Éphésiens 1.4,5 : Élus dès avant la fondation du monde ?

Que dire de cette déclaration : 
« En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui ; il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus–Christ, selon le bon plaisir de sa volonté. » ? (Éphésiens 1.4-5)

Voici 6 contributions pour éclairer cette problématique :

r1>> Denis G. Clark dit qu’il nous faut bien comprendre que nous avons été choisis «en Christ» et non pas «choisis pour être en Christ».
Cela signifie que, puisque Dieu a choisi le Christ, il a aussi choisi tous ceux qui seront unis à lui ». Puis il illustre ce verset de la manière suivante :

«Par exemple, je pourrais décider de faire une faveur particulière à l’un de mes fils et décider : ‘Celle qui épousera mon fils sera considérée comme une fille toute particulière et recevra des cadeaux à part’. Cela ne signifierait pas que je choisirais la fiancée de mon fils, mais que celle qui tomberait amoureuse de lui et qu’il déciderait d’épouser serait acceptée par moi et recevrait ce que j’ai promis. Parce que j’aime mon fils, je l’accepte, elle, en lui, et j’annonce cette promesse avant de savoir qui elle sera ».

Ensuite, il s’agit de voir dans quel but a eu lieu ce choix. Pour poursuivre l’analogie : «Je pourrais dire que celle qui épousera mon fils bénéficiera de la meilleure éducation à mes frais, de sorte qu’elle fasse honneur à la famille, et elle recevra en temps voulu sa part d’héritage dans mon testament: elle sera cohéritière avec mon fils (cf. Éph 2.10; 1 Pi 1.2; 2.9) »

Denis G Clark, cité par Alfred Kuen, dans son Encyclopédie des difficultés bibliques, Les lettres de Paul, p 344


r2>> Dans son commentaire biblique sur la lettre aux Éphésiens, Fritz Rienecker dit que « d’abord, tous les hommes étaient élus par Dieu pour un but suprême. La création de l’homme à l’image de Dieu était déjà une élection par rapport à l’ensemble de la création, une expression glorieuse de la sagesse, de la bonté et de l’amour de Dieu.
L’auteur donne l’exemple de cette faculté de réfléchir sur Dieu et sur lui-même qui a été donnée uniquement à la créature humaine qui seule, peut se poser les grandes questions : D’où vient tout ce qui existe ? Pourquoi vivons-nous ? Qu’est-ce que la mort? »

L’auteur souligne ensuite un deuxième signe de la ressemblance de l’homme avec Dieu : la liberté de la volonté qui fait de lui un être responsable. Malgré la Chute, dit-il, celui qui acquiesce à cette volonté de Dieu « affermit son élection éternelle décidée avant la création du monde» et fait partie des « élus de Dieu ».

Paul écrit « aux saints qui sont à Éphèse et aux croyants en Jésus-Christ». Nous constatons :

  1. qu’il ne s’adresse pas à tous les hommes mais seulement aux membres de l’Église de Jésus ;
  2. qu’il n’est pas question d’une élection en vue du salut, mais en vue d’un certain but: être saint devant Dieu;
  3. qu’il n’est pas dit que certains sont élus par contraste à d’autres qui sont rejetés.

Israël a été choisi en vue d’un certain service : il devait répandre la connaissance de Dieu parmi les autres peuples (Es 43.9-13; 44.6-8; 45.3, 5, 6, 20) afin qu’eux aussi se tournent vers ce Dieu (Es 52.10; Ez 36.36; 37.28; 38.23; 39.23; Za 8.23). Comme Israël a failli à sa mission, ce service a été conféré à l’Église, élue en vue de servir

D’après Fritz Rienecker Der Brief des Paulus an die Epheser , publié par plusieurs éditeurs. L’auteur était un théologien et pasteur allemand (1857-1965), auteur d’un commentaire biblique en plusieurs tomes. que mes parents avaient dans leur bibliothèque familiale… 


r 3 >> L’apôtre ne dit pas que Dieu a choisi « certains d’entre nous » pour le salut avant la fondation du monde, mais qu’avant la  fondation du monde, il avait décidé que le salut s’opérerait en Jésus et par lui et qu’il se caractériserait par une vie d’amour et de sainteté pratiques.

L’accent porte avant tout sur la qualité de la relation et sur la nécessité de mener une vie sainte en tant qu’enfants d’adoption dans sa famille, et non en tant qu’esclaves.

La même pensée se trouve dans Éphésiens 1.11-12 :
 » En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de  celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à  la louange de sa   gloire,  nous  qui  d’avance  avons  espéré  en Christ »

Puisque Dieu  veut que  personne ne périsse, il est bien entendu que l’expression « toutes choses » inclut sa résolution souveraine de préserver une authentique liberté de choix de l’être humain et de responsabilité à l’égard de tout péché connu.

À qui correspond le « nous » dont Paul parle ? Notons attentivement sa manière de s’exprimer. Il  ne  dit pas  « nous que Dieu a choisis  pour  être ses  enfants », mais « nous qui d’avance avons espéré en Christ. »
Ces passages révèlent qu’avant le commencement du temps, Dieu a prévu les moyens de nous faire entrer dans cet héritage merveilleux. Il nous sera accordé par Jésus-Christ, et tous ceux qui décident de croire en lui deviennent par sa grâce frères et sœurs de Jésus ; des enfants d’adoption, et non des esclaves.

Dès à présent, nous devons vivre à la louange de sa gloire au lieu de vivre pour nous-mêmes, et lui ressembler chaque jour davantage. Dans ces passages de l’Écriture on ne trouve pas la moindre suggestion que Dieu choisit arbitrairement d’avance ceux qu’il veut sauver.
Dudley Ward  (extrait de  : « La prédestination est-elle un mystère  « )

r 4 >> Ephésiens 1.5 James M. Rochford
(une contribution d’Arminianisme Évangélique)

r5 >> Un Dieu électeur ?  Un souverain qui a élu ses sujets ? Oui, et quelle joie de savoir cela, car jamais nous ne l’aurions choisi nous-mêmes !
Le Roi des rois élit les hommes, soit pour une tâche, soit pour le salut ! Illustrons ces deux options ainsi :

 L’élection pour une tâche : Mon épouse et moi avons « élu » notre voiture sans demander son avis. J’apprécie mon auto, j’en prends soin, mais je ne lui parle pas, ne la consulte jamais, même pour les choix qui la concernent, elle. Je la conduis où je veux, quand je veux, au service de nos projets.
Ainsi, Dieu, gouverne le monde en souverain absolu puissant, juste, sage, aimant.

L’élection d’amour : Quand j’ai choisi l’élue de mon cœur, je l’ai courtisée. J’aspirais à ce qu’elle partage mes sentiments, je souhaitais – et souhaite toujours – la rendre heureuse à mes côtés. Depuis plus de quarante ans, nous élaborons notre projet de vie ensemble, dans un esprit d’amour et de pardon.
Ainsi, Dieu prépare une « épouse » pour son Fils. Il unit à lui pour toujours tous ceux qui se laissent élire, justifier, sauver et transformer par lui.

Une grande différence : Dans notre couple, nous avons tous deux « cédé » à l’amour de l’autre. Notre relation avec Dieu, elle, vient de la seule force d’attraction de son amour à lui ! Adorons notre Dieu souverain et amoureux !                    Claude

r6  >> 1.5   nous ayant destinés d’avance à être, pour Lui, des fils d’adoption par Jésus-Christ selon le projet bienveillant de sa volonté…

Le verset 4 disait l’élection fruit de l’amour. Le verset 5 y ajoute la prédestination. Mais ce mot est chargé d’une telle confusion ou pesanteur théologique[1] que nous avons préféré le décomposer selon son sens strict ; prédestiner ne signifiant pas autre chose que ‘destiner d’avance’. Nous ne devons pas confondre élection et prédestination. L’élection ne laisse aucune place au mérite ─ Paul vient de la dire fruit de l’amour. Ce qu’affirmait déjà, par exemple, Deutéronome 7.6-8[2] ─ et ne réclame aucune condition ; elle a pour but un service, un ministère. Elle est absolument souveraine. La rapporter à la foi plutôt qu’à un rôle à remplir peut conduire à des affirmations erronées.[3] »
La prédestination, elle, prend son sens dans la chose à laquelle elle se rapporte. ─ Il n’est, par exemple, jamais question, dans la Bible, de prédestination à croire ou à la foi ─. Par contre, elle est liée à la prescience de Dieu et repose sur elle, comme Paul l’avait déjà écrit dans sa lettre aux Romains (8.29) : ceux qu’Il a connus d’avance, il les a d’avance destinés à…). Elle ne concerne pas la foi mais ses conséquences. En Romains 8.29, il était question d’être destiné à être [finalement] semblables à l’image de son Fils ; Ici, c’est la destination présente à être enfants d’adoption, pour servir à la louange de Sa gloire.

Et nous avons dit que ceux que Paul dits élus et prédestinés sont clairement définis par le ’nous qui’, d’avance, avons espéré en Christ du verset douze, opposé au ‘vous aussi’ dont Paul dit qu’ils ont cru après avoir entendu l’Évangile de leur salut. Le ‘nous’ désignait les (ou des) Juifs[4]. Ce sont eux qui représentent le peuple élu. Et ce sont eux qui sont les premiers bénéficiaires de l’adoption. Ce que Paul disait déjà, dans la parenthèse que représente Galates 4.3-5[5].  .

le projet bienveillant de sa volonté. Traduire eudokia (bonne volonté) par ‘bon plaisir’ est dangereux. Parler du bon plaisir de quelqu’un exprimant le plus souvent sa fantaisie capricieuse, il y a le risque d’interpréter faussement des versets comme Philippiens 2.13. Mieux vaut rendre eudokia par ‘bienveillance’ comme Segond le fait d’ailleurs au verset 9.

Richard DOULIERE, extrait d’un commentaire sur Ephésiens à paraître)

[1] Pour un développement du sujet, voir, de l’auteur, De l’Eternité à l’Eternité, E.E.E. 2009, appendice IX, pages 203-206

[2] Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusse un peuple qui lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. 7Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. 8Mais, parce que l’Éternel vous aime…

[3] Commentant le verset 4, Stott (id. page 35) écrit, parce qu’y voyant l’élection au salut : « Il l’a choisi parce qu’Il l’aimait… » mais ajoute, de façon étonnante : « L’apôtre martèle cette vérité dans la lettre aux Éphésiens. » Or, 1.4 est le seul texte de l’épître qui mentionne l’élection. On n’y trouve, nulle part ailleurs, l’un ou l’autre des mots ‘élection’, ‘élu’, ‘choisir’ ou ‘choisi’ !

[4] Si la distinction ne concernait pas Juifs d’une part et païens d’autre part, Paul ne pourrait s’inclure dans le ‘nous’ car sa foi n’a pas précédé la proclamation de l’Évangile. Par contre, il y a toujours eu un reste de Juifs pieux (résidu fidèle) qui espéraient dans le Messie et à qui, selon Romains 11.7, appartient l’élection.

[5] Voir le commentaire de 4.5 dans « L’épître aux Galates, Lettre à des Gaulois d’hier et d’Aujourd’hui » Etudes &  Echanges Evangéliques, 2019, pages 81ss

Compléments :

Galates 1.15 : Sommes-nous prédestinés au ciel ou à l’enfer avant notre naissance ? 

Éphésiens 1.4,5 : Élus dès avant la fondation du monde ?

Apocalypse 13.8 et 17.8 : Inscrits dans le Livre de Vie dès la fondation du monde

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