Lire l’Ancien Testament dans l’optique de la nouvelle Alliance, qu’est-ce que cela signifie ? (suite de Lire l’A T dans la nouvelle Alliance -1 (CS)
Nous avons vu que toute Écriture est inspirée de Dieu et nous est destinée, donc aussi ce que nous appelons l’Ancien Testament, et que Richard Doulière nomme plus judicieusement le 1e Testament. Mais nous avons dit qu’il est important de le lire avec les yeux de la Nouvelle Alliance, et non comme si Jésus n’était pas venu ! Qu’est-ce que cela signifie ?
C’est sur le site La Rebellution que j’ai relevé cette phrase :
Si tu lis l’Ancien Testament comme une simple narration, sans parvenir à voir le lien avec Jésus, tu manques le but !
Ce serait dommage, effectivement d’expliquer un psaume comme le ferait un rabbin dans sa synagogue ! Alors, comment faire ? Je vous propose de le découvrir dans 3 types de textes :
Les prophéties :
Ces textes parlent clairement de Christ. Y découvrir Jésus est assez facile.
Par exemple :
Ésaïe 7.14 : … c’est le Seigneur lui-même qui vous donnera un signe : la vierge sera enceinte, elle mettra au monde un fils et l’appellera Emmanuel.
Psaumes 22.17 à 19 : …ils ont percé mes mains et mes pieds. Je pourrais compter tous mes os ; eux, ils observent, ils me regardent, ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort mon habit. »
Jésus utilisait amplement ces textes.
Par exemple, aux disciples sur le chemin d’Emmaüs, « en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » Luc 24.27
Mon épouse (*1) me fait une remarque intéressante. Jean-Baptiste est en prison et envoie des disciples vers Jésus pour s’enquérir de son identité. Il pouvait nourrir l’espoir que le Messie allait le libérer, lui, son héraut. Or, que fait Jésus ? Il lui fait transmettre le résumé de ses actions, conformes à Ésaïe 29.18, 35.8 et 12.7. En omettant la dernière prophétie, celle de libérer les captifs !??
manifestement, il n’était pas dans le projet du Seigneur de libérer Jean.
Stupeur : quel libérateur d’Israël du joug des Romains se serait passé d’un tel lieutenant, vers qui les foules affluaient dans le désert ?
Eh oui, tel n’était pas le ministère du Christ, et cela doit nous rendre très prudent dans l’interprétation eschatologique de ce qu’on appelle les prophéties. Au lieu de leur attribuer hâtivement une portée historico-politique, ne perdons pas de vue la visée spirituelle de tout le déroulement de l’histoire des hommes sous la souveraineté de Dieu. ici : il vient délivrer les captifs des chaînes de leurs cœurs!
Les auteurs du NT citaient beaucoup ces textes.
Pierre nous dit dans sa 1e lettre ch.1, v11, que c’est l’Esprit de Christ qui était dans les prophètes, et qui attestait d’avance les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies. Le même Pierre à la Pentecôte en Actes 2, cite le prophète Joël et les Psaumes en rapport avec l’œuvre de Christ et la nouvelle période qui s’ouvre. Philippe, en Actes 8, annonce la bonne nouvelle de Jésus à partir d’Ésaïe 53. Etc.
Les préfigurations :
Une deuxième manière de découvrir Christ dans l’Ancien Testament, c’est d’être attentif aux préfigurations de Christ qui s’y trouvent. Des personnes qui ne sont pas Christ, mais ont des points de ressemblance confirmés par le NT.
Quelle est la 1e préfiguration de Christ ? C’est Adam !
Romains 5.14, 15 : La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur les hommes qui n’avaient pas commis une faute semblable à celle d’Adam qui est comparable à celui qui devait venir. Mais il y a une différence entre la faute d’Adam et le don gratuit de Dieu ! En effet, si la faute d’un seul a conduit à la mort de beaucoup, à bien plus forte raison la grâce de Dieu accordée gratuitement par un seul homme, Jésus-Christ, a surabondé pour beaucoup.
D’autres exemples : Melchisédek, le mystérieux roi de justice et de paix, à qui Abraham donna la dîme, le bélier remplaçant Isaac sur l’autel du sacrifice (et tous les sacrifices d’animaux), ou Joseph vendu par ses frères, puis sauvant l’Egypte et ses frères de la famine, Moïse, faisant sortir le peuple de l’esclavage, le sang de l’agneau pascal protégeant les Juifs du massacre des premiers-nés, David, affrontant Goliath, etc.
Tous les autres textes :
Il reste beaucoup de textes où c’est bien moins évident de découvrir Christ, et pourtant, toutes les Écritures parlent de lui (pas forcément dans chaque verset)!
Nous ne devons pas manquer le but a dit le frère rébellutionnaire ! Manquer le but m’a fait penser à rater la cible, la cible d’une compréhension juste de l’AT.
Je vous propose 3 zones d’exploration des Écritures, selon les 3 zones de la cible.
Appelons la zone extérieure « Moi-même ».
Une flèche dans cette zone signifie découvrir dans notre texte ce qui nous concerne, nous.
Cette première zone d’exploration, c’est donc la zone des exhortations et des encouragements pour notre vie de tous les jours, nous en avons tant besoin ! C’est aussi la zone de notre obéissance et de nos engagements, sans oublier notre repentance.
Ici, il s’agit clairement de nous, autant de notre vieux moi que de l’homme nouveau que nous sommes devenu. Là, nous comprenons beaucoup comme Moïse, David, et les Juifs qui lisent leur Bible. Mais cet héritage précieux du peuple juif est bien sûr transcendé pour nous par la nouvelle Alliance en Jésus, comme nous l’examinons dans la zone de la Grâce. (Aucune frontière hermétique entre les zones, bien au contraire !)
La zone médiane sera celle de « la Grâce ».
Ici, nous nous souvenons que nous sommes dans la nouvelle Alliance, par la mort du Sauveur à notre place. La grâce en Jésus donne un nouveau sens aux paroles du psaume (par exemple), un sens qui échappait encore grandement au psalmiste. Parfois, c’est par contraste que nous découvrons le message de la grâce, en constatant l’insuffisance de ce que vivaient les pères de l’ancienne Alliance et en nous réjouissant de ce que nous avons de plus en Jésus. (C’est le message de la lettre aux Hébreux, par exemple !)
Enfin, la zone centrale, je l’ai appelée « Lui-même » !
Avec la mort sur la croix de notre Sauveur, ne sommes-nous pas au cœur du message ??
C’est effectivement très précieux. Mais remarquez-vous qu’à ce stade, nous sommes encore préoccupés de nous-mêmes, de ce que Dieu a fait pour nous, c’est encore nous qui sommes au centre !
Pas d’une manière pécheresse, mais c’est juste pour dire que nous pouvons encore faire un pas de plus, porter notre attention pas seulement sur ce que notre Sauveur a accompli… pour nous, mais sur ce Sauveur lui-même !
Paul a écrit aux Corinthiens qu’il ne voulait rien leur prêcher d’autre que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.
Illustrons cela avec des extraits de 3 textes, tirés du Livre des Psaumes, très utilisé pour nourrir notre louange et notre adoration. Voici le 1e :
Psaumes 90.10 : Le temps de notre vie ? C’est 70 ans, au mieux : 80 ans pour les plus vigoureux ; et leur agitation n’est que peine et misère. Car le temps passe vite et nous nous envolons.
>> 70 ans, 80 ans… Plusieurs d’entre nous ont fait l’expérience douloureuse de la perte d’un être cher bien avant cet âge de 70 ans ! D’autres, presque centenaires, parfois alités depuis une dizaine d’années, se désolent de ce Dieu semble avoir oublié de venir les prendre, et il arrive que certains finissent par ne plus avoir la tête bien claire. Quelle souffrance !
Alors, ce texte est-il une promesse ? Est-ce que les Psaumes sont un livre de promesses de Dieu ? Y lisons-nous : Moi, l’Éternel, je te promets… ?
Bien plutôt, les Psaumes sont un mouvement de l’âme de l’homme vers Dieu, autrement dit, des prières de tous genres, où le psalmiste exprime ce qu’il constate, ce qu’il déplore, ce qui le révolte, ce qu’il supplie Dieu de changer pour lui, mais aussi ses remerciements, ses louanges, son adoration !
Nous avons un Dieu à qui on peut tout dire, un Dieu qui nous écoute ! Il faut de même faire attention pour la lecture des autres livres poétiques, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques qui ont leurs règles d’interprétations spécifiques desquelles on fait bien de prendre connaissance. Alors que tirer de ce texte ? À titre d’exemple, voici mes suggestions :
La mention NT signifie que je ne resterai pas enfermé dans mon psaume, mais que je rapprocherai mon texte d’autres du NT, c’est vital !
Ici, j’ai commencé à rechercher ce qui me concerne moi-même dans ce texte.
Cela m’a amené à considérer ce que la grâce de Dieu change à ma vie.
Et tout naturellement, nous arrivons à contempler le Seigneur lui-même.
Nous pourrions étudier de la même manière Psaume 127.3 à 5, pour juste citer des versets « problématiques » de ce psaume, qui semble affirmer plusieurs fois qu’avoir des enfants serait une récompense ou un héritage de l’Éternel.
Quelle souffrance pour des couples où la venue de l’enfant tarde ! Les questions peuvent se bousculer dans la tête : Une récompense ? Pourquoi en sommes-nous privés ? Nous devons avoir honte ??
Oh que non ! Avez-vous remarqué que ce texte est dans un contexte de guerre ? Le psalmiste souhaite que Dieu donne de nombreux garçons à son peuple pour avoir de nombreux soldats ! Et nous ? Je vous laisse placer vos 3 flèches vous-mêmes au bon endroit, pour comprendre ce que nous pouvons en tirer pour nous-mêmes, pour la compréhension de la grâce et pour la connaissance de notre Dieu ! Sans oublier de vous référer au NT !
Prenons un 2e texte :
Psaume 139.19 à 21 : Puisses-tu, ô Dieu, faire mourir le méchant ! // Éternel, comment donc ne pas haïr ceux qui te haïssent, et ne pas prendre en dégoût ceux qui te combattent ? Je les considère comme mes ennemis mêmes.
Le psaume 139.7 est encore plus… féroce : Babylone, heureux celui qui prendra tes enfants pour les écraser contre un rocher ! Horrifiés ? Mais connaissons-nous si mal nos cœurs pécheurs et leur capacité de violence et de haine ?
Aussi, voici pour moi la saine zone « Moi-même » de ce texte, qui provient d’ailleurs du même psaume, et les 2 autres zones qui en découlent :
Et nous terminons avec le 3e texte exemple :
Psaume 142.6 à 8 : Éternel, sois attentif à mes cris, car je suis bien faible ! Délivre-moi de ceux qui me poursuivent, car ils sont plus forts que moi !
Fais-moi sortir de ma prison afin que je célèbre ton nom !
Il se peut que le lecteur soit harcelé (ou ignoré) par un « ennemi » (réel ou supposé), dans le voisinage, au boulot, dans la famille, ou… dans la communauté de l’Église, eh oui ! Le Seigneur permet ces choses pour notre sanctification et sa gloire, c’est mon expérience.
Mais… quel est mon véritable ennemi plus fort que moi ? Mon moi !
J’ai lu un article décapant d’Évangile 21. (https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/le-seduisant-peche-dont-on-ne-parle-jamais/?ct=t(RSS_EMAIL_CAMPAIGN)
L’auteur signalait un péché dont on ne parle jamais : l’apitoiement sur soi. Je confesse que c’est un péché majeur dans ma vie, que j’amène toujours à nouveau à la croix, c’est alors une vraie libération.. C’est un mensonge du diable, d’insinuer la pensée que les autres pourraient être mon problème, parce qu’ils égratignent ou malmènent mon gros moi !
Le seul problème, ce sont mes réactions d’apitoiement sur moi-même, qui alors me voilent la souveraineté de Dieu et m’empêchent de prendre à cœur les vraies détresses des autres ! >> repentance !>> NT Jésus a vaincu ce qui me domine ! Il a vaincu le diable et a résisté à toutes ses tentations ! Semblable à nous, mais sans pécher. Dieu et souverain sur ma vie !
Le psaume suivant a le même thème :
Ps 143.3 à 12 : L’ennemi me poursuit, il veut me terrasser ; il me fait habiter dans les ténèbres comme ceux qui sont morts depuis longtemps. Mon esprit est abattu en moi, mon cœur est consterné au fond de moi. Je me souviens des jours passés, je pense à toute ton activité, je réfléchis au travail de tes mains. Je tends les mains vers toi, je soupire après toi comme une terre assoiffée. – Pause.
Réponds-moi vite, Éternel, car mon esprit s’épuise. Ne me cache pas ton visage, car je deviendrais pareil à ceux qui descendent dans la tombe.
Dès le matin, fais-moi entendre ta bonté, car je me confie en toi !
Fais-moi connaître le chemin où je dois marcher, car je me tourne vers toi ! Délivre-moi de mes ennemis, Éternel ! C’est en toi que je cherche un refuge. Enseigne-moi à faire ta volonté, car c’est toi qui es mon Dieu.
Que ton bon Esprit me conduise sur le terrain de la droiture !
À cause de ton nom, Éternel, rends-moi la vie !
Dans ta justice, délivre-moi de la détresse ! Dans ta bonté, réduis mes ennemis au silence et fais disparaître tous mes adversaires, car je suis ton serviteur !
Oui, s’apitoyer sur soi nous déprime ! Et la solution de la nouvelle Alliance n’est pas de prier de réduire mes ennemis au silence, c’est bien plutôt de remercier le Seigneur d’avoir vaincu l’ennemi en moi !
En conclusion,
je vous encourage à prendre ce reflexe d’exploration de l’AT, sans négliger aucune zone. Pas forcément toujours dans le même ordre, et
– en interactivité l’une avec l’autre,
– en interactivité avec les textes éclairants du NT sur le même thème.
Si nous voyons surtout la zone « Moi-même » : nous sommes dans le légalisme, nous vivons des frustrations, ou des repentances continuelles sans victoire.
Si nous ne considérons que la zone « Lui-même » : on adore un Dieu glorieux, mais déconnecté de nos vies. Lui seul doit avoir la gloire, donc nous nous mortifions sans cesse. Ou alors, nous adorons notre Dieu comme d’autres adorent le leur, de manière éclectique (en connaisseur !) ou mystique, en contemplant par exemple Christ dans ses souffrances physiques, sans nous attarder sur l’expiation de nos péchés. J’avouerai que les livres qui nous invitent à adorer et aimer Dieu juste pour Lui-même, pour sa gloire, me mettent mal à l’aise. Ils dépeignent un Dieu qui n’aime en dernière analyse que sa gloire, et oublient l’incroyable amour du Sauveur pour ses brebis perdues.
Et si nous ne nous attardons que dans la zone de la Grâce ??
Ce « déséquilibre » n’existe pas ! Car une vraie expérience de la grâce du calvaire mène forcément à la repentance, la foi et l’obéissance, (zone « Moi-même), et à l’adoration (zone Lui-même ! )
Et moi, qu’est-ce que je vise avec cet article ?
J’avoue qu’avec ces deux articles, j’exprime un fardeau qui pèse encore plus lourd sur mon cœur que celui qui m’a motivé à créer ce blog.
En effet, je constate des dommages d’un centrage sur l’homme dans notre piété beaucoup plus grands que ceux occasionnés par un déterminisme calviniste (que je rencontre vraiment très peu dans les Églises que je côtoie, la nôtre y compris).
Pour le centrage de notre piété sur l’homme, j’ai vécu un cas extrême (et unique heureusement à ce degré). Lors de ce culte, ni le conducteur de louanges ni le prédicateur n’avaient évoqué de près ou de loin notre Sauveur bien-aimé…
Est-ce qu’un aîné qui est heureux de laisser de plus en plus sa place au micro à la belle génération montante peut partager 3 conseils avec les conducteurs de louange chargés d’entraîner l’assemblée dans la louange et l’adoration ?
1. Prenez le temps de bien travailler le texte qui vous a touché :
on ne met pas des patates, de la viande et des légumes crus sur la table, en demandant à chacun d’apprêter le repas : ça, on peut le faire à la maison.
Un grand problème de notre époque : les jeunes frères sont souvent happés par leur profession, où les exigences sont de plus en plus fortes !
Que ceux qui, comme moi, ont le temps, les portent dans la prière !
2. Étudiez le texte en explorant les 3 zones de découverte, jusqu’à vibrer vous-même assez d’émerveillement pour transmettre votre flamme.
Si vous êtes sûr que la vie chrétienne ne peut pas se vivre sans Christ, cela se remarquera dans vos paroles !
3. Impliquez-vous dans ce que vous lisez :
Parlez de vos découvertes, de vos luttes, de vos chutes, de votre repentance : l’assemblée n’a pas besoin d’un cours académique : celui-ci, ils le trouveraient sur le Net ! Ils ont besoin de voir l’Évangile vécu par ceux qui le prêchent !
Ils ont besoin de savoir que vous vous débattez avec les mêmes problèmes qu’eux, et que vous savez où les apporter !
La vraie louange et la vraie adoration ne peuvent être dissociées de la repentance, car découvrir les perfections de Christ nous met en présence de nos manques, et de la grâce pour y faire face !
Apocalypse 5.12 :
L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire, et la louange !
(*1) : Elle pense avoir lu quelque chose d’approchant chez Philipp Yancey :
La Bible que Jésus lisait (Philipp Yancey)
Compléments :
Christ au cœur de la prédication (Graeme Goldworthy)
L’utilisation des Psaumes dans l’histoire du peuple de Dieu
Les Béréens n’avaient pas de Bible : réenvisager Actes 17
Comment résumer l’Ancien Testament en 2 000 mots ?
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