Jusqu’où irons-nous pour conserver l’unité de l’Église ? Telle est la question que Dominique ANGERS pose dans son commentaire « Parle-moi maintenant » sur la lettre de Paul aux Éphésiens. |
À QUELS EFFORTS, à quels sacrifices sommes nous prêts pour que notre Église locale jouisse de l’unité ? L’harmonie ecclésiale est à l’honneur de Dieu, elle assure notre bonheur et elle contribue à notre témoignage collectif dans la société. En Éphésiens 4.1 à 6 Paul supplie les chrétiens de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver l’unité qui existe parmi eux. // Conserver l’unité (4.1-6)Dans la première moitié de la lettre aux Ephésiens (chapitres 1 à 3), Paul a dépeint l’Église dans le monde céleste. Pour quelle raison ? Pour exposer le plan grandiose que Dieu a fixé d’avance. Ce plan a pour objectif ultime la réconciliation de toutes choses en Christ, l’harmonie retrouvée. Il vise l’unité parfaite du monde créé – de tout ce qui est au ciel et de tout ce qui est sur la terre (1.10). L’Église, déjà spirituellement réunie dans le monde céleste par son union avec Jésus-Christ, représente, en quelque sorte, la première étape visible sur terre de cette réconciliation d’ampleur cosmique. Elle constitue la maquette, le modèle que Dieu dévoile aux hommes et aux anges en avant-première pour leur donner une bonne idée de ce qu’il prépare.
Nous arrivons maintenant à la seconde grande partie de la lettre (chapitres 4 à 6), qui est beaucoup plus pratique. C’est normal: l’Eglise. certes réunie dans le monde céleste (spirituellement parlant), se trouve simultanément sur terre. Elle a peut-être le « cœur au ciel », là où se trouve Christ, mais en même temps, elle a les pieds bien sur terre, où elle doit faire face à des difficultés et relever les défis de son temps, à chaque génération. (L’auteur montre que la partie pratique d’Ephésiens découle de sa réalité spirituelle céleste. ) Parce que l’Église est une nouvelle humanité ayant expérimenté la réconciliation avec Dieu, et entre communautés humaines, il est naturel qu’elle vive en cohérence avec cette pacification. //
// Cependant, la suite du verset 2 suggère que les situations faciles, même en communauté chrétienne, sont plutôt l’exception que la règle ! En effet, les chrétiens doivent aussi marcher avec patience, c’est-à-dire en acceptant les faiblesses des autres et en refusant de recourir à la vengeance lorsqu’ils subissent le mal. La fin du verset 2 décrit l’expression concrète d’une telle attitude de patience: «supportez-vous les uns les autres avec amour». Le verbe «se supporter » évoque non pas le soutien ou l’appui que nous nous apportons fréquemment les uns aux autres (qui est certes également requis), mais plutôt la tolérance mutuelle que nous devons mettre en œuvre dans la communauté, est particulièrement indispensable lorsque des tensions et des conflits qui éclatent. Paul a donc en ligne de mire un amour particulier, qui est tout le contraire de l’amertume et de la vengeance personnelle. Ces attitudes néfastes représentent un danger constant pour l’Église et pour chacun d’entre nous. Paul est certes un grand théologien, mais il est aussi un pasteur expérimenté et réaliste. Son propos est d’un grand secours dans toute situation tendue ou conflictuelle. Des effortsUne autre preuve que Paul est réaliste : il annonce que les chrétiens ne s’en sortiront pas sans un minimum d’efforts. On ne peut pas reprocher à Paul de faire l’autruche et d’être déconnecté de la réalité ! Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres. L’unité ne survient jamais dans une Église locale par hasard, ni par accident. Elle se travaille. Paul somme les Éphésiens de «s’efforcer de la maintenir en leur sein. En même temps, la véritable unité existe de fait. Elle nous est « donnée » par l’Esprit. Déjà, «la paix [nous] lie les uns aux autres», comme Paul l’a si bien démontré en Éphésiens 2.11-22. En effet, la paix est le lien par lequel l’unité est maintenue. Jésus-Christ a abattu le fameux mur qui séparait Juifs et non-Juifs. Par le fait même, il a démantelé toutes les autres murailles que nous érigeons dans nos communautés.
Notre responsabilité n’est donc pas de créer l’unité. C’est simplement de la «conserver». Alors que l’Esprit est l’auteur de l’unité reçue, nous en sommes les gardiens. Voilà pourquoi Paul met l’accent sur le maintien de l’unité. //
Des chrétiens compliqués dans mon Église et (certains jours) dans… mon miroir (4.2)Donald Carson a écrit: Pour beaucoup, l’Église est un endroit somme toute assez agréable. Un seul défaut vient gâcher ce tableau : parmi ceux qui la fréquentent beaucoup sont des êtres insupportables. Comment ce portrait de l’Église ponctué d’humour vous fait-il réagir ?
Bien entendu, la question se pose dans les deux sens, mais il peut être édifiant de considérer l’autre versant du raisonnement de Carson. CARSON, La prière renouvelée, Cléon d’Andran, Excelsis (collection Sel & Lamine 2005 Retroussons nos manches pour préserver l’unité (4.3)
Il s’agit alors mettre de côté son ego, d’apprendre à bien écouter l’autre qui ne pense comme soi. Il faut s’asseoir ensemble autour de la Parole de Dieu pour voir ce que Dieu pense de telles situations. L’unité n’est jamais un accident. L’Église locale n’est pas entrainée malgré elle vers une unité vécue. Le fait que l’Église constitue une nouvelle humanité» (Éphésiens 2.19) n’empêche pas que des différences importantes existent entre ses membres, sur le plan de l’origine ethnique, du rôle dans l’Église, de la sensibilité aux divers besoins, et ainsi de suite.
Confrontés à des individus qui, à certains égards, ne leur ressemblent pas, les chrétiens relèvent le défi du maintien de l’unité. Parce que, dans l’Église locale, la tentation de conflit et de la division est forte, les croyants doivent délibérément fournir des efforts pour rester attachés les uns aux autres. Unis autour d’une seule foi à l’ère du pluralisme assumé (4.5)À une époque où chacun est invité à définir «sa vérité », il est rafraichissant – et stabilisant – de célébrer «une seule foi», celle qui révèle l’unique moyen de salut. Réunis autour du Roi (4.6)Quand notre unité est menacée, c’est souvent parce que certains chrétiens aspirent à « régner dans un domaine de la vie de l’Église. Ils souhaitent que leur position ou que leur avis prenne le dessus. Or quand nous nous rappelons qu’il y a un seul Dieu et Père de tous, et que c’est but qui règne sur tous (donc sur nous également), cela nous remet à notre place
Tiens, il y a quelque temps, le Seigneur m’avait montré la même chose pour ma vie, que ce soit dans l’Église, dans la famille ou n’importe où. Dominique Angers est professeur de Nouveau Testament et de théologie pratique à la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia). Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, Parle-moi maintenant. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique. Retrouvez ici quelques éléments de son parcours et la liste de toutes ses publications. Voir aussi : Des relations harmonieuses dans l’Église (selon Dominique ANGERS 1/2) tiré du même Commentaire pratique du Nouveau Testament « Parle-moi » d’Éphésiens. Sur plus de 400 pages, et avec un podcast pour chaque chapitre, l’auteur nous sert la substantifique moëlle de cette épitre avec vigueur, enthousiasme et vérité !
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