par Dudley WARD
Imaginons le scénario suivant : Deux garçons traversent une rivière, quand soudain le courant les emporte. Un homme aperçoit les deux enfants qui perdent pied dans les eaux tumultueuses. Il saisit une bouée de sauvetage et la lance à l’un des garçons, mais il ne fait rien pour sauver l’autre.
Pourtant, l’homme a les moyens et la force de le faire, puisque d’autres bouées de sauvetage sont à portée de main. Quel comportement indigne ! Dans de nombreux pays, le fait de ne pas porter assistance à une personne en danger est considéré comme un délit que la loi punit.
Ainsi, n’est-il pas scandaleux d’affirmer que Dieu, qui est amour, lancerait « une bouée de secours » vers une personne mais pas vers une autre, alors que toutes les deux ont le même besoin désespéré d’être secourues, et qu’elles ont la force de la saisir ? Ne jetterait-il pas des « bouées de sauvetage » vers tous les pécheurs qui se noient, avec l’espoir de les voir tous se diriger vers elles et les attraper ?
Notre propre sentiment de miséricorde, pourtant si limité, nous aide à comprendre les actions justes et droites motivées par la compassion. Comme enfants de Dieu, nous discernons la justice et la droiture dans l’esprit de Proverbes 28.5 :
« Ceux qui s’adonnent au mal ne comprennent rien à la droiture, mais ceux qui s’attachent à l’Éternel comprennent tout. »
Même Augustin d’Hippone déclarait abominable l’idée que Dieu puisse ne choisir et prendre que certaines personnes pour le salut, pour des raisons connues de lui seul. Quel malheur que des idées aussi repoussantes ne l’aient pas incité à chercher plus profondément la vraie signification de la prédestination, et à découvrir que Dieu ne fait jamais violence à l’authentique liberté de choix de l’homme..
L’idée de droiture et de justice d’un homme spirituel devrait s’accorder avec la sainte expression divine de ces mêmes attributs. Sinon, que signifierait être créé à l’image de Dieu et renouer la communion avec lui ?
La véritable conversion à Christ aiguise notre sentiment de vraie justice. Pouvons-nous croire que des actions de Dieu iraient à l’encontre de notre sentiment renforcé de sainte justice ? Jamais !
Si Dieu avait souverainement décrété que la décision concernant le salut ne dépendrait que de lui, nous sommes certains qu’il sauverait tout le monde (voir 1 Timothée 2.3-4 et 2 Pierre 3.9).
Jésus lui-même indique clairement la raison de sa venue dans le monde lorsqu’il déclare :
« C’est pour être la lumière que Je suis venu dans le monde, afin que tout homme qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres.
Si quelqu’un entend ce que je dis, mais ne le met pas en pratique, ce n’est pas moi qui le jugerai; car ce n’est pas pour juger le monde que je suis venu, c’est pour le sauver » (Jn 12.46-47).
Sans le moindre doute, Dieu affirme que la mort du pécheur ne lui procure aucun plaisir ; il s’ensuit que la retenue sélective et arbitraire de la grâce chez qui que ce soit ne lui procurerait non plus aucun plaisir ni aucune gloire. Pour renforcer cette idée, il déclare :
« Ce que je désire, est-ce que le méchant meure? dit le Seigneur, l’Éternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive ? » (Ez 18.23).
Et il poursuit :
« Dis-leur: Je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire,
ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël (Ez 33.11) ?
Malgré cela, certains chrétiens croient que Dieu agit de façon arbitraire avec les pécheurs, choisissant d’en secourir certains, et d’autres pas. Dans Actes 10.34-35 nous lisons : « Dieu ne fait point de favoritisme. »
Dieu ne sélectionne pas capricieusement des favoris ! Quel bonheur de savoir que Dieu est plein d’une justice impartiale et infiniment plus compatissante que nous ! Son impartialité est confirmé dans Rom 2 :11
« Car devant Dieu il n’y a point de favoritisme. »
Permettez-moi d’insister ici sur le fait qu’il n’est pas question d’universalisme, cette croyance qui prétend que tous ceux qui auront vécu sur cette terre seront accueillis dans le ciel. Pour pouvoir être « toujours avec le Seigneur » (1 Th 4.17) après cette vie, nous devons chercher Dieu, nous repentir, croire et recevoir le Seigneur dans notre cœur et poursuivre un nouvel objectif : mener une vie de sainteté.
Les théologiens calvinistes enseignent que l’exercice de notre authentique liberté de choix dans l’acceptation de l’offre divine de salut constituerait une sorte de mérite de notre part et porterait atteinte à la souveraineté de Dieu. Reprenons une illustration terrestre. Il arrive que des autorités humaines offrent le pardon et la grâce à des criminels condamnés qui ne les refusent probablement pas. Le fait de les accepter confère-t-il au prisonnier un mérite quelconque ? Le geste souligne plutôt la magnanimité et la bonté de celui qui offre le pardon. Quel mérite ou quelle faculté spéciale nous faut-il pour accepter un cadeau ? Faisons-nous l’éloge des gens parce qu’ils acceptent un don ? Bien sûr que non ! C’est normalement au donateur que reviennent la reconnaissance et la louange.
Nous avons déjà dit que certains maintiennent que notre salut individuel dépend exclusivement d’un choix électif opéré par Dieu. N’est-ce pas faire de nous des marionnettes dont les mouvements dépendent uniquement de la manière dont Dieu tire les ficelles ? Voici quelque chose d’intriguant que Paul écrit dans Romains 11.28 :
« En ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. »
Comment le peuple élu de Dieu peut-il être à la fois ennemi de l’Évangile et aimé à cause de l’élection ?
Ici le terme « élection » ne peut pas désigner le salut en tant que tel, mais la fonction que les Juifs étaient censés remplir en apportant le salut au monde. Le verset 20 du même chapitre rappelle que certains des Juifs étaient des branches qui furent coupées à cause de leur incrédulité et non à la suite d’un décret divin ou d’une décision élective de Dieu. Ils refusèrent simplement de chercher la sagesse de Dieu et de compter sur sa Parole. Au lieu de suivre consciencieusement l’exemple de foi de leur ancêtre Abraham, ils choisirent de s’attacher aux œuvres de la loi, en les complétant même pour essayer de gagner la faveur divine.
La Bible ne présente jamais l’élection comme une réalité cachée à notre entendement. Elle envisage l’élection comme un « dessein ». Quel est-il ?
L’exemple de Jacob et Esaü
À propos de Jacob et d’Ésaü, Paul déclare :
« Car les enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni mal, afin que le dessein d’élection de Dieu subsiste, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle, quand il fut dit à Rébecca : l’aîné sera assujetti au plus jeune » (Ro 9.11-12).
Il semble évident que cette parole ne concerne pas du tout le salut, mais le service. Le Seigneur a fixé le rôle terrestre que ces deux peuples devaient remplir. La suite du verset 12 évoque l’amour de Dieu pour Jacob et sa haine pour Ésaü, ainsi que la soumission de l’aîné au plus jeune. Pourtant, en tant qu’individu, Ésaü n’a jamais été au service de Jacob !
Dans Malachie 1.2-3, il est écrit :
« Je vous ai aimés, dit l’Éternel. Et vous dites : En quoi nous as-tu aimés ? Ésaü n’est-il pas frère de Jacob ? dit l’Éternel. Cependant j’ai aimé Jacob, et J’ai eu de la haine pour Ésaü, J’ai fait de ses montagnes une solitude, J’ai livré son héritage aux chacals du désert. »
Ce texte évoque clairement les rôles et le comportement respectifs des peuples issus de Jacob et d’Ésaü, c’est-à-dire Israël et Édom, ainsi que les conséquences, dans le déroulement du plan rédempteur de Dieu, de leur attitude de cœur à son égard.
De plus, quand il est dit que Dieu a eu de la « haine » pour Ésaü, nous devons rapprocher cette parole de celle que Jésus a prononcée à propos de la haine (selon le mot Grec) que le disciple doit éprouver envers son père et sa mère (Luc 14.26). Le Seigneur n’a pas utilisé le mot « haine » dans le sens que nous lui attribuons. Il s’agissait pour Lui « d’aimer moins » père et mère que Lui-même. Cette façon de parler dans un sens comparatif était conforme au langage habituel de sa culture. Dieu a décidé de faire de Jacob et de ses descendants l’objet de son amour et de Son attention particuliers. Il s’est révélé au monde par Jacob, la nation d’Israël, plutôt que par Ésaü, le peuple édomite ! D’ailleurs, Dieu a formellement interdit aux Israélites de haïr les Édomites : « Tu n’auras point en abomination l’Édomite, car il est ton frère » (De 23.7). Dieu aurait-il pu demander à Israël de ne pas haïr une race que lui-même haïssait, si nous chargeons ce verbe du sens actuel ?
Dieu sauverait les hommes par décret immuable ?
Dans Romains 1.16, Paul rappelle que le salut est pour quiconque croit, et non seulement pour les « élus » :
« Car je n’ai point honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. »
Il est très intéressant de noter ce que Paul écrit à Timothée à propos de ses souffrances pour l’Évangile :
« C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec la gloire éternelle »
(2 Ti 2.10).
Si Dieu sauve les « élus » uniquement par décret divin, comment tout ce que Paul endurait à cause d’eux pouvait-il leur obtenir le salut ? Par ailleurs, pour être cohérent, le système théologique TULIP devrait inciter les gens à se demander quel est le but de prier régulièrement pour les perdus.
Selon leur système, notre intercession ne pourrait en aucun cas changer la condition de ceux que Dieu aurait destinés à la mort éternelle ; et nos prières ne pourraient pas non plus influer sur le salut des autres, puisque celui-ci dépend uniquement de la décision antérieure de Dieu.
Cependant, l’intercession inspirée par le Saint-Esprit est certainement un privilège mystérieux et merveilleux que tous ceux qui croient en Christ sont appelés à exercer, car la prière change effectivement les choses, aussi bien dans le domaine objectif que dans le domaine subjectif.
D’ailleurs, des calvinistes que nous connaissons prient régulièrement pour les membres inconvertis de leur famille. Certainement le Saint-Esprit les pousse au-delà de leur logique, lui qui veut le salut de leurs bien-aimés.
Si notre salut individuel dépendait exclusivement du choix électif de Dieu, pourquoi la Bible se réfère-t-elle à Israël comme la nation élue de Dieu ?
« Pour l’amour de mon serviteur Jacob, et d’Israël, mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai parlé avec bienveillance, avant que tu me connaisses » (Es 45.4).
Le fait que Dieu a élu Israël ne signifie pas que Dieu sauve tous les juifs, quelle que soit leur attitude envers lui. Certainement pas !
Nous n’avons pas à conférer aux mots « élire » et « choisir » dans la Bible un sens différent de ceux qu’ils ont couramment en français. Nous élisons des représentants parmi des personnes volontaires ; une fois élues, ces personnes peuvent être choisies pour différentes missions.
Quel est donc le but spirituel de l’élection ?
Le principe de l’élection comporte deux aspects. L’un concerne la fonction à laquelle l’être humain est appelé et le type de ministère à exercer.
L’élection se réfère souvent au choix souverain de Dieu à propos de ses méthodes dans le déroulement du plan rédempteur, indiquant le rôle spécifique qu’Il assigne à telle personne particulière.
Le deuxième aspect se rapporte à tous les privilèges spirituels dont nous jouissons au titre de notre héritage en Christ. Abraham est un bel exemple du premier aspect. Son élection ne signifie pas qu’il était le seul homme honorable sur terre, ou la seule personne que Dieu cherchait à sauver à l’époque. Regardez la droiture avec laquelle des païens comme Abimélec traitèrent Abraham et Isaac dans les chapitres 20 et 26 de la Genèse. Melchisédek, roi de Salem, bien qu’il fut un cas unique, et Jéthro, le sacrificateur madianite et beau-père de Moïse, sont d’autres exemples de personnes qui, bien que n’appartenant pas à la lignée d’Abraham, honorèrent Dieu et le servirent (cf. Genèse 14.18 et Exode 18.10).
Dieu ne se souciait pas seulement de sauver éternellement Abraham. Son plan était avant tout de se révéler à toute l’humanité par ses interactions avec un groupe de gens choisis, les descendants d’Abraham par Isaac.
L’élection décrit également les choix moins évidents de gens que Dieu va utiliser pour réaliser ses plans.
En effet, dans ses desseins électifs, Dieu met parfois de côté le premier-né pour transmettre les privilèges terrestres (pas nécessairement célestes), comme le montre l’épisode suivant :
« Joseph vit avec déplaisir que son père posait sa main droite sur la tête d’Éphraïm ; il saisit la main de son père, pour la détourner de dessus la tête d’Éphraïm, et la diriger sur celle de Manassé. Et Joseph dit à son père :
Pas ainsi, mon père, car celui-ci est le premier-né ; pose ta main droite sur sa tête. Son père refusa, et dit : Je le sais, mon fils, je le sais ; lui aussi deviendra un peuple, lui aussi sera grand ; mais son frère cadet sera plus grand que lui, et sa postérité deviendra une multitude de nations. Il les bénit ce jour-là, et dit : C’est par toi qu’Israël bénira, en disant : Que Dieu te traite comme Éphraïm et comme Manassé ! Et il mit Éphraïm avant Manassé » (Ge 48.17-20).
Jésus est l’« Élu » de Dieu et nous qui sommes en lui, nous avons part à cette élection dans l’accomplissement du plan divin pour notre vie.
« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon Esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations »
(Es 42.1).
Ici, le terme « élu » désigne le rôle spécial dévolu à Jésus dans le plan de la rédemption ; il ne s’agit évidemment pas du salut de Jésus ! Dans le Nouveau Testament, les élus sont ceux qui fonctionnent « en Christ ». L’« élection » comprend tout ce qui constitue notre héritage en tant que membres de son corps, l’Église. Notre salut ne se limite pas à une délivrance de l’enfer ; il se définit comme un riche héritage. Il sous-entend une vie entière, nouvelle et sainte, qui trouvera sa pleine expression dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, lorsque notre corps de résurrection sera affranchi des contraintes de cet ordre de choses présent.
La « vocation » et l’« élection » correspondent-elles à des décrets immuables dont les prolongements dans la vie humaine sont indépendants des réponses et des choix de l’homme ? Pierre ne semble pas être de cet avis.
« C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais » (2 Pi 1.10).
Le contexte de ce verset nous encourage à rechercher ces vertus qui sont essentielles pour que la vie chrétienne porte du fruit. Il nous rappelle une fois de plus que notre vocation et notre élection concernent cette qualité exceptionnelle de vie et de service, une vie caractérisée par les œuvres bonnes que Dieu a préparées pour chacun de nous. L’apôtre nous exhorte vigoureusement à faire tous nos efforts pour prendre pleine possession de notre héritage, ce qui est une autre manière de dire que nous ne possédons pas automatiquement tout par décret divin.
Y a-t-il des cas où l’élection divine annule la liberté humaine de choisir ?
Saul de Tarse ?
Par exemple, Dieu a-t-il passé outre la volonté de Saul sur le chemin de Damas, comme certains le croient ? Le dialogue entre le Seigneur et Saul est particulièrement significatif.
« Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ?
Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons. Tremblant et saisi d’effroi, il dit :
Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire » (Ac 9.4-6).
Cette intervention divine spectaculaire a-t-elle paralysé la volonté personnelle de Saul au point de ne pouvoir résister à l’appel divin, au moment où Jésus fit irruption de manière si inouïe dans sa vie ?
Dans ce passage, rien ne semble l’indiquer. Saul avait déclenché une persécution cruelle contre les chrétiens, il avait entendu le témoignage sublime d’Étienne que la foule lapidait ; il tentait certainement de faire taire les remords de sa conscience imprégnée de préjugés. Nous pouvons imaginer la lutte qui faisait rage dans son esprit ; son éducation et sa formation pharisaïques le tirant dans une direction, et ce qu’il avait vu et entendu récemment le tirant dans une autre, inconnue et inexplorée.
Dieu adapte son appel à chaque cœur !
Combien de gens ont été interpellés de façon très claire par Dieu et ont refusé de le suivre ? Il a suffi à certaines personnes d’entendre le doux souffle du Seigneur pour lui répondre positivement. Pour d’autres, il a fallu que le Seigneur crie fort par beaucoup de souffrances. Nous ignorons ce qui se trame dans le cœur des gens.
Les voies merveilleuses par lesquelles Dieu atteint les gens nous dépassent.
Soyons cependant assurés qu’à aucun moment il n’agit de façon arbitraire ou coercitive avec ceux qui le cherchent. Nous avons un exemple frappant de ce principe dans Jean 4.38 où Jésus dit à ses douze disciples qu’il les a envoyés moissonner là où d’autres avaient travaillé. Ils ont tout simplement pris la suite du travail de gens dont le texte ne donne aucun détail quant à l’identité et au ministère. Nous lions souvent l’évangélisation organisée du temps de Jésus à l’activité des Douze, ou des Soixante-dix mentionnés dans Luc 10.1. Ici, nous avons un exemple dans l’Écriture de l’action de Dieu sur une échelle beaucoup plus vaste. Qui étaient-ils, ceux qui avaient labouré le terrain, semé, arrosé pour que ce cercle restreint d’aides puissent venir moissonner ? Soyons certains qu’à aucun moment Dieu n’agit de façon arbitraire ou en forçant la main dans ses rapports avec ceux qui le cherchent.
Le passage suivant de Romains 11.2-5 suggère-t-il un Dieu souverain qui ne tient nullement compte des libres choix des hommes, comme certains l’affirment ?
« Dieu n’a point rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance. Ne savez-vous pas ce que l’Écriture rapporte d’Élie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël : Seigneur, ils ont tué tes prophètes, ils ont renversé tes autels ; moi seul, je suis resté et ils cherchent à m’ôter la vie ? Mais quelle réponse Dieu lui donne-t-il ? Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont point fléchi le genou devant Baal. De même aussi dans le temps présent, il y a un reste selon l’élection de la grâce. »
Ce passage n’affirme pas que Dieu a empêché ces sept mille Israélites de fléchir les genoux devant Baal. Ils avaient décidé d’obéir à Dieu, avec son aide, et Dieu les avait mis à part pour lui.
De plus, toute cette section de la lettre aux Romains oppose l’esprit de la grâce aux œuvres, et non la souveraineté de Dieu à la pleine responsabilité de l’homme.
Aujourd’hui, ceux qui s’approprient la grâce de Dieu et ne s’appuient pas sur leurs œuvres personnelles pour mériter quoi que ce soit de Dieu, sont élus pour participer à l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ, au titre de membres du corps dont Il est la tête.
Résumons quant à l’élection. Le Nouveau Testament insiste sur la nature et la qualité de tout ce que nous possédons en Christ en tant que croyants, plutôt que sur le choix arbitraire divin de certaines personnes qui pourraient bénéficier de tels bienfaits. Le principe de l’élection demeure ancré dans la volonté et la sagesse souveraines de Dieu ; il ne fait en aucun cas violence à la liberté de choix de l’être humain.
Nous ne sommes pas membres du corps de Christ parce que nous figurons parmi les élus en vue du salut.
MAIS :
Nous figurons parmi les élus parce que nous sommes devenus membres du corps de Christ !
Les textes suivants de l’Ancien Testament rappellent le désir sincère de Dieu de bénir, et le refus de l’homme de lui faire confiance :
« Si vous avez de la bonne volonté et si vous êtes dociles, vous mangerez les meilleures productions du pays ; mais si vous résistez et si vous êtes rebelles, vous serez dévorés par le glaive » (Es 1.19-20).
Dieu était bien disposé, mais les hommes l’étaient-ils également ?
« Puisque vous rejetez tous mes conseils, et que vous n’aimez pas mes réprimandes, moi aussi, Je rirai quand vous serez dans le malheur » (
Pr 1.25-26).
À propos du peuple d’Israël, Dieu déclare :
« Mais mon peuple n’a point écouté ma voix, Israël ne m’a point obéi »
(Ps 81.11).
Dieu aspirait à bénir son peuple, mais celui-ci refusa systématiquement de payer le prix de l’obéissance.
« Il lui disait : Voici le repos, laissez reposer celui qui est fatigué ; voici le lieu du repos ! Mais ils n’ont point voulu écouter » (Es 28.12).
Un peu plus loin, le prophète réitère la même idée :
« Car ainsi a parlé le Seigneur, l’Éternel, le Saint d’Israël : C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. Mais vous ne l’avez pas voulu ! » (Es 30.15). Ces rebelles ont tout simplement refusé l’offre gratuite du repos, ce même repos que Jésus nous invite à trouver en lui – le repos dont notre âme a tellement besoin. Voici la déclaration la plus claire de l’intention de Dieu, exprimée lors de la naissance de l’Église, dans Actes 3.26 :
« C’est à vous premièrement que Dieu, ayant suscité son serviteur, l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de ses iniquités. »
Le souhait de notre Père céleste que « chacun » se détourne du péché est on ne peut plus clair ; le seul obstacle est le refus constant de l’homme de lui faire confiance. Ce « chacun » englobe même tous ceux qui avaient, d’une manière ou d’une autre, pris part à la crucifixion de Christ.
« Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur » (Ac 3.19).
Dudley WARD se définit comme missionnaire, engagé avec son épouse Jill dans l’évangélisation, la distribution de littérature, l’encouragement des serviteurs de Dieu dans leur passion pour le ministère chrétien.
Cette série d’articles est tirée du livre de Dudley, « Programmés par Dieu ou libres de le servir ? » aux Editions Oasis (épuisé, mais j’ai encore quelques exemplaires). Vous pouvez écouter son message ici : https://www.youtube.com/watch?v=dh1GFyR72Ck et https://www.youtube.com/watch?v=u-vKC6FwA7g