Comment Dieu exerce-t-il sa souveraineté ?

Avant de répondre à cette question, je tiens à affirmer que j’ai une très haute notion de la souveraineté de Dieu. Je crois de toutes mes forces que Dieu est constamment et éternellement aux commandes de son univers.

Rien ne lui échappe, et rien ne peut arriver sans sa permission.
L’un de mes désirs les plus chers est que ce livre améliore notre appréciation des voies souveraines de Dieu.

En quoi la souveraineté de Dieu ressemble-t-elle à une souveraineté terrestre ? Est-elle différente par son essence ou (et) par son étendue ?
Si la souveraineté de Dieu est différente en essence de celle de la reine Elizabeth II d’Angleterre, par exemple, il conviendrait d’utiliser, voire de forger un autre terme pour éviter tout malentendu.
La reine Elizabeth II est le chef souverain de tout le Commonwealth britannique. Dieu est le Maître souverain de l’univers. Quelles sont les ressemblances et les différences ? Voici comment le Petit Robert définit le mot « souverain » : « Qui est au-dessus des autres… d’une efficacité absolue… qui n’est subordonné à personne… qui juge sans appel… manifeste un sentiment de supériorité extrême. »

Le fait d’emprunter des mots de la langue courante pour leur donner une application différente peut être suspect. J’ai déjà signalé que certains théologiens calvinistes prennent la liberté de redéfinir des mots.
C’est grave dans la mesure où cela peut s’apparenter à du sophisme (que le Petit Robert définit comme « argument, raisonnement faux malgré une apparence de vérité »). Sans s’en rendre compte, certains calvinistes dépeignent Dieu sous les traits d’un souverain absolu et despotique.
À les croire, Dieu peut torturer ses sujets sur la terre et les tourmenter ensuite éternellement en enfer, conformément à son « bon » plaisir, et rien de ce que les êtres humains peuvent faire ne changera leur destinée de souffrance, sauf si le Maître souverain décide unilatéralement d’intervenir.

Tout en gardant à l’esprit le fait que Dieu est à la fois souverain et omniscient (Il sait tout), il convient de prendre des exemples tirés de la vie de tous les jours pour expliquer clairement ce que la Bible entend par le «Seigneur souverain ».
Un souverain terrestre a-t-il déjà été tenu directement responsable de tous les actes et de toutes les bêtises de ses sujets ? La Reine Elizabeth organise-t-elle et contrôle-t-elle chaque détail de l’un quelconque de ses sujets ?
Son Premier Ministre est-il apte à le faire efficacement ?
Même les monarques les plus tyranniques n’y sont pas parvenus ; or nous parlons tout de même de leur souveraineté. Par ailleurs, quel type de souverain terrestre serait le plus sincèrement aimé et révéré ? Le monarque absolu et tyrannique qui domine en despote ou celui qui veille avec bonté et bienveillance sur ses sujets, cherchant leur bien-être sans restreindre leurs libertés par l’oppression ? Nous pouvons nous demander de même quel sorte de Maître souverain de l’univers nous aimerions le plus et auquel nous nous soumettrions le plus volontiers.

Quelle était la pensée déclarée de Calvin concernant la souveraineté de Dieu ? Dans son Institution de la Religion Chrétienne, nous trouvons cette déclaration :

 « Il n’y a rien plus hors de raison, que d’estimer que quelque chose se fasse sinon comme Dieu l’a décrété… la volonté de Dieu est la première cause et souveraine de toutes choses, parce que rien n’advient sans Sa volonté ou permission.¹ » Beveridge a traduit : « Rien n’est aussi absurde que de penser que quelque chose puisse se faire sans ordre divin. Toutes les actions et motivations de chaque créature sont gouvernées par le conseil secret de Dieu et rien ne peut se passer sauf par ordre divin . . . la volonté des hommes est ‘gouvernée’ par la volonté divine et ils poursuivent le but que Dieu a ordonné d’avance.² »

Telle était la conviction de Calvin quant à la manière dont Dieu gouverne l’humanité ! D’où vient cette idée absolutiste de souveraineté ? Notez l’introduction de l’idée de « conseil secret » à propos du style de gouvernement divin.

Comment s’est propagée cette idée que du haut du ciel Dieu décide, ordonne, dirige et contrôle absolument tout ce que les humains choisissent et font ?
La Parole de Dieu prise dans son ensemble ne l’enseigne certainement pas, et cette idée étrange ne cadre pas avec le monde dans lequel nous vivons.

Certes, Dieu voit et sait tout, y compris les choses mauvaises et perverses que les êtres humains décident d’accomplir, mais il ne peut pas et ne doit pas être tenu responsable de toute l’injustice et de la perversité qui se commettent dans le monde.
Les événements terrestres que Dieu dirige ne sont pas forcément les actions prédéterminées d’individus particuliers, mais des choses qu’il organise stratégiquement pour réaliser ses desseins d’ensemble dans la poursuite des objectifs de son royaume.

Lorsque nous parlons de la souveraineté de Dieu, nous devons veiller à la définir en accord avec ce que la Bible tout entière révèle de sa nature et de ses voies. Une fois que le Père a rétabli notre communion avec lui par l’œuvre de réconciliation de Christ sur la croix en notre faveur, nous possédons un sens aigu du bien et du mal, de la justice et de l’injustice.

Les dirigeants humains avisés gouvernent en déléguant des responsabilités ; leurs subordonnés ont cependant une certaine liberté de décision et d’action dans des limites fixées d’avance. Ces structures terrestres de pouvoir ne sont que le pâle reflet de la manière dont Dieu a agencé l’univers. Il existe des légions de principautés et de puissances célestes dont certaines aiment et servent Dieu de tout leur cœur, tandis que d’autres s’opposent à lui ; tous ces pouvoirs sont cependant subordonnés au vaste plan divin de la rédemption.
« Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ep 6.12).

Notons bien ceci : le texte dit que nous avons « à lutter contre ».
Il ne dit pas que nous avons « à nous soumettre à » ou « à supporter patiemment » d’être sur le champ de bataille, ou que nous devons simplement « faire confiance à la maîtrise absolue de Dieu ».
Nous devons combattre.

Dieu veut que nous nous engagions tous corps et âme dans la bataille cosmique en exerçant activement un ministère stratégique.
Hélas, de nombreux saints ne se conduisent pas du tout en saints guerriers. Dans leur vie quotidienne, ils ont abandonné le bon combat au profit d’une « vie agréable ».  Le prix en perte d’efficacité spirituelle est incalculable.

Dieu est tout-puissant, mais il se retient par amour.
Il pourrait contrôler toutes choses, mais il choisit de ne pas le faire.
Si Dieu a créé toutes choses pour lui-même, alors son désir évident est que par sa grâce, toutes les choses créées soient réconciliées avec lui-même; le seul obstacle étant notre libre choix de refuser de nous engager sur le chemin de la pleine obéissance et de la vie abondante en lui.

Le chapitre 18 de la Genèse présente un bon exemple de la manière dont Dieu délègue les responsabilités. On cite souvent la parole :
«Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (v. 25) pour apaiser parfois l’inquiétude honnête quant au sort des populations non évangélisées, mais ce passage révèle une autre vérité importante sur la manière dont Dieu agit.

« Et l’Éternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme. C’est pourquoi je vais descendre, et je verrai s’ils ont agi entièrement selon le bruit venu jusqu’à moi ; et si cela n’est pas, je le saurai» (Cf. 20-21).

Puis Dieu envoie deux anges à Sodome pour mesurer l’étendue du péché de la population de la ville. Quel est l’intérêt de cet épisode si on élimine le principe de délégation divine pratiqué par notre Souverain ?
Faut-il rejeter ces illustrations du principe de délégation comme de simples exemples de la religion hébraïque primitive ? Non, certainement pas.

Les Psaumes regorgent d’appels au secours et de luttes avec Dieu.
Quel serait leur intérêt si Dieu avait déjà fixé le cours de tous les événements de toute éternité ?
« Mets un terme à la malice des méchants, et affermis le juste, toi qui sondes les cœurs et les reins, Dieu juste ! » (Ps 7.9).
Pourquoi le psalmiste déploierait-il tant d’énergie à supplier Dieu si celui-ci avait déjà tout décidé d’avance ? Le psalmiste sentait manifestement qu’il pouvait agir  sur le cœur de Dieu par ses supplications et être protégé de ses ennemis. Jacques 5.17 attire l’attention sur la capacité qu’Élie avait eue de changer les conditions climatiques par la prière et Jacques sous-entend que nous aussi sommes capables de faire de même.
L’intercession d’Abraham est aussi un rappel puissant que nous pouvons toucher le cœur tendre de notre Père et contribuer même à changer le cours d’événements majeurs (Genèse 18.22-33).

En ce qui concerne le ministère terrestre de Jésus-Christ, nulle part l’Écriture ne dit qu’en prenant la forme humaine sur terre, Jésus a abandonné la souveraineté qu’il partageait avec le Père.
Dans Philippiens 2.7, Paul déclare que Jésus « s’est dépouillé lui-même » mais le contexte ne fournit aucun détail. Il est certain que la Bible n’affirme jamais que Jésus a renoncé à sa souveraineté pendant sa vie sur la terre.
Par libre choix et par soumission à son Père, il a limité son usage de sa souveraineté pour ne pas l’exercer comme avant son incarnation.

Sur terre, Jésus était Dieu incarné, dominant souverainement sur les éléments, apaisant les vents et les flots, guérissant de façon surnaturelle les malades, ressuscitant les morts et nourrissant miraculeusement les multitudes. À aucun moment, il n’a cessé d’être Dieu, même lorsqu’il a porté nos iniquités en son corps sur la croix.

Au centre du chef-d’œuvre que constitue le plan rédempteur divin, il y a le fait que Christ a payé pour nos péchés. Même si « en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Co 2.9), nous découvrons que l’exercice de son œuvre de grâce pouvait être limité par l’incrédulité humaine. Dans Marc 6.5-6, il est écrit :
« Il ne put faire là aucun miracle… Et Il s’étonnait de leur incrédulité. » L’incrédulité des habitants de Nazareth pouvait-elle faire obstacle à l’œuvre de Jésus accomplie en totale dépendance de Son Père  ? C’est une bien étrange façon de dépeindre la « souveraineté » au sens calviniste du terme ! Le titre « Seigneur » est l’un de ceux qui furent attribués à Jésus sur terre ; or, Jésus a toujours agi de concert avec son Père. Il a déclaré : « Je ne fais rien de moi-même » (Jn 8.28). La seigneurie implique la souveraineté.

Rappelons-nous que Jésus a constamment manifesté toute la nature de Dieu quand il était sur terre. N’a-t-il pas déclaré :
« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14.9) ?
Or les êtres humains pouvaient s’opposer à ses actes de compassion, ou les faciliter, et ils l’ont fait.

     Voici une autre citation de l’Institution de Calvin :

Dieu non seulement a prévu la chute du premier homme, et en elle la ruine de toute sa postérité, mais Il l’a ainsi voulu… Je confesse que ce décret doit nous épouvanter ; toutefois on ne peut nier que Dieu n’ait prévu avant de créer l’homme à quelle fin il devait venir ; et qu’Il ne l’ait prévu, parce qu’Il l’avait ainsi ordonné en son conseil. » 3 (Italiques ajoutés)

N’est-il pas stupéfiant de suggérer que notre bien-aimé Père céleste ait voulu la chute d’Adam et d’Ève ? Qu’il a souhaité qu’ils fassent justement ce qu’il leur avait défendu concernant le fruit de l’arbre interdit ? Que son plan et son plaisir étaient qu’ils en mangent ? Cet enseignement n’est-il pas franchement illogique, incohérent et indigne de la nature de Dieu ?
Calvin est certainement passé à côté de quelques aspects essentiels des interactions de Dieu avec des êtres humains déchus tels qu’Adam, Ève, Caïn, Abel, Seth et Enosch. Il importe donc que nous examinions plus attentivement comment Dieu s’est comporté avec amour envers ces personnes.

Remarquons tout d’abord que Dieu ne s’est pas tenu à l’écart en cultivant l’indignation et le ressentiment lorsque nos premiers parents lui eurent désobéi. Il resta proche de ces deux êtres craintifs et gênés, vêtus de leurs feuilles de figuier. À la suite de la désobéissance du premier couple, l’un des résultats fut l’annonce de la mort physique au terme de la vie, mais il n’est pas dit qu’Adam perdit la faculté de chercher Dieu. Oui, Dieu était profondément attristé, mais il ne s’est pas réfugié dans un silence offensé. Dieu dialogue aimablement avec Adam et Ève, les revêt et leur manifeste ainsi sa présence bienveillante. Il est venu au-devant d’Adam et Ève et leur a posé quelques questions pertinentes. Bien sûr, notre Dieu omniscient connaissait déjà les réponses. Il lisait dans leurs cœurs et savait les désirs et  les aspirations qu’ils contenaient, même ceux qui étaient indignes. Il a néanmoins posé à Adam des questions empreintes de bonté : « Où es-tu ? » (Ge 3.9). « Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont Je t’avais défendu de manger ? » (Ge 3.11).

Pourquoi Dieu aurait-il posé ces questions alors qu’il était parfaitement au courant de la situation ? Que nous enseigne ce dialogue ? Notons bien la situation exposée : Adam a raté l’occasion de confesser sa désobéissance et de se repentir. Au lieu de s’écrier : « Seigneur, qu’ai-je fait ? J’ai fait complètement fausse route et j’ai désobéi ! Je te supplie de me pardonner », Adam a accusé sa femme ! Il prend la voie facile mais cette attitude ne peut recevoir la bénédiction. Adam répondit : « La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (Ge 3.12).

On sent peut-être pointer ici un reproche indirect adressé à Dieu. En effet, Adam semble Lui reprocher d’avoir créé cette femme qui a écouté Satan. Dieu donnait-Il à Adam l’occasion de réfléchir à ce qu’il avait fait ?
(Disons en passant que ce passage ne parle ni d’une pomme ni d’un mauvais comportement sexuel, comme le monde semble le penser.) Se tournant alors vers Ève, Dieu lui demanda : « Pourquoi as-tu fait cela ? » (Ge 3.13). Adoptant l’attitude typique de la nature humaine déchue, Ève a décidé de faire porter la responsabilité sur quelqu’un ou quelque chose d’autre, dans ce cas le serpent.

En posant ces questions empreintes de tendresse, Dieu donnait à Adam et Ève l’occasion et le temps de se repentir et d’exprimer leur tristesse spirituelle d’avoir affligé son cœur par leur stupidité. Ses questions avaient pour but de les aider. Il les fit suivre de Son intervention pratique en les revêtant de vêtements de peau (Ge 3.21). Les attentions bienveillantes de Dieu ont entraîné quelques réactions très significatives.

Nous lisons plus loin : « Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit : J’ai acquis un homme de par l’Éternel » (Ge 4.1). Elle ne s’est pas écriée : « Admirez mon habileté, j’ai réussi à faire un garçon ! » Ève attribue à Dieu la gloire de la naissance de Caïn et de Seth, en reconnaissant que c’est lui qui donne la vie. De toute évidence, le souvenir de Dieu ne s’était pas effacé. « Adam connut encore sa femme ; elle enfanta un fils et l’appela du nom de Seth, car (dit-elle) Dieu m’a donné une autre descendance à la place d’Abel que Caïn a tué. A Seth aussi il naquit un fils qu’il appela du nom d’Enosch. C’est alors que l’on commença à invoquer le nom de l’Éternel » (Ge 4.25-26).

Ève était visiblement consciente de la présence active de Dieu et lui rendit gloire, et désormais les hommes se mirent à invoquer le nom de l’Éternel.
Où sont donc ce supposé rejet de l’être humain après la chute et la disparition du désir de chercher Dieu, enseignés par Calvin ?

Remarquons attentivement que Dieu n’a pas maudit Adam et Ève pour avoir péché. Seuls le sol et le serpent furent maudits. Néanmoins, Genèse 4.11 montre que Dieu maudit Caïn pour avoir tué son frère Abel, ainsi commettant délibérément un acte affreux, un crime, soit la destruction d’un chef-d’œuvre de la création de Dieu. Caïn savait que sa conduite méritait la mort mais, dans sa miséricorde, Dieu différa la pleine sanction.
C’est comme s’Il offrait à Caïn l’occasion de se repentir en le mettant au bénéfice de sa bonté et de sa protection, mais l’homme ne s’engagea pas dans la voie de la repentance, préférant une vie de méchanceté.

Comme l’être humain jouissait toujours de la capacité de choisir entre le bien et le mal, le péché était inévitable. Mais, contrairement à ce que Calvin voudrait nous faire croire, la chute n’était pas programmée. Dans son amour et sa sagesse, le Seigneur a largement paré à l’entrée du péché.
Même s’il est tout à fait vrai que Dieu est en colère contre toute l’injustice de ceux qui persistent à vouloir l’ignorer, Il demeure tendre, aimant, généreux et bon à l’égard de tous ceux qui se repentent sincèrement et cherchent sa face. Ces incidents dans Genèse 4 s’accordent mal avec les affirmations de Calvin et des déclarations du Synode de Dordrecht, en Hollande (1618-1619), contenues à l’article 3 et dans la section 3 :

 « C’est pourquoi tous les hommes sont conçus dans le péché et naissent enfants de colère, incapables de tout bien salutaire, enclins au mal, morts dans le péché et esclaves du péché. Et sans la grâce de l’Esprit qui régénère, ils ne veulent ni ne peuvent retourner à Dieu, ni corriger leur nature dépravée, ni se disposer à l’amendement de celle-ci. » 4

De plus, selon Calvin, rien de ce que nous faisons — ou négligeons de faire — ne peut d’aucune manière changer les desseins souverains de Dieu en matière d’élection « pour le salut ». Conformément à la stricte logique, pourquoi se soucier d’évangéliser si tous ceux qui sont souverainement «choisis » par Dieu seront inévitablement rachetés par sa grâce « irrésistible », quoi que nous fassions ? Il serait difficile d’obéir avec enthousiasme au commandement : « Allez, faites de toutes les nations des disciples » (Mt 28.19-20) si nous croyons que de toutes manières, les choses se passeront ainsi sans notre participation.

Ayant créé toutes choses pour Lui-même, Dieu désire évidemment que par sa grâce, tous les êtres humains se réconcilient avec lui ; le seul obstacle est l’exercice de leur liberté qui peut les amener à refuser la voie de l’obéissance et de la vie abondante.

Le psalmiste indique à quel point les Israélites ont provoqué Dieu dans le désert : « Ils ne cessèrent de tenter Dieu, et de provoquer le Saint d’Israël » (Ps 78.41). Comment auraient-ils pu provoquer Dieu dans l’exercice de Sa souveraineté s’Il n’avait pas de Lui-même décidé de leur laisser une certaine latitude dans la gestion de leur attitude et de leurs affaires ?
Ce verset affirme clairement qu’ils pouvaient le faire et qu’ils l’ont fait, ce qui renforce la conclusion que certains enseignements de Calvin sur la nature de la souveraineté divine sont sérieusement erronés. En abordant les mensonges d’Ananias (Actes 5), Pierre montre bien qu’après avoir vendu un champ, Ananias était libre de faire ce qu’il voulait du produit de la vente : « S’il n’avait pas été vendu, ne te restait-il pas ?  Et, après qu’il  a  été vendu,  le prix  n’était-il pas à ta disposition ? Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Ac 5.4).

Au calviniste qui estime que la souveraineté de Dieu serait battue en brèche par l’idée que l’être humain peut et doit librement décider de répondre à l’offre divine de salut, nous posons la question suivante : Sa souveraineté ne serait-elle pas aussi diminuée par la nécessité dans laquelle se trouvent les chrétiens de décider librement de marcher dans les voies de Dieu ?
En tant que chrétiens, nous cultivons notre relation avec Dieu, avec crainte et tremblement, travaillant de concert avec Lui dans le processus continu de la sanctification. Cet aspect de participation active est un thème récurrent de l’Écriture.

« Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en Lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces »
(Co 2.6-7).
Nous devons par exemple apprendre à fuir certaines tentations, car Dieu ne les fuira pas à notre place : « Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Ti 2.22).

Dieu ne fera pas ce qu’il nous demande de faire dans le processus de notre transformation pratique.

Il tient une réserve d’aide illimitée et pleinement suffisante dans laquelle nous pouvons puiser à tout instant dans notre poursuite d’une vie de sainteté, mais nous devons nous appliquer à cultiver la discipline de puiser dans sa réserve et nous consacrer à obéir à ses commandements. Paul parle de « l’infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force » (Ép 1.19).
Avec une telle quantité d’aide divine disponible, nous n’avons pas à craindre de faire face à un verset comme celui-ci :
« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, mettez en œuvre votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent ; car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon Son bon plaisir » (Ph 2.12-13).

Ce verset rappelle que notre marche avec Dieu est celle d’un partenariat et que rien n’est automatique dans l’expérience pratique.

L’apôtre rappelle que nous avons la volonté de faire le bien, mais que sans le Saint-Esprit, nous n’en avons pas le pouvoir : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair : j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien » (Ro 7.18). Il ne dit pas  « dans ma chair ne subsiste rien de bon, pas même le désir de chercher Dieu. » Nulle part l’Écriture n’affirme qu’à cause de notre nature de péché nous n’avons pas la capacité de vouloir chercher Dieu. Pourtant, nous avons évidemment besoin de la grâce abondante de Dieu pour le trouver et marcher dans l’obéissance à sa volonté. C’est incontestable !

Veillons également à ne pas négliger ni sous-estimer l’enseignement de l’Ancien Testament où Dieu invite sans relâche les Israélites à revenir à lui. S’ils n’avaient pas la pleine liberté de le faire, le texte suivant n’aurait aucun sens :
« Oh ! S’ils avaient toujours ce même cœur pour me craindre et pour observer tous mes commandements, afin qu’ils soient heureux à jamais, eux et leurs enfants ! » (De 5.29).
Comment comprendre autrement des appels comme celui-ci qui montrent à quel point Dieu soupirait après un changement du cœur des Israélites, son peuple élu ? Ils portaient seuls l’entière responsabilité de leur conduite personnelle, une responsabilité non limitée par un prétendu choix sélectif divin. Nous pouvons conclure que de tels passages de l’Écriture ne confirment ni la compréhension que Calvin avait de la souveraineté de Dieu, ni son rejet de l’authentique capacité de l’homme à choisir de se tourner vers Dieu.

Si, en tant que pécheurs, les Israélites n’avaient pas été capables de vouloir chercher Dieu, Osée n’aurait pas pu leur adresser cette exhortation :
«Semez selon la justice, moissonnez selon la miséricorde, défrichez-vous un champ nouveau ! Il est temps de chercher l’Éternel, jusqu’à ce qu’Il vienne, et répande pour vous la justice » (Os 10.12). Conformément à l’esprit des écrits de Calvin – qui se contredisent parfois – les Israélites auraient été incapables de semer, de moissonner, de défricher et de chercher Dieu. Or, ce verset affirme le contraire ! Ils étaient parfaitement en mesure de faire ces choses ; c’est pourquoi l’Éternel les interpelle de cette manière.

Que veut dire Jésus quand il déclare à ses disciples, dans Jean 14.30 :
« Le prince du monde vient. Il n’a rien en moi » ? À qui fait-il allusion ? Dans 2 Corinthiens 4.4, Paul décrit Satan comme « le dieu de ce siècle » et le dépeint comme ayant des pouvoirs usurpés précis. L’apôtre Jean parle de ce grand usurpateur en ces termes :
« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jn 5.19).
Quel soulagement de savoir que Jésus est venu pour « détruire les œuvres du diable » ! Cet esprit infiniment mauvais constitue une telle menace pour notre bien-être que Jésus aborde le fait et souligne notre capacité à triompher du pouvoir authentique que Satan possède. Jean rappelle ceci : «Celui qui pratique le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les œuvres du diable » (1 Jn 3.8). Paul lance un avertissement semblable, déjà cité précédemment:

« Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté » (Ep 6.12-13).

Satan règne effectivement dans de nombreux cœurs et, comme le montre l’opposition entre Moïse et Pharaon dans Exode 5 à 10, il peut opérer de grands prodiges. D’après le livre de l’Apocalypse, au fur et à mesure que nous touchons à la fin des temps, Satan fera agir ses démons de manière encore plus surnaturelle pour tenter de faire échouer les plans purs et parfaits de Dieu. Le diable est cependant incapable d’agir en dehors des limites que Dieu lui-même lui a fixées.

La souffrance de Job est un cas intéressant à étudier à propos du pouvoir de Satan. Dieu n’a pas choisi les méthodes par lesquelles Satan tourmenterait Job. Satan l’a fait, tout en étant obligé d’épargner sa vie. (voir Job 1.12 et 2.6). Certains croyants s’appuient sur les déclarations des consolateurs de Job pour mettre en relief l’absolue souveraineté de Dieu. Les amis de Job ont dit des choses remarquables à propos de Dieu et de ses voies; pourtant Dieu les invite à se repentir de leurs attitudes et de ce qu’ils avaient dit à son serviteur Job. Ainsi Dieu déclare : « Vous n’avez point parlé de moi avec droiture, comme l’a fait mon serviteur Job » (Job 42.8).

L’univers attend le jour où les desseins de Dieu seront pleinement consommés, comme le montrent les passages suivants : « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Ro 8.22) et : « … pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées, afin qu’ils ne voient pas resplendir le glorieux Évangile du Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Co 4.4). Dans Apocalypse 11.15, il est écrit : « Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles. » Il est manifeste que tant que le septième ange n’aura pas accompli sa mission et tout en sachant que le monde entier appartient à juste titre à Dieu, dans un certain sens « les royaumes de ce monde » ne sont pas encore « le royaume de notre Seigneur ». C’est pourquoi il importe de préciser ce que nous entendons par «souveraineté divine» et notre compréhension doit absolument correspondre à tout ce que la Bible en dit.

 Le désir souverain du Maître du ciel est d’instaurer un royaume rempli de son amour.

Qu’aucune notion, aussi séduisante soit-elle, ne nous empêche de tenir fermement à l’assurance que non seulement Dieu aime immensément, mais quil est amour (1 Jn 4.8,16). On ne peut susciter l’amour par quelque contrainte ou force que ce soit. Le véritable amour spirituel s’épanouit et prospère dans un climat d’authentique liberté, pas dans un climat de contrainte. Nous pouvons nous demander si l’issue des événements est toujours conforme à la volonté souveraine de Dieu. Certains calvinistes se sont appuyés sur Ésaïe 46.9-12,  pensant prouver que la volonté de Dieu s’accomplit toujours pleinement sur la terre :

« Souvenez-vous de ce qui s’est passé dès les temps anciens ; car Je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi. J’annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli ; je dis : mes arrêts subsisteront, et j’exécuterai toute ma volonté. C’est moi qui appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine un homme pour accomplir mes desseins, je l’ai dit, et je le réaliserai ; je l’ai conçu, et je l’exécuterai. Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, ennemis de la droiture ! »

Certes, le conseil de Dieu subsiste, et ce qu’il a souverainement décidé s’accomplira. Cela ne signifie toutefois pas que Dieu dicte les réponses et les actions de chaque individu. La vraie signification de ce passage dépend du contexte. Dieu peut certainement décider de se servir d’hommes rebelles pour accomplir ses desseins, notamment pour exercer ses jugements.

Comment Dieu pourrait-il exiger que l’être humain au cœur endurci lui prête une oreille attentive si cela était hors de sa portée ?

Dans Jérémie 3.22, Dieu supplie :
« Revenez, enfants rebelles, je pardonnerai vos infidélités. Nous voici, nous allons à toi, car tu es l’Éternel, notre Dieu. »
Il leur demande de revenir, ce qui aboutirait à la guérison des rétrogrades. Notons en passant que, contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, Dieu ne dit pas que d’abord il pardonnera souverainement les infidélités des enfants rebelles, ce qui aurait pour effet de les faire revenir à lui.

Dans Jérémie 4.1-4, Dieu plaide de nouveau avec son peuple rebelle :

« Israël, si tu reviens, si tu reviens à moi, dit l’Éternel, si tu ôtes tes abominations de devant moi, tu ne seras plus errant. Si tu jures : L’Éternel est vivant ! avec vérité, avec droiture et avec justice, alors les nations seront bénies en lui, et se glorifieront en lui. Car ainsi parle l’Éternel aux hommes de Juda et de Jérusalem : Défrichez-vous un champ nouveau, et ne semez pas parmi les épines. Circoncisez-vous pour l’Éternel, circoncisez vos cœurs, hommes de Juda et habitants de Jérusalem, de peur que ma colère n’éclate comme un feu, et ne s’enflamme, sans qu’on puisse l’éteindre, à cause de la méchanceté de vos actions. »

Si ces gens étaient désespérément « morts dans leurs péchés », comment auraient-ils pu défricher un champ nouveau et circoncire leurs cœurs ? Comment auraient-ils même pu entendre Dieu ? La réponse, comme nous l’expliquerons au chapitre douze de ce livre, est qu’on ne peut pas prendre l’expression « mort dans ses péchés » comme une analogie littérale de la mort physique.

La grâce de Dieu a toujours été accessible à tous les êtres humains, car Dieu ne fait pas d’acception de personnes. Il n’y a ni privilégiés, ni exclusions arbitraires, ni mystères.

Notons encore que dans Genèse 6.5, nous sommes en présence d’une situation exceptionnelle, et non générale, lorsque Dieu constate que chez l’homme, « chaque jour, son cœur ne concevait que des pensées mauvaises.»

Cette situation contrastait avec celle qui prévalait au début, et explique pourquoi Dieu envoya le déluge à ce moment-là pour détruire toute l’humanité. Comme il est parfaitement juste, si les hommes avaient complètement corrompu la terre avant ce temps-là, il aurait probablement fait venir le déluge plus tôt. Cela ne vous paraît-il pas évident ?
N’est-il pas troublant de voir comment certains calvinistes semblent sortir des versets hors de leur contexte ? Exhortons-les solennellement à adopter une approche prudente et honnête de ces questions.

 Soyez assuré de ce fait fondamental : l’Évangile est le sublime message de l’amour rédempteur de Dieu pour toute l’humanité.

Dans le « Notre Père », Jésus a enseigné à ses disciples de demander que la volonté de Dieu soit faite sur la terre ; ce serait une requête inutile si la volonté divine était toujours faite ! Le psalmiste s’écrie :
« Lève-Toi, ô Éternel ! Que l’homme ne triomphe pas ! Que les nations soient jugées devant Ta face ! » (Ps 9.19).
Cette supplication montre que le psalmiste ne partageait pas l’idée que la volonté de Dieu l’emporte automatiquement. Affirmer que Dieu dirige tous les détails de ce qui se passe sur la terre serait Le rendre complice des viols, de la violence, des mensonges, des vols, des crimes de toutes sortes et de la promulgation de lois autorisant le meurtre de millions de fœtus.
Cela nous ramène au fait fondamental : le Seigneur souverain a voulu qu’en principe l’homme soit libre de choisir entre la justice et le mauvais comportement, puisque sa grâce est accessible à tous.

Incontestablement, la grâce de Dieu a toujours été accessible à tous les êtres humains. De nombreux calvinistes se servent des versets suivants pour étayer leur idée que Dieu règne comme un monarque absolu sur la terre : «Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant ; Il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui Lui dise : Que fais-tu ? » (Da 4.35). Cette déclaration sortie de la bouche d’un monarque païen contrit peut difficilement servir à étayer une doctrine concernant la souveraineté de Dieu. Elle nous rappelle cependant que même un non-Juif au passé ancré dans l’idolâtrie pouvait reconnaître la souveraineté de Dieu dans la manière dont il veille sur les affaires des nations. Quelles que soient leurs ambitions perverses, les monarques ne peuvent jamais devenir des maîtres absolus. De même que Dieu a fixé des limites aux activités de Satan, Il a également fixé de sages limites à tous les humains. La folie de l’homme ne peut jamais réduire à néant la sagesse du Très-Haut.

Nos prières et nos supplications peuvent efficacement influencer les interactions de Dieu avec les hommes, mais Dieu aura toujours le dernier mot. Dans la pratique, on a l’impression que Dieu accorde la qualité de leadership aux nations qui le souhaitent le plus ardemment dans leur aveuglement entêté. Lorsque des chrétiens intercèdent humblement en faveur d’une nation, Dieu peut répondre en lui donnant des dirigeants meilleurs que ceux qu’elle mérite. Ce fut le cas des pères fondateurs des États-Unis. Parmi les colons, il y avait toutes sortes de gens qui formaient un ensemble hétéroclite mais le président George Washington s’efforça de donner le ton par sa droiture et son intégrité. L’union efficace entre le roi George VI et Winston Churchill qui dirigèrent le Common- wealth britannique pendant la Seconde Guerre mondiale est un autre exemple de l’intervention de la grâce divine sur le plan national.

Contrairement à la pensée calviniste, Dieu n’intervient pas dans tout ce qu’un monarque terrestre décide de faire. De ce point de vue, l’unité familiale devrait servir de bonne illustration du principe en jeu.
Je suis le chef de notre foyer, mais je n’ai ni le désir, ni le devoir, ni la nécessité de contrôler ce que fait mon épouse. La liberté et une totale confiance bienveillante sont les principes directeurs, car le lien fondamental qui nous unit est celui de l’amour, non celui de la contrainte. La vie de famille chrétienne est censée refléter, certes faiblement et maladroitement, l’ordre et les principes divins qui gouvernent l’univers. L’amour, la prière commune quotidienne, avec la loyauté réciproque, maintiennent l’intimité et l’unité de la famille ; c’est ce qui se passe également dans la famille spirituelle entre Dieu et ses enfants.
Il nous exhorte fortement à intercéder pour les dirigeants, car le monde connaîtrait un environnement moral sensiblement meilleur si nous, chrétiens, prenions plus à cœur le ministère d’intercession en faveur des autorités de ce monde déchu (cf. 1 Timothée 2.1). Avec le psalmiste, nous reconnaissons que toute la terre appartient de droit à Dieu :
« Car à l’Éternel appartient le règne : Il domine sur les nations » (Ps 22.28). Dans le même esprit, l’enseignement de Jésus à prier :
« Que Ton règne vienne » (Mt 6.10), nous rappelle que le gouvernement absolu de Dieu est encore futur.

Notre Père céleste est attentif aux plus petits détails de l’existence humaine. C’est cependant autre chose que d’affirmer qu’Il actionne toutes les commandes qu’Il tient (ce qu’Il pourrait faire s’Il le voulait). Lorsque des chrétiens disent : « Tout est bien, car Dieu est Maître de la situation », ils peuvent en fait entretenir un profond malentendu. Si nous recommandons nos voies à l’Eternel (Proverbes 3.5-6) et sollicitons humblement son intervention, nous pourrions alors affirmer que Dieu dirige telle circonstance particulière de notre vie. Mais imaginer qu’il tire automatiquement les ficelles de tout ce qui arrive dans le monde, c’est gravement se méprendre sur sa façon d’agir, un raisonnement auquel succombent les calvinistes. Encore il  pouvait le faire, mais il s’en retient volontairement.

Quand Jésus parle de la volonté de son Père en Matthieu 10.29, il fait référence à sa volonté permissive. Pourquoi compterait-il les cheveux de notre tête ? Chez certains ce n’est plus possible ! Mais pour tous c’est réconfortant de savoir que Dieu a dessiné notre constitution moléculaire toute entière, et que nous pouvons accepter de sa main toutes nos qualités et nos imperfections physiques. Toute la création est soumise à la décomposition et à la mort à cause de la chute. C’est ce que Paul déclare en Romains 8.20-22 :

« Car la création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise, avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. »

L’état actuel des choses dans ce monde reflète plutôt la volonté permissive de Dieu. Il ne correspond ni à sa volonté absolue ni à sa volonté finale.

Un jour, il y aura des cieux tout neufs et une nouvelle terre parfaite. Dans ce nouvel univers, ceux qui sont revêtus de la justice du Seigneur jouiront de la merveilleuse liberté de servir parfaitement leur glorieux Rédempteur, tandis que tous les rebelles passeront l’éternité dans les ténèbres du dehors. La Parole de Dieu est claire et absolue sur ces points. Bénissons Dieu de ce que, grâce à l’inspiration du Saint-Esprit, les auteurs humains de l’Écriture furent toujours en mesure de s’exprimer de manière à communiquer aux gens simples et ordinaires exactement ce que Dieu leur donnait souverainement de transmettre.

Ce qui est encore plus important, comment comprendre et interpréter l’Ancien Testament si nous nions qu’il révèle un Dieu qui appelle et interpelle sans cesse son peuple pour qu’il revienne à lui, que les hommes sont libres d’obéir et de désobéir, et même de suivre d’autres dieux ?

« La jeune fille oublie-t-elle sa parure, la fiancée sa ceinture ? Or, mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre » (Jé 2.32).
L’Éternel appelle les Israélites à choisir l’obéissance, afin de jouir de ses bénédictions. Malheureusement, trop souvent, son peuple a choisi de ne pas écouter le Seigneur :

« Mais voici l’ordre queje leur ai donné : Écoutez ma voix, pour que je sois votre Dieu, et que vous soyez mon peuple ; marchez dans toutes les voies que je vous commande, afin que vous soyez heureux. Et ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas tendu l’oreille ; ils ont suivi les conseils, l’obstination de leur cœur mauvais. Ils ont été en arrière et non en avant » (Jé 7.23-24).

Peut-on imaginer que Dieu commande aux Israélites de suivre tous ces conseils si, en fait, comme dans la citation suivante, ils étaient incapables de les suivre ?
« Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous, tous les confins de la terre ! Car Je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre » (Es 45.22).
Quelle autre signification auraient pu avoir cette parole pour Esaïe si dans le monde entier les êtres humains étaient totalement incapables de se tourner vers Dieu ? Comment Dieu pourrait-il appeler les habitants au salut s’il n’existait pour eux aucun moyen de parvenir au salut ? L’Ancien Testament ne contient pas la moindre trace que Dieu ait retenu la grâce nécessaire aux hommes pour qu’ils se détournent de leurs mauvaises voies et le suivent. Acceptons la vérité telle qu’elle est et ne minimisons pas ces remarquables invitations de Dieu.

Dans Lévitique 19.5, il est question d’offrandes volontaires apportées au tabernacle. Le sens de cet adjectif est explicite.  L’Israélite était libre de choisir d’honorer Dieu volontairement ou de suivre d’autres divinités.
l va de soi que la grâce de Dieu était toujours là pour permettre à son peuple à lui obéir.

 Si nous supprimons l’authentique liberté de choix que possède l’humanité, nous vidons de son sens tout le cours de l’histoire de l’Ancien Testament.

Qu’est-ce qui pourrait être plus évident que la preuve que le peuple élu avait vraiment la possibilité de choisir ?
« J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance » (De 30.19).
Et voici l’esprit résumé de la relation entre Israël et l’Éternel dans l’Ancien Testament :
« Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car Je suis l’Éternel, votre Dieu. Vous observerez Mes règles, et vous les mettrez en pratique. Je suis l’Éternel, qui vous sanctifie » (Lé 20.7-8).

Je vous suggère maintenant de lire 1 Samuel 12.13-15 et de décider par vous-mêmes si ces versets cadrent avec la pensée calviniste.
Le Nouveau Testament découle de l’Ancien. Dans ces conditions, à quel moment dans l’histoire des relations entre Dieu et l’être humain, celui-ci a-t-il cessé de posséder la liberté de choix?

Ne privons-nous pas Dieu de sa souveraineté si nous lui nions le droit d’accorder à tous les êtres humains le don d’une authentique liberté de choix, au sens où les gens ordinaires comprennent ces termes ?

Par dessus tout, nous voyons la nature de la souveraineté de Dieu à l’œuvre dans la prophétie. Dieu gouverne merveilleusement son univers malgré la désobéissance de l’être humain. Il veille au déroulement de l’Histoire pour qu’il puisse toujours accomplir sa parole prophétique et mettre en œuvre sa stratégie pour que le salut parvienne aux extrémités du monde.
Permettez-moi de vous donner l’assurance que l’Évangile est le sublime message de l’amour rédempteur de Dieu pour toute l’humanité.

¹ Calvin, Jean. Institution de la Religion Chrétienne, Livre 1, chapitre 16, section 3, Editions Kerygma.

² Calvin, Institutes vol. 1, 234-5 trad. Henry Beveridge, 1847 (traduit en français par D.W.).

3 Calvin, Jean. Institution de la Religion Chrétienne, Livre iii, chapitre 23, section 7, Editions Kerygma-Farel, 1995, pp. 426-427

4 Canons de Dordrecht, Editions Kerygma, Aix en Provence, 1998, p.64

Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). 
Vous pouvez écouter son message  ici :
 https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck   et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g