L’article Tout ramené à moi ? de Richards/O’BRIEN nous a rendus attentifs à l’écueil de nous approprier indûment des promesses qui ne nous concernent pas personnellement. D’autres articles alertent sur le danger inverse de ne pas se sentir concernés par celles qui nous sont vraiment faites. Jean-Paul Pelsy aimerait réfléchir avec vous sur une 3e attitude inappropriée face aux promesses de la Parole de Dieu.
J‘aimerais partager quelques réflexions pour donner suite à l’article « Tout ramené à moi ? » de Richards/O’BRIEN. Oui, notre époque est très marquée par un individualisme à tout crin. Je voudrais aborder cela sous l’angle de l’appropriation des promesses de la Parole de Dieu.
N’est-il pas exact, dans l’absolu, qu’en Christ nous avons un avenir et une espérance, à la fois personnelle et collective ?
N’est-il pas exact, qu’à cause de l’œuvre de Christ, en fin de compte toutes choses doivent concourir à notre bien ?
Cependant, n’y aurait-il pas un problème quant à notre façon de comprendre et par conséquent de vivre ces promesses ?
J’ai l’habitude de dire que si je prie tous les jours, voire plusieurs fois par jour : « donne-moi (ou nous !) aujourd’hui notre pain quotidien » et si je reste tout simplement assis dans mon fauteuil, je vais, finalement, mourir de faim !
Ceci malgré mes prières et les promesses divines.
Est-ce que nous n’agissons pas, bien souvent, selon ce mode de fonctionnement là en ce qui concerne les promesses ?
Ne nous arrive-t-il pas qu’une promesse particulière nous devienne si importante que nous ressentons qu’elle nous parle d’une manière spéciale, personnelle ? Nous décidons alors de faire nôtre cette promesse avec cette affirmation : « le Seigneur M’A donné cette promesse ».
Après cela, nous attendons béatement que puisqu’il l’a promis, eh bien il le réalisera aussi ?! En effet n’avons-nous pas cette autre promesse de Exode 14.14 : » C’est l’Éternel qui combattra pour vous. Quant à vous, gardez le silence !» ?
Puisqu’il en est ainsi, faudrait-il donc laisser Dieu seul agir et nous « restons assis dans notre fauteuil » !! Et c’est ainsi que ce qui aurait dû, effectivement, être une bénédiction devient une énorme source de déceptions !
N’avons-nous pas fait de cette recommandation d’Exode 14.14 une quasi généralité ? N’est-elle pas unique dans l’histoire du peuple de Dieu ? Du moins je n’en connais pas d’autre. En effet, la Parole de Dieu nous appelle bien plus souvent à l’action qu’à la passivité. Elle nous incite souvent à « nous lever », « à lutter et combattre » (cf, par ex, Luc 22.46 ; Éphésiens. 6.11, 13). Bien-sûr, la Bible ne nous dit pas de foncer tête baissée, mais de prendre le temps de réfléchir (cf. par exemple Luc 14.28).
Seulement Moïse, Aaron et Hur ?
De même, on met si souvent tellement en avant « il n’y a qu’à prier » en citant notamment Moïse, Aaron et Hur qui priaient sur la montagne.
Certes leur action était importante, indispensable, mais celle de Josué et de tout le peuple qui combattaient dans la plaine ne l’était pas moins !
Ils n’étaient qu’à 3 à accomplir l’action d’exception, mais par ailleurs tous les soldats payaient de leur personne et risquaient leur vie.
Il y a d’autres cas où des personnes ont tout simplement pris leurs responsabilités, comme nous sommes invités à le faire.
Quelques exemples : Noémi qui encourage Ruth à se faire remarquer de Booz, David qui a rempli ses devoirs de berger en attaquant le lion et l’ours, ou en choisissant méticuleusement les cailloux dont il allait se servir dans sa fronde pour tuer Goliath. Est-ce que ce ne sont pas des exemples typiques qu’on devrait classer dans cette catégorie des démarches qu’on qualifie, un peu péjorativement de volonté d’ « aider Dieu »?
Mais comment tant Noémi que David ont-ils qualifié leurs actions ? : « cela vient de l’Éternel », ou « l’Éternel m’a délivré ». Ils savaient qu’en agissant ainsi, ils faisaient ce qu’ils étaient appelés à faire, dans les circonstances du moment sans attendre de révélation particulière pour passer à l’action. Ils ne sont pas restés dans leur fauteuil, attendant en silence. David ne s’était pas non plus mis à genoux derrière un buisson pour prier ! Ils avaient appris, parfois à leur dépens (telle Noémi), parfois dans le vécu quotidien (tel David au travers de son travail de berger) que l’Éternel est bon, qu’il est leur Berger et qu’on peut lui faire confiance, dans les bons et les moins bons moments.
Qu’Il attend d’eux qu’ils prennent leurs responsabilités dans sa dépendance, en harmonie avec lui et sa Parole.
Quelles peuvent alors être les « actions » qui nous aideront à chercher à éviter de vivre ces déceptions ?
– chercher à comprendre dans quel contexte, dans quel but, dans quelles circonstances telle promesse (ça peut aussi être une interpellation) a été faite et si elle a été adressée à une (ou des) personnes spécifiques et en tirer les conclusions et conséquences qui s’imposent
– en faire un sujet de prière, sans chercher à imposer notre compréhension de la chose à Dieu !
Dans un premier temps il est bien souvent adéquat de mettre en pratique la recommandation de Lamentations 3.26 « – Il est bon d’attendre en silence le secours (ou l’intervention) de l’Éternel », ce qui permettra déjà d’y voir plus clair. Toutefois d’autres démarches peuvent s’avérer nécessaires, voire indispensables, telles que :
– solliciter une confirmation de la part de Dieu (cf, par ex, Juges 6.17 et svts).
– ne pas s’isoler avec son ‘idée », mais la soumettre à une ou des personnes de confiance.
Je connais un homme qui avait des insomnies (voire des états de semi conscience ), au cours desquelles « le Saint Esprit lui parlait », du moins il interprétait les réflexions qui lui passaient par la tête de cette façon.
Un matin il dit à son épouse : « cette nuit le Saint Esprit m’a dit telle et telle chose ». Et sa femme de le regarder droit dans les yeux et de lui dire : « ça ne va pas la tête chez toi ? ». À partir de ce moment cette personne a pris la sage résolution de toujours solliciter du Seigneur une confirmation à ses réflexions nocturnes. Confirmation qui ne devait pas être provoquée par une action intentionnelle, mais être précise dans l’une des lectures bibliques du jour ou des suivants. Bizarrement, à partir de ce moment, le « Saint Esprit » lui parlait beaucoup moins souvent !!!
D’emblée cette démarche nous permet de réaliser que l’individualisme est un piège, et que nous avons besoin des autres, car nous ne pouvons pas échapper à cette loi divine fondamentale : « il n’est pas bon que l’homme soit seul (Genèse 2:18) ».
Certes, malgré toutes ces précautions, il nous arrivera de nous « planter », parfois misérablement ! Pourquoi ? D’une part tout simplement parce que nous sommes et que nous resterons toujours des humains faillibles qui « bronchent de bien des manières » (Jacques 3.2) et peut être aussi parce que nos échecs sont des avertissements contre notre orgueil (2 Corinthiens 12.7). Par ailleurs, nous savons tous que nos échecs sont de bonnes leçons pour nous !
Nos échecs sont aussi pour nous des occasions pour mettre en pratique 1 Jean 1.9 et 10 – Si nous reconnaissons nos péchés (ou nos erreurs), Dieu est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis. Si nous prétendons ne pas être pécheurs (ou n’avoir rien à nous reprocher), nous faisons de Dieu un menteur et sa Parole n’est pas en nous.
Toutes les différentes phases de ce processus supposent une réelle proximité ou intimité avec notre Sauveur et Maitre. Comment y parvenir ? Nous sommes là en plein dans la vie de disciple. Aussi pour conclure j’aimerais encore citer un texte que Jésus adresse tout spécialement à ses disciples, c’est celui de l’évangile de Jean au chapitre 15 et les 14 premiers versets, c’est le récit de la parabole du Cep et des sarments, qui est l’image par excellence d’une grande proximité.
Jésus considère Ses disciples comme étant des sarments. En effet, il leur dit au v5 : « vous êtes les sarments ». Pourquoi sont-ils des sarments ? V3, parce qu’ils ont accueilli et cru à son enseignement. Ainsi nous aussi, en croyant à l’enseignement de Jésus, nous accédons à cette proximité, puisque nous devenons des sarments attachés au Cep. C’est la 1ère étape.
Puis Jésus leur recommande plusieurs fois de « demeurer en lui ou dans son amour ». Ça c’est la suite, c’est le processus permanent de la vie de disciple.
La clé de cet état de demeurer en lui est dans le fait de demeurer dans son amour. Quand nous avons cru en lui, c’est en son amour que nous avons cru. Nous avons réalisé que c’est par amour que Jésus est venu dans ce monde et a été jusqu’à cette mort horrible de la croix pour nous racheter et nous réconcilier avec Dieu. Il a fait cela alors que nous étions encore des pécheurs (Romains 5. 6 et 8). Pour demeurer attachés au Cep, nous pouvons et devons nous souvenir en toutes circonstances de cet amour et continuer, malgré tout, à croire en cet amour. Nous repentir quand nous avons bronché, c’est encore croire et retourner à cet amour.
Ainsi nous réalisons que cette proximité, même si elle peut s’accompagner de sentiments forts à l’égard du Cep et du Vigneron, n’est pas premièrement une affaire de sentiments, mais de foi en la Parole de Dieu, dans l’amour et la fidélité de ce Dieu.
Voici donc les promesses que nous pouvons accueillir sans hésitation et sans modération : v14 – Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.
V5 -Je suis le cep de la vigne, vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance, car sans moi, vous ne pouvez rien faire.
Cette proximité sera aussi indispensable pour la mise en œuvre, avec confiance, prudence et détermination de notre projet proprement dit. Car c’est bien le sarment (et non le Cep) unit au Cep qui porte le fruit.
Ainsi, sans tomber dans le piège de l’activisme, nous évierons celui de la passivité !
V11 – Tout cela, je vous le dis pour que la joie qui est la mienne vous remplisse vous aussi, et qu’ainsi votre joie soit complète.
Amen, Alléluia
Jean-Paul PELSY est, comme moi, un « ancien ancien » d’une communauté évangélique voisine de la nôtre, toujours actif dans son église locale.
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