Romains 14 : ma conscience dominée par celle d’un autre ? (C.S)

Il y a quelque temps, notre groupe de maison a partagé ses réflexions au sujet des limitations que, selon Romains 14, peuvent imposer à notre liberté en Christ les forts scrupules d’autres personnes de notre entourage.
Une amie a évoqué l’exemple du sapin de Noël, auquel elle et son mari avaient jugé bon de renoncer, quand leurs enfants étaient petits, car cela heurtait fortement des habitués de la maison… Que disent les Écritures ? D’abord…

Qui sont les faibles dont parle le texte ?

L’Église de Rome était composée de chrétiens d’origine juive pour les uns,  et  païenne pour les autres. Si ces derniers n’avaient pas trop de mal à se couper radicalement des pratiques du paganisme, leurs frères issus du judaïsme peinaient souvent à réaliser que Christ avait accompli toute la loi par son sacrifice et avaient tendance à continuer à plaire à Dieu par leurs œuvres.
Et dans l’Église de Corinthe, nous voyons que les anciens païens avaient des scrupules alimentaires de motivation toute différente, la peur de communier avec les démons ! (1 Corinthiens 10.14 à 31) Eux devaient laisser tomber leur superstition !

Et là aussi, Paul souligne à la fois notre liberté en Christ et la loi de l’amour, qui sait renoncer à faire valoir ses droits pour le bien des frères !

Pour les deux cas, les faibles sont-ils des croyants négligents, bafouant la volonté de Dieu et jouant avec le péché ?
Oh que non, leurs scrupules témoignent de leur désir sincère de mener leur vie en conformité à Dieu ! 
Ce sont des disciples du Christ qui ne sont pas tombés dans le péché, au contraire, ils se tiennent « debout » ! (v 4)

Le comportement des faibles en Romains 14 n’est donc pas pécheur, mais conforme à leur perception encore lacunaire de la volonté de leur Dieu. 

Remarquons en passant que c’est à tort que certains appliquent, quand ça les arrange, l’injonction « ne jugez pas ! » à de véritables situations de péché des enfants de Dieu ! Voyez plutôt : 

1 Corinthiens 5. 12 : Est-ce à moi, en effet, de juger les gens de l’extérieur ? N’est-ce pas ceux de l’intérieur que vous devez juger ?

1 Corinthiens 6. 5 : Je le dis à votre honte. Ainsi, il n’y a parmi vous pas un seul homme sage qui puisse juger entre ses frères et sœurs !

L’Église est appelée à juger le péché (persistant et affectant son témoignage) en son sein : elle doit appeler péché ce que les Écritures appellent péché ! 

Mais là aussi, attention, on va vite d’un extrême (laxisme) à l’autre (despotisme) ! L’exhortation fraternelle affectueuse et la discipline d’église sont parfois nécessaires, mais le chemin normal de l’enfant de Dieu est la marche dans la lumière, la repentance rapide, et le recours constant au Christ victorieux ! Je viens juste de lire : 

Hébreux 4.15, 16 : En effet, nous n’avons pas un grand-prêtre qui serait incapable de se sentir touché par nos faiblesses. Au contraire, il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. Approchons-nous donc du trône du Dieu de grâce avec une pleine assurance. Là, Dieu nous accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que nous soyons secourus au bon moment.

Ici, nos faiblesses sont bien nos péchés, et le seul traitement valable est la repentance et la grâce de notre Dieu en Jésus-Christ crucifié pour nous.

L’attitude d’amour demandée aux « forts »

Romains 14 :
v 1 : Accueillez celui qui est faible dans la foi sans discuter ses opinions.
v 3, 4, 10, 13 : ne pas juger, ne pas mépriser
v 15, 16 : chercher à ne pas attrister les faibles et à ne pas donner l’occasion à la calomnie,
v 19 : Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à entretenir la paix et à nous faire grandir mutuellement dans la foi.
v 21 : t’abstenir de ce qui peut être pour ton frère un obstacle, [un piège ou une source de faiblesse]. 
1 Corinthiens 10.28 à 33 : Mais si quelqu’un vous dit : « C’est de la viande offerte aux idoles », n’en mangez pas à cause de celui qui vous a informés et par motif de conscience. Je parle ici non de votre conscience, mais de celle de l’autre personne. Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? Si moi, je mange avec reconnaissance, pourquoi devrais-je être blâmé à propos d’un aliment pour lequel je remercie Dieu ?

Pour bien comprendre ce que cela peut signifier, voyons quelles sont les situations de notre 21e siècle qui pourraient être concernées par ces deux textes de Romains 14 et de 1 Corinthiens 10 . 

De quoi parle-t-on au XXIe siècle ?

  • Un exemple évident me semble être de ne pas servir de vin quand on reçoit à table un frère en Christ, ancien alcoolique qui a choisi l’abstinence totale d’alcool, mais qui risquerait de se laisser entraîner par l’exemple des autres convives.  (Romains 10.21). (Toutefois, nous avions un tel frère qui n’avait plus besoin d’un tel garde-fou : il n’a plus touché une goutte d’alcool jusqu’à son départ récent vers la patrie céleste à notre table et allait même parfois boire un café aux bistrots où il se saoulait auparavant ! Gloire à Dieu !)
  • Une situation plus ressemblante à celles de Romains 14 est la participation à des fêtes religieuses contraires à nos convictions évangéliques. J’ai connu un temps où une telle participation était jugée sévèrement comme une compromission avec l’hérésie : celle par exemple du salut conféré par le pasteur ou le prêtre à un nourrisson par le sacrement du baptême. 
    Aller à une telle cérémonie ou participer au repas familial qui suivait équivalait aux yeux de certains de nos aînés à une approbation de cet acte.
    Je ne suis plus si sûr que cela soit exact, sinon tous nos invités à nos baptêmes chrétiens seraient aussi réputés adhérer à notre foi ! Mais, quel est le bon comportement, face aux impératifs de nos deux textes ??

Ne pas attrister les faibles de l’Église, et donc forcément être en bute à l’incompréhension voire à la colère de nos proches  ? 

Il y a bien longtemps, mon épouse et moi, nous avions fait ce choix, et nous nous sommes ainsi coupés d’une partie de la famille, furieuse. Sans juger ceux qui auraient des convictions différentes, nous avons depuis mis de l’eau dans notre vin et avons adopté une attitude différente par la suite.
Je dirais aujourd’hui que j’aurais tendance à faire la différence entre deux types de « faibles » dans l’Église :

2 types de faibles dans l’Église

  • Il y a les vrais faibles tels qu’ils sont décrits en Romains 14, ceux qui non seulement seraient attristés par notre choix, mais qui seraient incités à m’imiter, sans vraiment avoir notre liberté intérieure par rapport à ce choix ! (v 21) >> À leur égard, il faut beaucoup de tact et d’amour, et veiller à leur enlever si possible tout motif de calomnie (v 15, 16) 
  • Mais il y a aussi les faibles… trop forts dans leur personnalité dominatrice ! Ils se chargent de penser à la place des autres et leur communiquent de manière sans appel l’oracle de Dieu à leur sujet. Pour de tels cas, même si Paul indique que nous devons aussi les traiter avec respect, il dit clairement :

Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? Si moi, je mange avec reconnaissance, pourquoi devrais-je être blâmé à propos d’un aliment pour lequel je remercie Dieu? (1 Corinthiens 10.29, 30)

Nous n’avons pas à nous plier à de telles dictatures de personnes qui ne courent aucun risque de nous imiter ! En disant cela,  je ne peux que m’humilier en songeant que mon tempérament… fort m’a souvent poussé sans m’en rendre compte à imposer  mes vues théologiques ou mes idées inépuisables à d’autres. 

Je conclurai en revenant à la situation de départ, le fameux sapin de Noël « issu du paganisme » ! Mon épouse et moi étions soumis à la même  pression que nos amis. Mais nous avons été amenés à prendre une décision différente, car nous étions dans une situation différente.
Nous ne voulions pas qu’un Père Noël magique éclipse la beauté du Seigneur Jésus venu en ce monde. Nos enfants étaient un peu frustrés, surtout notre plus jeune à l’époque, Joël, qui demandait si ses frères, sa sœur et lui-même étaient si méchants que le Père Noël ne viendrait pas ?! 
Nous avons contourné le problème en affublant notre bonhomme d’une barbe blanche, d’un habit rouge et d’un sac à dos, et c’est ainsi que chez les Schneider, plusieurs années de suite, c’est le « père Joël » qui a distribué les cadeaux à la famille !  Mais nous n’allions pas ajouter la frustration de la privation d’un arbre lumineux et de sa décoration par les petites mains !  Cela a passé par le mécontentement de plusieurs personnes, mais aucune n’était en danger de vouloir nous imiter sans conviction ! 

J’ai partagé cela dans notre petit cercle, et nous étions parfaitement unis dans l’Esprit avec le couple qui avait fait un choix différent. Avec un parcours de vie d’église tout différent pendant près de 30 ans, nous communions ensemble dans la même assemblée et vivons avec joie ce que dit le v 19 :

Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à entretenir la paix et à nous faire grandir mutuellement dans la foi.

Bien fraternellement, Claude

Avez-vous lu : Romains 7 : un chrétien charnel vraiment ?

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