Une vie au service du Maître

Voici le récit de vie de la première femme qui a marqué profondément ma vie : ma maman. Dans une brochure rédigée en 1999, elle raconte…

Frustrée

Exploitants d’une boulangerie florissante, parents de Claude (4 ans) et de Francis (quelques mois), nous aurions dû être heureux.
Mais moi, je ne l’étais pas. Souriante derrière le comptoir comme les clients le demandaient, j’étais triste le soir, déçue, insatisfaite. Ce n’est pas ainsi que je me représentais ma vie de couple : on se voyait à peine, si ce n’est pour se disputer, et toujours à cause du commerce.
Celui-ci s’était mis entre nous deux et perturbait nos relations.

Un événement allait changer ma vie. Pendant quinze jours, l’Évangile était prêché sous un chapiteau dressé sur la place du marché. Des clients m’invitaient à participer à ces réunions, mais à chaque fois, je refusais.
Je prenais très au sérieux ma religion luthérienne, je la croyais bien meilleure que celle des réformés ou des catholiques. (Ceux-ci avaient probablement la même opinion de la leur !) Je fréquentais les cultes et prenais part à la sainte cène, croyant que par elle mes péchés étaient pardonnés, comme on me l’avait appris.
Alors, pourquoi me rendre sous ce chapiteau ?

Pourtant, un soir, épuisée et à bout de nerfs, ayant encore beaucoup de travail à accomplir, j’ai annoncé brusquement à mon mari que j’irais sous ce chapiteau. C’était pour fuir. J’étais la dernière, tout au fond. J’’ai regardé autour de moi, je connaissais tous ces gens, je n’arrivais pas à écouter.

Un tournant décisif

Puis, tout à coup, la voix de l’évangéliste m’est parvenue :
« Qu’avez-vous fait pour votre vie matérielle ? »
Je pense à nos réalisations, mais l’orateur poursuit :
« Et qu’avez-vous fait pour votre âme ? »
Là, je me suis révoltée ! Comment cet évangéliste se permet-il de nous interpeller ainsi ? Je lui en voulais, car j’étais convaincue que je pratiquais tout ce que je devais faire. Pourtant, cette phrase ne m’a plus lâchée.

Le lendemain soir, mon mari Édouard m’a accompagnée à la réunion, ainsi que ma maman et une de mes sœurs, Émilie. Nous voulions savoir !
C’est ce que nous cherchions sans le savoir et nous avons trouvé celui qui change les cœurs et donne une nouvelle vie, un sens, un but à notre vie, une assurance. C’est ainsi que j’ai ouvert la porte de mon cœur au Seigneur, en octobre 1953. Le Seigneur avait frappé à la porte de mon cœur. (Apocalypse 3 : 20) Il est entré et a fait sa demeure en moi. Il a fait le ménage en moi, a balayé mes péchés qu’il a pardonnés, après ma repentance. Je sais qu’il m’a préparé une place auprès de lui (Jean 14 : 2), je suis son enfant.
Personne ne me ravira de ses mains (Jean 10 : 28).

Christ change nos vies

C’est moi, Claude, qui écris la suite. Maman raconte ensuite qu’une deuxième sœur, Eugénie, a fait la même démarche de foi, alors que la plus jeune, Frieda, était plutôt réticente. Quelques années plus tard, à l’âge de 35 ans, Frieda était dans la phase terminale d’un cancer quand elle a décidé elle aussi de mettre sa confiance en Jésus-Christ. Dans sa grâce souveraine, Dieu l’a guérie et a rajouté ainsi presque un demi-siècle à sa vie.
Maman témoigne ensuite du changement que représentait la gestion d’un magasin avec le Seigneur. Dieu dirigeait les choix à merveille. Puis vient un paragraphe qu’elle intitule :

Mon compagnon de route me précède dans la gloire

Elle y raconte comment papa nous a quittés pour la patrie céleste le 15 février 1989, à l’âge de 69 ans, après avoir réaffirmé son espérance vivante. Elle ajoute : « Bientôt, je rejoindrai ceux qui nous ont précédés ! » Maman avait 80 ans quand elle a écrit cela. Mais plus de dix ans se sont encore écoulés avant son grand départ.

Une évangéliste dans l’âme

Pendant sept ans, elle a continué ce qu’elle faisait pendant toute sa vie de chrétienne : témoigner de son Sauveur Jésus-Christ ! Lors d’un séjour en maison de cure, elle a réuni un petit groupe de partages et prières avec une curiste protestante et une bonne sœur catholique, dont elle reconnaissait l’amour pour Jésus malgré les différences doctrinales. Maman ne mettait pas d’espoir dans l’œcuménisme institutionnel, mais elle aimait à dire : « Nous ne voulons pas enlever aux autres ce à quoi ils s’attachent, mais leur partager ce que nous avons, l’Évangile de la grâce en Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes. »
Oui, maman témoignait de l’Évangile comme elle respirait. Elle avait un œil pour déceler les personnes qui vivaient une profonde détresse et elle leur transmettait l’amour du Christ, par son sourire, sa tendresse et ses paroles. Mon frère Francis semble avoir hérité de ce même don.
Moi, beaucoup moins, mais je progresse !

Maman sillonnait la région au volant de sa vieille Opel de 25 ans pour faire d’innombrables visites, et cela jusqu’à une alerte de santé sérieuse, à l’âge de 87 ans. Nous avons pu l’accompagner jusqu’à l’entrée du bloc opératoire. Maman était persuadée que le moment était venu pour elle de rejoindre son Sauveur. Rayonnante, elle nous a fait ses adieux et j’avais l’impression que j’accompagnais une reine qu’on menait sur son fauteuil roulant vers son couronnement ! Mon cœur pleurait, le sien jubilait ! Mais… l’opération réussit et la reine presque céleste est redevenue très humaine.
Une deuxième alerte s’est déroulée pratiquement de la même manière. Quatre ans ont encore passé, dans une belle sérénité.

Disciple du Christ à 90 ans

Une femme si énergique avait évidemment le travers d’être plutôt dirigiste, pensant devoir s’occuper de tout. À sa sortie d’hôpital, elle était devenue une aïeule dépendante, obligée à changer de cadre de vie. On aurait pu s’attendre qu’avec son tempérament, elle aurait eu du mal à s’adapter à sa nouvelle vie chez mon frère Francis et son épouse Martine.
Mais, miracle de la grâce, elle s’est révélée docile et soucieuse de bien faire. Lors de ses promenades quotidiennes, elle prenait plaisir à parler avec tous ceux qu’elle rencontrait et en particulier avec un jeune homme solitaire.
Il lui tenait à cœur de lui témoigner l’affection d’une vieille mémé et… l’amour du Christ. Au sein de l’Église évangélique, dont elle ne manquait aucun culte, elle était entourée de plusieurs jeunes, car elle n’oubliait pas de leur confectionner une carte à l’occasion de leur anniversaire.

Arrivée à bon port

Maman est partie dans la gloire de Dieu[1] le 2 février 2010, dans une chambre d’hôpital. Deux heures avant de s’endormir paisiblement[2], elle mettait sa dernière énergie à chanter avec nous, ses enfants, les cantiques qu’elle aimait bien. Comme papa, deux décennies plus tôt.

(Sophie Schneider)

[1] C’était son expression pour parler de l’au-delà.

[2] Je ne prétends pas que tout décès de chrétien soit forcément paisible, malgré l’espérance vivante qui n’est pas à mettre en doute. Certains souffrent beaucoup, sont en proie à l’angoisse, même si leur attitude générale est faite de confiance.

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