Le dogme de la TOTALE corruption de l’homme va trop loin, quand il affirme qu’on ne peut trouver dans l’homme naturel absolument aucune impulsion au bien. Tout le monde sent bien que c’est faux, et l’apôtre Paul lui-même en convient lorsqu’il écrit :
Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi… À peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait il pour un homme de bien… » etc.
L’homme naturel déchu sait toujours que voler c’est mal, que mentir c’est mal, que tromper sa femme c’est mal, mais qu’aider son prochain, c’est bien, qu’honorer ses parents c’est bien etc. etc.
Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil aux codes civils de tous les temps pour constater que l’homme ne définit pas lui-même le référentiel du bien et du mal, mais qu’il suit plus ou moins imparfaitement la loi de sa conscience, qui n’est autre que le référentiel de Dieu.
Il est vrai que dans les derniers temps d’une civilisation, comme le dit Ésaïe, les hommes peuvent appeler le bien mal et le mal bien, mais ce sont des signes extrêmes de la fin, qui justement provoquent l’indignation du prophète ; ce n’est pas la règle générale de l’homme naturel, de l’homme pécheur.
On peut certainement trouver diverses définitions à la « nature » d’un point de vue philosophique. Mais du point de vue humain, c’est d’abord ce qui nous est transmis, ce que nous héritons de nos parents, et qui ne peut manquer de se manifester. Or il est indéniable que tous les hommes en grandissant éprouvent ce sentiment du péché ; le péché fait donc effectivement partie de notre nature, et pas seulement de la liste des mauvais actes que nous avons individuellement commis.
On peut dire que la bienveillance particulière dont Dieu entoure les petits enfants (Luc 18.16) ne s’accorde pas avec l’idée puritaine d’une corruption totale de l’homme. Mais le fait qu’ils s’endurcissent en grandissant prouve aussi que le péché habitait en eux dès le départ, comme un virus étranger, comme une tare génétique.
Claude R. ThéoTeX
(Extrait – avec accord – d’un E mail de Claude R. à Claude S.)