Certains théologiens calvinistes ont suggéré que si Jésus était vraiment mort pour toute l’humanité, alors la majeure partie des efforts consentis par lui l’a été en pure perte, puisque tant d’êtres humains le rejettent, et ils ajoutent que Dieu ne gaspille ni son temps ni son énergie.
On se trouve dans le même cas de figure que les disciples qui considéraient que le parfum coûteux répandu sur Jésus était du gaspillage. Certains disaient effectivement: « À quoi bon cette perte ? » (Mt 26.8).
Bien au contraire ! Marie a exprimé de la sorte la profondeur et l’étendue de son amour qui échappe à la logique et à la raison.
Or tout l’ordre naturel créé par Dieu est marqué par le phénomène de gaspillage apparent.
Considérons par exemple les glands qui tombent du chêne. Ce sont tous des graines remarquables qui contiennent le merveilleux potentiel de vie, mais seuls quelques-uns produiront un nouveau chêne.
Lorsqu’on prêche ou qu’on rend témoignage, tout le monde ne prête pas attention aux paroles prononcées et n’en retire pas les bienfaits.
Faut-il en déduire que le message est gaspillé ? Pas du tout !
L’orateur le délivre sincèrement et honnêtement à tous les auditeurs présents, mais il ne peut pas les forcer à prêter attention à son enseignement, à l’assimiler et à l’appliquer.
Dans l’épisode attendrissant rapporté dans Marc 10.16, on amena des petits enfants à Jésus qui les prit dans ses bras, leur imposa les mains et les bénit. Est-ce un tableau d’exclusion ou d’inclusion ? En Matthieu 15.32, il est parlé de la compassion de Jésus pour les foules :
« Jésus, ayant appelé ses disciples, dit : Je suis ému de compassion pour cette foule ; car voilà trois jours qu’ils sont près de moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. »
Notons que Jésus témoigne de la compréhension et de la compassion pour les motivations mitigées qui les poussent à le suivre. Il ne les juge pas et ne les condamne pas. Dans tout groupe de personnes, les motivations sont mélangées, mais qu’il s’agisse de groupes d’enfants ou d’adultes qui se pressent autour de Lui, il étend sa compassion à tous.
Jésus a cependant parfois des paroles très dures pour des adversaires particuliers comme les Pharisiens. Comment faire cadrer cette notion avec l’idée selon laquelle Dieu choisit les uns et refuse tout secours à d’autres ? Notre précieux Seigneur est immensément riche en compassion, bien plus que nous pourrions l’imaginer. Quel but poursuivraient nos efforts de restreindre son offre de miséricorde à un certain groupe humain déterminé et sélectionné d’avance ? Plus le nombre de gens qui répondent favorablement à Dieu et se tournent vers lui est élevé, plus il y a de la joie dans son cœur et parmi les myriades d’anges dans le ciel !
Un bel exemple de la bonté et de la compassion de Dieu est offert dans ses rapports avec le prophète Elie. Elie voulait mourir, mais Dieu envoie un ange lui offrir de l’eau et un gâteau, puis l’ange revient avec de la nourriture pour le voyage qui va durer quarante jours. On n’entend aucun reproche de sa part à travers le découragement de son serviteur ; il y a aussi l’absence totale de propos durs (1 Rois 19.4-16).
Dans sa bonté infinie, on remarque que Dieu présente à ses enfants un choix lorsqu’ils désobéissent et il les informe du bon choix à faire
(Jérémie 21.8-9).
Que penser de l’idée que Dieu puisse priver certains de son offre miséricordieuse alors que tous les êtres humains sont également coupables ? N’irait-il gravement à l’encontre de la justice que Dieu lui-même réclame des hommes, dont la droiture ne sera jamais qu’un reflet extrêmement pale de la sienne ?
« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Mi 6.8). Notons combien Dieu est riche en bonté et en amour :
« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) » (Ep 2.4-5). C’est l’obéissance, et non la désobéissance, qui glorifie notre Dieu qui prend plaisir à notre amour et à notre bonté : « Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l’Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre ; car c’est à cela que je prends plaisir, dit l’Éternel » (Jr 9.24).
Les références à la miséricorde de Dieu sont au nombre de plus de trois cents, réparties dans plus de quarante et un livres différents, et en font un des thèmes majeurs de l’Écriture. Il existe deux fois moins de textes qui disent que Dieu entre en jugement. Certes, les statistiques sont parfois trompeuses, mais dans ce cas précis, la fréquence relative de ces thèmes revêt une certaine signification. Un passage clé de Néhémie montre combien Dieu est compatissant envers les pécheurs. Au début de leur histoire, les Israélites s’étaient comportés de façon arrogante et provocatrice ; ils s’étaient ignominieusement révoltés contre Dieu et contre Moïse, le serviteur qu’Il avait choisi. Ils avaient méprisé les miracles que Dieu avait accomplis pour opérer leur délivrance, et s’étaient adonnés à l’idolâtrie. La prière de Néhémie indique aux générations subséquentes combien l’Éternel s’était montré plein d’amour, de bonté et de bienveillance en réponse à tant d’infidélité de la part de son peuple.
« Mais nos pères se livrèrent à l’orgueil et raidirent leur cou.
Ils n’écoutèrent point tes commandements, ils refusèrent d’obéir, et ils mirent en oubli les merveilles que tu avais faites en leur faveur.
Ils raidirent leur cou et, dans leur rébellion, ils se donnèrent un chef pour retourner à leur servitude. Mais toi, tu es un Dieu prêt à pardonner, compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et tu ne les abandonnas pas » (Né 9.16-17).
N’est-ce pas le portrait d’un Dieu sublime qui est dépeint ici, un Dieu qui répond à la rébellion de l’homme par tant de bonté ? C’est le Dieu que nous adorons, celui qui aspire à devenir l’ami des pécheurs et qui se tient près de ceux qui sont humbles de cœur. À propos du thème de la compassion, voir aussi les Psaumes 86.5 ; 103.17 ; 108.5 ; 109.26 et 145.8. Puis, voir la grande miséricorde de Dieu qui est un thème récurrent dans le Psaume 136.
Gardons-nous d’imaginer que les œuvres de Dieu se limitent aux activités connues de l’Église confessante. Soyons assurés que Jésus vécut et mourut pour tous les hommes et que son offre de pardon atteint les extrémités du monde, qu’elle inclut et embrasse tout être humain. C’est une offre de compassion parfaitement authentique et sincère adressée à toute l’humanité.
« Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous » (Ro 11.32, italiques rajoutés).
Demandons-nous de nouveau de quel droit nous donnerions au premier « tous » de cette déclaration limpide un autre sens qu’au deuxième ?
Serait-ce l’interprétation correcte ?
Dans Romains 8.32, il est clairement affirmé que Jésus a été livré « pour nous tous ». Pourtant, Paul aurait pu saisir cette merveilleuse occasion d’affirmer que Jésus a été livré seulement « pour les élus », ou « pour ceux que Dieu a choisis ». Néanmoins, Paul rappelle le principe dominant d’un amour non contraignant. Dieu ne force personne à entrer dans son royaume, mais il conserve à chaque individu une véritable liberté de choix, au sens où les gens ordinaires le comprennent.
Pour ceux qui ont encore du mal à concevoir la compassion de Dieu étendue à toutes ses œuvres et au monde entier, je leur suggère maintenant de prendre du temps et de méditer les cinq textes fondamentaux suivants, et même de les apprendre par cœur. Jésus a payé la rançon pour tous les fils des hommes :
« [le Christ-Jésus]… s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Ti 2.6). Dieu porte dans son cœur le souci du bien-être éternel du monde entier :
« Il est Lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jn 2.2).
La compassion du Seigneur est éternelle :
« Célébrez l’Éternel, car Il est bon, car Sa bienveillance dure à toujours ! » (1 Ch 16.34). Jésus n’est pas venu sur terre seulement pour être le Rédempteur d’une poignée d’élus sélectionnés d’avance :
« Nous travaillons, en effet, et nous combattons, parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (1 Ti 4.10).
Nous invoquons Dieu et Il répand sa miséricorde sur nous :
« Car toi, Seigneur, tu es bon et clément, riche en bienveillance pour tous ceux qui t’invoquent » (Ps 86.5).
Précisons qu’il ne s’agit pas ici de Dieu qui nous appelle au salut, mais de nous qui l’appelons. Le Psaume 86 ne dit pas que Dieu étend sa compassion avant que l’homme ait imploré son secours. Notre état de « mort » ne nous limite pas et ne nous empêche pas de crier à Dieu pour qu’Il nous sauve de nos péchés. (Italiques rajoutés dans ce paragraphe).
Marquons une pause et nourrissons-nous du fait réconfortant et universel que la compassion de Dieu est abondante. Mais les conditions pour en bénéficier sont clairement délimitées dans toutes les Écritures.
Si nous choisissons de l’honnêteté et de la franchise strictes avec Dieu, en confessant nos péchés et en désirant d’abandonner tout péché connu, nous avons l’assurance qu’Il fera preuve d’une grande compassion envers nous.
« Celui qui dissimule ses fautes ne réussit pas. Mais celui qui les confesse et les délaisse trouve de la compassion » (Pr 28.13).
Une partie de la difficulté que Jonas éprouvait à prêcher le jugement sur Ninive découlait de sa connaissance de l’extrême bonté de Dieu. Dieu pouvait très bien ne pas faire ce que Jonas était chargé de prédire :
« Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal » (Jo 4.2).
Certaines mises en œuvre des jugements du Seigneur sont liées à la résistance des gens à son appel à la repentance ou, au contraire, à leur obéissance. Lorsque l’être humain réagit à ses avertissements par la contrition et le remords, Dieu retient sa main. Dieu peut très bien ne pas donner suite à une prophétie de châtiment si les gens choisissent de se repentir sincèrement et de tout leur cœur. C’est ce qui s’est passé pour les habitants de Ninive (Jonas 3.10).
Un autre exemple se trouve dans Jérémie 26.12-13 :
« Jérémie dit à tous les ministres et à tout le peuple : L’Éternel m’a envoyé pour prophétiser contre cette maison et contre cette ville toutes les paroles que vous avez entendues. Maintenant réformez vos voies et vos agissements, écoutez la voix de l’Éternel, votre Dieu, et l’Éternel regrettera le mal qu’il a prononcé contre vous. » .
Une question se pose : qu’en est-il de ceux qui n’ont jamais entendu l’Évangile de la bouche d’un chrétien ou qui n’ont jamais eu l’occasion de lire ou d’entendre sur les ondes quoi que ce soit concernant Jésus ?
Il existe de bonnes réponses à cette question, mais elles sortent du cadre de cet ouvrage. De nombreuses voies par lesquelles Dieu sauve des âmes aux quatre coins du monde sont voilées à nos yeux, mais soyons certains que son œuvre s’étend bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.
Mais quant à ceux qui possèdent et comprennent sa Parole écrite, ils sont placés devant une décision d’importance considérable, celle de se repentir et chercher Dieu :
« Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur » (Jr 29.13).
Ésaïe nous rappelle, lui aussi, notre besoin fondamental de prendre l’initiative et de nous tourner vers Dieu :
v« Cherchez l’Éternel pendant qu’Il se trouve ; invoquez-Le, tandis qu’Il est près » (Es 55.6).
Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message ici : https://www.youtube.com/watch?