigt de Dieu’. Pourtant le pharaon s’obstina et n’écouta pas Moïse et Aaron» (8.15), «cette fois encore, le pharaon s’entêta et ne laissa pas partir le peuple» (8.28;  9.7). Puis nous lisons dans 9.12: «L’Éternel fit que le pharaon s’obstine de sorte qu’il n’écouta pas les deux hommes». Après le septième fléau, le pharaon déclare:  «Cette fois-ci, je reconnais que j’ai péché. C’est l’Éternel qui est juste, moi et mon peuple, nous sommes coupables» (9.27). N’empêche que, dès que le tonnerre, la grêle et la pluie eurent cessé, le pharaon «s’obstina et ne laissa pas partir les Israélites» (9.35). Moise l’avertit : «Combien de temps encore refuseras-tu de t’humilier?» Mais il chassa Moïse et Aaron de chez lui (10.11). Après le fléau des sauterelles, il confesse encore une fois: «J’ai péché contre l’Éternel votre Dieu et contre vous» (10.16) et il demande que Moïse et Aaron prient pour que Dieu pardonne son péché (v. 17). Mais après que les sauterelles furent chassées du pays et après les ténèbres, «l’Éternel rendit obstiné le cœur du pharaon qui ne laissa pas partir les Israélites» (10.20,27). Même après l’annonce du dernier fléau, la mort de tous les premiers-nés, «l’Éternel rendit son cœur obstiné» (11.10).

Ainsi, c’est bien après que le pharaon ait endurci son cœur que Dieu l’endurcit. Voir aussi la note sur Mc 4.11-12

Encyclopédie des Difficultés bibliques

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