Jean 15.2,6 : Le sarment coupé du cep

 

Un véritable enfant de Dieu court-il le risque d’être retranché du Cep et… d’être « brûlé » ? Voici probablement le texte le plus troublant des Écritures pour étayer éventuellement la doctrine de la perte du salut. Et si c’était plutôt la plus claire évidence de la sécurité éternelle des vrais chrétiens ?

2023-01-27

D’emblée, avouons que l’affaire semble entendue : 

2 Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche;

On ne pourrait être plus radical pour désigner une énorme perte, apparemment définitive, car on n’a jamais vu de sarments coupés réintégrer leur cep !
Néanmoins, il nous faut considérer plusieurs éléments importants :

1. Le contexte

Jésus enseigne ses disciples (que Judas venait de quitter), pour les préparer à vivre sans sa présence physique, et surtout à pouvoir le représenter dignement, pas seulement comme ses prédicateurs, mais comme les membres de son corps, reliés à lui, la Tête, et tirant de lui leur vie et leurs ressources spirituelles.

Pour cela, il emploie l’analogie du Cep et des sarments, qui lui permet de leur donner un mot d’ordre très clair : 

v 16 :  … et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure…

L’emphase des paroles de Jésus ne porte donc pas sur la préservation du salut de ses disciples, mais sur leur besoin de témoigner de la réalité de leur foi par des vies qui portent des fruits !

Ceci dit, il y a effectivement ici deux sortes de sarments : ceux qui portent des fruits et ceux qui n’en portent pas ! Comme Jésus, débutons par ces derniers :

2. Les sarments qui ne portent pas de fruits

2 Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il l’enlève;
6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent.

Qui sont ces sarments ?

Notons qu’il n’est pas question ici de sarments qui ne portent plus de fruits, mais qui n’en ont jamais porté ! C’est la clé !

Levangile.com écrit :

On peut traduire : tout sarment qui est en moi, relié en apparence au cep et qui ne porte pas de fruit ; ou bien : tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi par son union organique avec moi.

Il y a, dans les ceps de vigne, des rejetons sauvages qui ne portent jamais de fruit ; le vigneron les retranche, afin qu’ils n’absorbent pas inutilement la sève. Un homme peut, de diverses manières, appartenir extérieurement à Jésus-Christ en se rattachant à son Église, en professant la foi chrétienne sans avoir part à la vie sanctifiante du Christ. Tôt ou tard, il se verra retranché, exclu de cette communion apparente avec le Sauveur.

BibleEnLigne.com renchérit :

Quiconque professe le christianisme est un sarment; mais celui qui en fait profession sans avoir la vie de Dieu, ne peut porter du fruit, puisque, sans cette vie, l’homme ne produit rien de bon pour Dieu; il sera un sarment que le cultivateur ôtera. Si, au contraire, il porte du fruit, preuve qu’il a la vie, le Père l’émondera; il le fera passer par la discipline pour le délivrer de ce qui peut l’empêcher de porter encore plus de fruit.

Au verset 3, en s’adressant aux disciples, le Seigneur leur dit:
« Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite ».
Vous n’êtes pas un de ceux que le Père ôtera, mais de ceux qu’il soignera, puisqu’ils étaient déjà nets.
Par sa parole, Jésus leur avait révélé le Père; ils l’avaient reçu et elle les avait placés en relation vitale avec Jésus.

3.  Les sarments qui portent des fruits

V5 : Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire.

Les vrais sarments du cep ne peuvent pas faire autrement que de porter du fruit, car ils reçoivent la vie du cep dans toute sa plénitude ! La vie du cep est la vie de « Christ en nous », mieux, c’est réellement Christ qui vit en nous !

La conséquence est énorme : j’ai constaté que ceux qui refusent d’admettre la sécurité absolue du salut des vrais chrétiens pensent à des personnes qui ont juste reçu ce que Christ a fait pour eux (Christ mort pour moi) sans jamais s’approprier ce que Christ veut faire en eux  (Christ vivant en moi) ! 

Alors que je méditais ces vérités, j’ai eu  deux confirmations très précises :
Notre prédicateur au culte a proclamé : « Une foi dans ce que Christ a fait pour nous sans une foi dans ce qu’il fait en nous est une illusion déplorable ! »
Et le même jour,  je vois dans le livre « De gloire en gloire » de Dane Ortlund que l’auteur arrive à la même conclusion. Il identifie…

4 façons de comprendre ce qu’est la croissance (donc la sanctification)
  1. Dieu, puis moi ! (Dieu m’a sauvé, maintenant c’est à moi d’agir !)
  2.  Dieu, pas moi ! (Dieu fait tout, y compris pour ma croissance !)
  3. Dieu, plus moi ! (Dieu et moi, nous collaborons !)
  4. Dieu en moi ! (Dieu fait tout en moi, mais avec ma collaboration !) -p 55

La 1e option mène à une foi légaliste, pénible !
La 2e option conduit à une existence passive, faite de beaucoup d’illusions.
 La 3e option laisse entrevoir qu’on valsera souvent entre les options 1 et 2.

>> Toutes trois négligent l’étendue de la corruption du cœur humain et la nécessité d’un profond désespoir sur soi-même (comme dit Ortlund par la suite)
>> Toutes trois négligent la référence à la seule puissance de vie qui permette de vivre selon le cœur de Dieu,
>> Toutes trois peuvent s’abandonner facilement par l’usure et la désillusion.

Et la 4e option ? Ne ressemble-t-elle pas aux 3 premières  ? Non, non !

La 4e option est radicalement différente des 3 autres ! 

>> Si comme la 1e et la 3e, elle responsabilise le chrétien, elle n’accorde aucune valeur durable aux impulsions de l’âme, et attend tout de Christ en nous !
>> Si comme la 2e, elle attend tout de Dieu, ce n’est pas passivement, mais en s’appuyant jour après jour sur la puissance de Christ en nous, dans une attitude d’écoute et… de repentance ! 
Une conséquence très sérieuse :

Pour chacune des trois premières options, l’échec et l’abandon de la foi signifient l’échec et l’abandon de l’homme en question.
Mais pour la 4e option, il s’agirait de l’échec et de l’abandon de Christ !

Dès lors, mettre en doute la préservation du salut de véritables enfants de Dieu, n’est-ce pas douter de Christ lui-même et réduire son habitation en nous à une idée, une théorie ?

4. Demeurer en Christ pour porter du fruit

D’après l’Encyclopédie des Difficultés bibliques :

Partout dans les écrits de Jean, demeurer» ne se rapporte pas à l’expérience initiale de la foi qui sauve, mais au maintien de la relation de communion avec le Christ, obéissant à ses commandements. // Par conséquent, rien dans Jean 15.1-6 ne demande qu’il s’agit d’une perte du salut. Le passage ne dit pas non plus que tous les croyants porteront toujours du fruit. Seuls ceux qui demeurent en communion avec le Christ portent du fruit. (J.C. Dillow p. 53)

Levangile.com écrit :

v4 : demeurez en moi, en renonçant constamment à tout mérite propre, à toute sagesse propre, à toute volonté et à toute force propres, ce qui est la condition d’une communion vivante avec moi. Si vous le faites, je demeurerai en vous, comme la source intarissable de votre vie spirituelle. Sinon, vous vous condamneriez à la stérilité du sarment séparé du cep.

Et un petit extrait de BibleEnLigne, qui dit la même chose et ajoute :

Pour porter du fruit, il faut demeurer attaché au cep, à Christ, vitalement et pratiquement: « Demeurez en moi, et moi en vous », dit le Seigneur. Si le croyant demeure en Christ, Christ demeurera en lui, et le fruit se produira tout naturellement.
Au verset 20 du chapitre 14, le Seigneur dit aux disciples que, quand le Saint Esprit sera venu, ils connaîtront qu’ils sont en lui et lui en eux. C’est ce qui définit leur nouvelle position; mais ici il s’agit de la pratique, de la responsabilité; c’est premièrement: « Demeurez en moi », et « moi en vous » en sera la conséquence.

Pour demeurer pratiquement en Christ, il faut s’occuper de lui, jouir de lui, vivre de sa vie, dépendre de lui, l’imiter; alors ce qu’il est sera vu en nous; des fruits seront produits qui prouveront la réalité de sa vie. // 

5. Être émondés pour porter plus de fruits 

et tout sarment qui porte du fruit, il le taille afin qu’il porte encore plus de fruit. 3 Déjà vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai annoncée.

Levangile.com écrit :

…les vrais sarments portent du fruit. Ceux-ci, Dieu les nettoie, les purifie, ou selon la plupart de nos versions, il les émonde.//
Jésus veut dire que ces sarments fertiles doivent être débarrassés de tout jet inutile et même d’une partie de leur feuillage qui empêcherait le fruit de mûrir. C’est Dieu encore qui poursuit, dans ses enfants, cette œuvre de purification et de sanctification continue, il l’accomplit par sa Parole (verset 3), par son Esprit, par tous les moyens de sa grâce. Et si cela ne suffit pas, le céleste cultivateur emploie l’instrument tranchant et douloureux des épreuves, de la souffrance et des renoncements qu’il impose à ses enfants. Car ce qu’il veut à tout prix, c’est qu’ils portent plus de fruit.                                       Commentaire biblique de Jean 15.2

En conclusion…

Une vie qui ne connaît que ce que Christ a fait pour nous ne porte aucun fruit réel. Elle peut faire illusion, mais elle s’abandonne facilement.
Une vie qui fait l’expérience de Christ en nous est une vie qui ne peut faire autrement que porter des fruits. Mais c’est une vie dans la dépendance continuelle du Cep, source de vie, et du Vigneron, qui émonde tout ce qui ne vient pas de lui ! Quelle sécurité !         

Philippiens 1.  6  : Et, j’en suis fermement persuadé : celui qui a commencé en vous son œuvre bonne la poursuivra jusqu’à son achèvement au jour de Jésus-Christ.

Claude

Compléments

Vous trouverez deux séries d’articles complémentaires bien fournies ici :
Sous la loupe     ( à la section 2 :  La préservation du salut)

Pour avoir un aperçu des derniers articles parus, cliquez  ici 
Voici les deux derniers : 

Hébreux 4.12 : La Parole trie entre ce qui vient de l’âme et ce qui vient de l’esprit ?  
Vivre l’Église dans mon fauteuil ?


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2 réflexions sur « Jean 15.2,6 : Le sarment coupé du cep »

  1. Je mets mes pas dans ceux de Marylène. Merci pour cet article clair et aéré ! Je bosse d’ailleurs actuellement sur un chant : «  Oh, qu’elle délivrance, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi… ». C’est vraiment libérateur . Ma pensée va vers tel frère, ou telle sœur qui se débat encore. Courage !

  2. Très intéressant et très clair, merci !
    Je partage cette pensée de « Dieu en nous » qui fait vraiment toute la différence ! Et quelle sécurité, comme tu dis !

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