Zoom sur le plan de Dieu

Dieu a une seule volonté : offrir le salut à tous les hommes, il les a créés pour cela, et il souhaite qu’ils soient libres de l’accueillir ! Oui, mais la question est : Tous ne sont pas sauvés, alors le plan de Dieu aurait échoué, ce qui est inacceptable ?! Mais non, ne confondons pas plan et volonté. Il n’est dit nulle part que le plan de Dieu ait été que tous les hommes soient sauvés, car là, il y aurait échec, vu que tous ne le sont pas, ou alors on glisserait dans l’universalisme.

Pour justifier la doctrine du déterminisme du salut, on évoque souvent :
Matthieu 11.21 : Malheur à toi Chorazin, malheur à toi Bethsaïda! car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient eu lieu à Tyr ou à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties

Jésus croyait-il vraiment  que Tyr et Sidon pouvaient être sauvées par des miracles ? Ce serait contraire à tous les enseignements de la Parole de Dieu. Le Seigneur voulait-il dire autre chose ici que ceci : les habitants Chorazin et de Bethsaïda étaient encore plus endurcis dans le péché que ne l’étaient à l’époque ceux de Tyr et Sidon ?

Fort judicieusement, Richard Doulière voit encore dans ces paroles une autre leçon, qui confirme ce que nous avons souligné par ailleurs :

Dans sa toute science, Dieu sait parfaitement que serait ou qu’aurait été le comportement de chacun si les circonstances étaient ou avaient été différentes. Son jugement en tiendra compte. Par contre, la sévérité du jugement est certaine pour quiconque aura entendu les paroles du Christ et sera demeuré indifférent. Ce sont ces paroles qui le jugeront (Jean 12.48).[1]

Une dernière remarque au sujet de ces paroles du Seigneur Jésus, peut-on parler du salut de… villes ? Le texte parle de leur repentance, comme on lit le récit de celle des gens de Ninive, avec Jonas. Cela signifie-t-il pour autant que les gens de Ninive soient tous devenus des enfants de Dieu sauvés ?
Ne se mêle-t-on pas les pinceaux en confondant deux choses ?

1) Dieu avait un plan précis en créant ce monde.

Il est conçu de toute éternité, immuable, absolument indépendant de ce que peut bien faire un homme. C’est là le déterminisme auquel je crois fermement : celui du plan de Dieu qui fait toutes choses en accord avec la décision de sa volonté. C’est la définition de ce plan qui me semble créer les écoles de pensée différentes :

si ce plan était que tous les hommes créés soient sauvés, on aurait mille fois raison de dire que dans ce cas, le Dieu souverain aurait lamentablement échoué. Mais alors, il aurait aussi échoué envers le peuple d’Israël : voir Actes 5.31 !

si ce plan était que seuls quelques élus soient sauvés, sans égard pour l’attitude de l’homme, d’autres auraient tout autant de fois raison de dire que ce Dieu serait injuste, cruel, faisant d’amers reproches à ceux qui n’auraient pas eu la chance d’être programmés pour obéir au Créateur.
Dieu ferait alors des différences entre les hommes en leur appliquant des critères très différents : grâce imméritée inconditionnelle pour les élus, damnation méritée inconditionnelle pour les réprouvés.

– mais le plan de Dieu n’est ni l’un ni l’autre. Si nous sommes père ou mère, nous ne pouvons concevoir que Dieu aurait pu n’envisager la réconciliation qu’avec une partie de ses enfants révoltés.

Le plan de Dieu s’applique parfaitement, car il ne consistait pas
– à sauver tous les hommes malgré eux (universalisme)
– à ne sauver qu’une infime partie de ses enfants et à condamner les autres à la perdition éternelle, sans aucun recours possible.

Non, ce plan est de faire cesser la rébellion des hommes, de manifester la victoire de Christ, qui ramènera de gré (ceux qui se seront laissé élire) ou de force (les réprouvés, qui auront refusé la grâce) sous son gouvernement.

Éphésiens 1.10 : Selon ce plan, tout ce qui est au ciel et tout ce qui est sur la terre doit être réuni sous le gouvernement du Christ.

Oui, ce plan consiste à réunir en un seul corps tous les hommes, juifs ou païens d’origine, qui auraient placé leur foi en Jésus-Christ.

Éphésiens 3.6 : Et ce secret c’est que, par leur union avec Jésus-Christ, les non-Juifs reçoivent le même héritage que nous, les Juifs, ils font partie du même corps et ont part à la même promesse, par le moyen de la Bonne Nouvelle.

On pourrait dire qu’il s’articule en cinq volets (en gros) :

a)- Dans l’absolu, Dieu a créé l’homme en le (pré)destinant à partager sa gloire. Il a fait cet homme « à son image », donc doté d’une intelligence, d’une sensibilité et d’une volonté.

b)-  Le choix désastreux de l’homme a détérioré (pas annihilé !) cette image de Dieu en l’homme. Il a (pré)destiné chacun à la perdition.

c)-  De toute éternité, Dieu le savait et a dès le départ conçu son plan ainsi : Dieu a décidé de prédestiner au salut tous ceux qui mettraient leur confiance en Jésus-Christ et de les transformer à l’image de son Fils.

d)-  Dieu savait aussi que la plupart des hommes allaient rejeter son plan et se livrer au mal. Il a donc intégré – de toute éternité – à son plan de salut un plan de survie de l’espèce humaine sur terre. En effet, sans l’intervention du Créateur, la méchanceté des hommes aurait fait disparaître les humains de la planète ! Dieu gouverne ce monde en limitant le mal, selon sa sagesse. C’est cela le sens de ses interventions à Sodome et Gomorrhe, à Ninive… On est loin ici d’un salut collectif.

e)-  Enfin,  le plan ultime de Dieu consiste à tout « réunir » sous le gouvernement de Christ : les élus et les réprouvés, mais chacun de son côté, donc à faire cesser toute rébellion. Dès le départ, la mission du Messie était clairement définie ainsi :

Jean 1.29 : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

Ôter le péché du monde, c’est un objectif bien plus vaste et plus glorieux que sauver un nombre restreint d’hommes sans se préoccuper des autres !

Ainsi défini, le plan de Dieu se réalisera sans faille : Décidé de toute éternité, il se réalise entièrement dans la mort et la résurrection du Christ. Nul homme ne le mettra en échec. Mais ne confondons pas ce plan de Dieu d’une part et… sa mise en application d’autre part. Examinons cette dernière, qui peut aussi s’articuler en 5 points.

2) La mise en œuvre de ce plan

Elle comporte également une bonne part de détermination, mais de loin pas à tous points de vue :

a)-  L’appropriation de ce salut par le pécheur se révèle impossible, car l’homme est corrompu, « mort ».

b)-  L’Esprit de Dieu est l’agent de salut qui travaille les cœurs et les consciences pour les convaincre de venir à Christ. Son appel est efficace, mais il ne viole pas les volontés.

c)-  Dieu faisant tout pour attirer l’homme et le rendre capable de répondre à son appel, le pécheur est entièrement responsable de ses actes, de ses choix et de son refus ou son acceptation de la grâce.

d)-  Dieu élit au salut tous ceux qui placent leur confiance dans le Christ. (c’est une facette de l’élection) et il les prédestine à être semblables à son Fils. (la boucle est bouclée.)

e)-  Mais il y a une autre facette de l’élection, et c’est aussi le fait de ne pas discerner celle-ci qui nous fait mélanger les torchons et les serviettes :
Pour propager son plan, Dieu a élu un peuple, Israël, avec ses patriarches soigneusement choisis, puis un autre peuple, l’Église, avec ses apôtres souverainement établis. On le constate, rien à voir avec la vie éternelle !
Par son choix, Ésaü par exemple était impropre à entrer dans ce plan grandiose, comme le roi Saül aussi, tout « élu » de Dieu qu’il était au départ. Mais sur le plan individuel, si Ésaü, Saül, Judas et les autres instruments de Dieu écartés du « ministère » se sont repentis, ils auront obtenu grâce : on est simplement sur un autre plan.

Dans sa volonté que tous les hommes soient sauvés, le plan que la Parole de Dieu dévoile est toujours encore celui de Jean 3.16, qui, avec Jacques 1.14, sont deux piliers en béton de notre étude :

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

Dans le calendrier « La Bonne Semence, on lit que Martin Luther considérait ce verset comme l’Évangile en miniature et avait écrit :

On y trouve résumé en quelques mots l’exposé de ce que Dieu a fait, avec la raison et le but de son action. Tout est grand dans cette phrase, parce que tout est divin : un grand Dieu d’amour qui aime toutes ses créatures ; un grand don : son Fils ; un grand appel : quiconque ; une grande délivrance : ne périsse pas ; un grand héritage : la vie éternelle.

Oh, que je l’aime, ce texte ! Ce plan-là se réalise-t-il ? Bien sûr que « quiconque croit en lui ne périt point, mais qu’il a la vie éternelle. », alléluia ! Depuis 2000 ans, il en est ainsi, sans aucune exception ! Mais… ceux qui ne sont pas sauvés ? Eh bien, ce n’est nullement un échec de Dieu, qui voulait les sauver aussi. Il ne les sauvera pas malgré eux, et eux non plus ne mettront pas Dieu en échec : Voir Ésaïe 45.23, Romains 14.11.

Philippiens 2.9 à 11 : C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Oui,même l’enfer sera sous l’autorité absolue de Christ. Où sont les deux volontés de Dieu dans cette optique  ? N’y a-t-il pas plutôt un plan d’amour et une volonté efficace pour le mettre en œuvre ?

Le Dieu absolument souverain choisirait ses élus sans tenir compte des hommes ?  Voilà que deux versets précieux se présentent à ma mémoire.
Ils me semblent vraiment décrire de façon très claire le plan de Dieu, et ils montrent de quoi Dieu ne tient pas compte, en réalité :

Actes 17.30 : Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir !

2 Corinthiens 5.19 : Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans tenir compte aux hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

S’il n’y avait que ces deux versets dans les Écritures pour désigner ce plan divin, nous aurions néanmoins ici une doctrine du salut extrêmement limpide, ne trouvez-vous pas ?      Claude

[1][1] Richard Doulière, De l’Éternité à l’Éternité, p 144  Diffusion Emmaüs