Après la prédestination (Prédestination, élection et la souveraineté de Dieu (La souveraineté de Dieu), nous examinerons ici le sujet de la nouvelle naissance, que R.C. Sproul enseigne comme étant un acte souverain unilatéral de Dieu envers ses élus prédéfinis, qui laisserait les autres dans leur péché sans recours possible. Est-ce un débat aride à laisser aux théologiens ?
Pour ma part, je souhaite que cette étude minutieuse mais simple amène chacun à adorer davantage notre Dieu et à le louer pour son merveilleux salut !
Venir à Christ pour naître de nouveau, ou naître de nouveau pour pouvoir venir à Christ ? Honnêtement, en plus d’un demi-siècle de vie chrétienne, et après avoir exploré un grand nombre de livres évangéliques décrivant le salut en Jésus-Christ, je n’avais jamais rencontré la seconde option…
La première fois que j’ai lu que Dieu ferait naître de nouveau ses élus indépendamment de leurs dispositions de cœur, c’était en 2016 sur un blog que je qualifiai à l’époque d’hypercalviniste, persuadé que son auteur, à la plume trempée dans le vitriol, était un cas unique défendant cette théologie.
Aujourd’hui, 5 ans plus tard, je vois que si le ton …hyper arrogant de cet auteur est très rare (mais je l’ai retrouvé aussi du côté arminien, hélas !), la doctrine est fort répandue, et Robert C. Sproul s’en fait l’apôtre passionné. C’est donc cet enseignement que je vous propose de prendre sous la loupe aujourd’hui, et de le confronter à ce qu’en disent les Écritures…
Incapables de venir à Christ par nous-mêmes
R.C Sproul fait une observation qui me semble incontestable, et qui est d’ailleurs incontestée parmi les évangéliques, l’auteur l’admet :
La Bible enseigne si clairement la chute de l’homme qu’il nous est impossible de nous bâtir une conception de l’homme sans en tenir compte. Peu de chrétiens, sinon aucun, soutiennent que l’homme n’est pas déchu. (p 59, 60)
L’auteur souligne qu’il découle de cette corruption que l’être humain déchu est absolument incapable par lui-même de venir à Christ. Il lui faut une action de Dieu en lui pour l’en rendre capable. (p 64, 65) Sproul cite donc à propos les paroles de Jésus :
C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père. (Jean 6.65).
Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. (Jean 6.44).
C’est vrai, l’homme naturel, non seulement ne peut pas venir à Dieu par lui-même, mais encore il ne le désire pas !
Car, venir à Dieu, c’est venir à lui par Christ, comme un pécheur repentant, qui vient se confier en la grâce et en la vérité du Sauveur, donc une personne qui voit en lui son chemin, sa vérité, sa vie ! C.S
Nous sommes bien d’accord que; de leur propre initiative, tous les hommes déchus refusent cela, quelle que soit leur piété et leurs actes religieux…
Là où l’auteur marque nettement la particularité de son école de pensée réformée, c’est quand il refuse de donner au verbe attirer le sens naturel de séduire, charmer pour convaincre de venir à Christ, car il réfute
– que les non élus soient concernés par l’action d’attirer du Saint-Esprit,
– que les élus puissent résister à cette séduction et refuser d’y céder.
Pour étayer sa compréhension du verbe attirer dans ce texte en question, l’auteur signale d’autres textes où le même verbe attirer est effectivement utilisé dans un sens fort d’entraîner irrésistiblement, contraindre.
Il tente de prouver que dans notre texte, c’est bien ainsi qu’il faut comprendre attire, ce qui donnerait :
Nul ne peut venir à Jésus si le Père ne le contraint irrésistiblement !
Je ferai d’abord deux objections de forme :
- Mon ami, le bibliciste chevronné Richard Doulière ne soutient pas du tout cette compréhension du verbe attirer dans ce contexte.
- N’est-il pas curieux qu’aucune version biblique n’ait cru bon de rendre le texte ainsi : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’y contraint irrésistiblement » ?
Et je vous soumets deux objections de fond :
- Une attirance irrésistible (comme celle d’un aimant sur le métal serait-elle compatible avec la nature profonde de Dieu, qui est d’être amour ?
Je me souviens d’une illustration que j’avais jugée belle à l’époque où je l’avais entendue : Dieu agirait comme un puissant aimant sur les êtres humains.
Les clous répondent oui à ce magnétisme de l’attraction de Dieu, les bouts de bois disent non !
L’ennui, c’est que par nature, nous l’avons vu, nous sommes tous… des bouts de bois ! Dieu devrait donc transformer souverainement certains bouts de bois en clous, afin qu’ils soient attirés irrésistiblement ! Ça ne vous semble pas un peu mécanique ? Et où trouvons-nous cela dans les Écritures ?
- Une telle attirance irrésistible de seuls élus prédéterminés serait-elle en accord avec le message de toutes les Écritures, qui nous montre un Dieu qui appelle, supplie, se fâche, pardonne et attend et attend encore le retour des enfants prodigues ?
Ésaïe 5.4 : Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n’aurais pas fait ? Pourquoi, alors que j’attendais un beau et bon raisin, n’en a-t-elle produit que de mauvais ?
Ésaïe 65.2 : Oui, j’ai tendu les mains, à longueur de journée, vers un peuple rebelle qui suivait un chemin qui n’est pas bon, au gré de ses pensées, un peuple qui, sans cesse, provoque ma colère ouvertement.
Jérémie 32, 33 : Ils m’ont tourné le dos au lieu de regarder vers moi, alors que je n’ai cessé de les instruire, sans me lasser. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils n’ont pas accepté l’éducation.
Ézéchiel 34.16,17 : Je chercherai la brebis qui sera perdue, je ramènerai celle qui se sera égarée, je panserai celle qui est blessée, et je fortifierai celle qui est malade.
Amos 5.4 : Voici ce que dit l’Éternel au peuple d’Israël : Tournez-vous donc vers moi et vous vivrez.
Matthieu 23.37 : Oh, Jérusalem ! Jérusalem ! Toi qui fais mourir les prophètes et qui lapides ceux que Dieu t’envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Mais vous ne l’avez pas voulu !
Romains 2.4 à 6 : Méprises-tu les trésors de bonté, de patience et de générosité déployés par Dieu, sans remarquer que sa bonté veut t’amener à changer ? Par ton entêtement et ton refus de changer, tu te prépares un châtiment d’autant plus grand pour le jour où se manifesteront la colère et le juste jugement de Dieu. Ce jour-là, il donnera à chacun ce que lui auront valu ses actes.
Éphésiens 4.18 : Ils ont, en effet, l’intelligence obscurcie et sont étrangers à la vie que Dieu donne, à cause de l’ignorance qui est en eux et qui provient de l’endurcissement de leur cœur.
2 Thessaloniciens 2.10 : Il usera de toutes les formes du mal pour tromper ceux qui se perdent, parce qu’ils sont restés fermés à l’amour de la vérité qui les aurait sauvés.
Nés de nouveau pour venir à Christ ?
P 67,68, l’auteur fait un pas de plus. D’après lui, non seulement l’homme ne peut venir à Christ si Dieu ne l’y contraint, mais il ne peut venir à Dieu (se repentir, croire) que si Dieu le fait souverainement naître de nouveau :
La conception réformée de la prédestination nous enseigne qu’avant qu’une personne puisse choisir Christ, son cœur doit d’abord être transformé. Elle doit naître de nouveau.
Selon les conceptions non réformées, les personnes déchues doivent d’abord choisir Christ, puis renaître. Nous trouvons ici des gens non régénérés qui voient le royaume de Dieu et y entrent. Dès l’instant où une personne reçoit Christ, elle se retrouve dans le royaume. // Comment un homme peut-il entrer dans le royaume sans renaître en premier lieu ? //
Selon les conceptions non réformées, des gens répondent à Christ sans être nés de nouveau. Ils vivent encore selon la chair. Selon les conceptions non réformées, la chair non seulement donne quelque chose, mais encore elle procure le plus grand avantage dont une personne puisse bénéficier : l’entrée dans le royaume par la foi en Christ. Si une personne qui vit encore selon la chair et n’est pas encore née de nouveau par le pouvoir du Saint-Esprit peut se tourner vers Christ par elle-même, à quoi sert la nouvelle naissance ? Voilà l’erreur fatale des conceptions non réformées.
Les gens qui les entretiennent négligent de prendre au sérieux l’incapacité morale de l’homme, l’impotence morale de la chair.
La théologie réformée a parmi ses éléments clés la maxime suivante :
« La régénération précède la foi.» Notre nature est tellement corrompue et le pouvoir du péché est tellement grand qu’à moins que Dieu accomplisse une œuvre surnaturelle dans notre âme, nous ne choisirons jamais Christ.
Je suis toujours surpris de constater dans les affirmations de R.C Sproul, comme de la plupart des auteurs de cette école de pensée, une référence justificative très forte à la pensée réformée et à la Confession de foi de Westminster, plus forte que la référence aux Écritures, assez maigre, me semble-t-il.
M a i s q u e d i s e n t l e s É c r i t u r e s ?
Ésaïe 45.22 : Tournez-vous donc vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui habitez les confins de la terre !
Il se trouve que je lis actuellement l’Évangile de Jean . Quelle foison de textes clairs, me semble-t-il ? Jugez-en vous-mêmes, en observant l’ordre des couleurs. Bleu, ce qui correspond à la foi, rouge, le don de la vie nouvelle :
Jean 1.12 : Certains pourtant l’ont accueilli ; ils ont cru en lui. À tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. (donc de naître de nouveau ?)
Jean 3.14, 15 : Ainsi, le Fils de l’homme doit, lui aussi, être élevé pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui aient la vie éternelle.
Jean 3.16 : Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle.
Jean 6.47 : Vraiment, je vous l’assure : celui qui croit a la vie éternelle.
Jean 8. 24 : C’est pourquoi je vous ai dit : « Vous mourrez dans vos péchés. » En effet, si vous ne croyez pas que moi, je suis, vous mourrez dans vos péchés.
Jean 14.23 : Si quelqu’un m’aime, il obéira à ce que j’ai dit. Mon Père aussi l’aimera : nous viendrons tous 2 à lui et nous établirons notre demeure chez lui.
Je viens aussi de lire Galates :
Galates 3. 2 : À quel titre avez-vous reçu le Saint-Esprit ? Est-ce parce que vous avez accompli la Loi, ou parce que vous avez accueilli avec foi la Bonne Nouvelle que vous avez entendue ? = V 5 = 3.14
Galates 3. 26 : Maintenant, par la foi en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu.
Voici encore des textes qui semblent très clairs quant à l’ordre chronologique entre foi et nouvelle naissance :
Romains 10.17 : Ainsi la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu.
1 Pierre 1.23 : En effet, vous êtes nés de nouveau, non pas d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, grâce à la parole vivante et permanente de Dieu,
Un professeur de théologie m’a écrit ceci : Nous croyons au salut par la foi. Le calvinisme enseigne plutôt la foi par le salut. Ca vaut le coup d’y réfléchir, non ?
Nous avons donc examiné les deux points de doctrine réformée qui me semblent manquer d’un appui sérieux dans les Écritures,
celui de la contrainte irrésistible de l’attirance de Dieu, et celui de la nouvelle naissance souveraine des élus pour qu’ils puissent croire.
Mais nous n’avons pas répondu au défi de départ, notre accord que l’homme déchu livré à lui-même ne peut venir à Dieu et ne le désire pas !
Séduits par notre Dieu amoureux
Plutôt qu’une attraction quasi magnétique de Dieu envers ses seuls élus, ne voyons-nous pas plutôt dans les Écritures un Dieu qui prépare une épouse pour son Fils ?
Il appelle, attire les hommes, leur fait la cour. Et il unit à lui pour toujours tous ceux qui se laissent élire, justifier, sauver et transformer par lui.
Dans notre couple, j’ai fait la cour à celle qui a fait battre mon cœur, et apparemment, elle n’y a pas été insensible, elle a cédé à mes avances !
Une grande différence avec notre amour humain : Sonia m’a également séduit par son charme, auquel j’ai cédé, moi ! La séduction (au sens positif) a donc été et est toujours réciproque.
Notre relation avec Dieu, elle, vient de la seule force d’attraction de son amour à lui ! Et il nous a fait la cour sans rien trouver de séduisant en nous, car nous étions à ses yeux des enfants de colère, dépravés par leurs péchés, ne le recherchant pas de la manière décrite ci-dessus. Adorons notre Dieu !
Pour éviter la saturation, je suggère aux lecteurs qui n’ont pas spécialement la fibre théologique de sauter le chapitre qui suit, pour se reporter directement au dernier !
Le grand malentendu
Reprenons la conclusion de RC Sproul devant la doctrine habituelle évangélique que nous venons de montrer, la nouvelle naissance comme conséquence de la foi du pécheur repentant.
Selon les conceptions non réformées, des gens répondent à Christ sans être nés de nouveau. Ils vivent encore selon la chair. Selon les conceptions non réformées, la chair non seulement donne quelque chose, mais encore elle procure le plus grand avantage dont une personne puisse bénéficier : l’entrée dans le royaume par la foi en Christ. Si une personne qui vit encore selon la chair et n’est pas encore née de nouveau par le pouvoir du Saint-Esprit peut se tourner vers Christ par elle-même, à quoi sert la nouvelle naissance ? Voilà l’erreur fatale des conceptions non réformées.
L’erreur de l’auteur, elle, n’est pas fatale, mais elle nous attribue une fois de plus des conceptions qui ne sont pas les nôtres, ni celles des arminiens déclarés. Nous avons signalé dès le début de cet article que nous sommes tout aussi convaincus que l’auteur que l’homme livré à lui-même ne peut pas venir à Dieu.
Mais la bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes ! Dieu attire les cœurs de tous les hommes, et c’est cela qui les rend capables de répondre librement à cet appel puissant aussi universel que l’est le péché !
Aux deux versets précieux cités au début par RC Sproul (Jean 6.44 et 65), il convient d’ajouter au-moins :
Jean 12.32 : Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.
Nous avons bien lu : tous les hommes ? Y a-t-il moyen de comprendre toutes sortes d’hommes ? Et… pourquoi le ferait-on ?? Et pourquoi refuse-t-on la compréhension si naturelle de l’œuvre de Dieu dans tous les cœurs ?
Cela ne semble pas être pour des raisons d’exégèse, ça se saurait ! Mais pour deux raisons d’appréciations subjectives, toutes deux évoquées par Sproul :
- Parce que, d’après lui, cela camperait la nouvelle naissance comme une œuvre de la chair pécheresse.
Comment qualifier la foi qui se saisit de la grâce dans la repentance conformément aux Écritures d’œuvre de la chair ? Dernièrement, un jeune frère m’a dit : « Claude, tu ne vas pas dire que Dieu aurait mis entre les mains de pécheurs pourris comme nous le sommes la lourde responsabilité de choisir leur sort pour l’éternité ? J’ai supposé que le frère était un familier de sites calvinistes, où un tel vocabulaire est fréquent, car jamais quelqu’un ne m’avait présenté une telle pensée. Et c’était le cas !
Mais non ! C’est Dieu, et uniquement lui, qui fait naître de nouveau, quand, répondant à la » cour » passionnée qu’il fait au pécheur par le Saint-Esprit, la personne dépose sa rébellion et se courbe devant son Sauveur et Seigneur !
Le pécheur n’y a aucun mérite, et sa chair, loin de le faire naître de nouveau, est crucifiée avec Christ : la personne accepte sa mise à mort en tant que pécheur avec Christ, et reçoit sa nouvelle nature d’enfant de Dieu, né de nouveau par l’Esprit, et non par la chair !
Dans la vie naturelle, n’y a-t-il pas aussi une merveilleuse action de gestation qui conduit à la naissance ? C’est déjà la vie qui agit dans le ventre maternel, mais la naissance est encore à venir… Personne ne dira que la naissance est l’œuvre du bébé, n’est-ce pas, et je n’ai jamais entendu quelqu’un se vanter d’être né !
2) Ce qui gêne aussi les frères calvinistes, dont Sproul, c’est qu’à leurs yeux, une telle théologie marquerait l’échec de Dieu, puisque tous les hommes attirés par Dieu ne naissent pas de nouveau dans leur totalité, loin de là !
Dans la vie physique, toutes les fécondations n’aboutissent pas à des naissances non plus, heureusement d’ailleurs ! Ainsi, dans la vie spirituelle, il y a évidemment de nombreuses « menstruations » et « fausses couches ».
L’Esprit de Dieu a agi, mais, le cœur rebelle n’a pas été fécondé par la grâce !
Que dire ? Échec de Dieu vraiment ? Tout dépend de ce qu’était le plan de Dieu.
Si ce plan divin se formulait ainsi : « tous les hommes doivent être sauvés et je les ferai tous naître de nouveau », oui, ce serait un échec lamentable.
Mais avons-nous lu un tel plan dans les Écritures ? Aussi peu que celui qui stipule que tous les élus seront sauvés !
Que lisons-nous ? Son plan glorieux est que quiconque croit en Christ soit sauvé (naisse de nouveau) ! Aucun échec à ce plan, n’est-ce pas ?
Nous l’avons dit et redit, c’est si clair en ce cher Jean 3.16, que, curieusement, Sproul refuse comme preuve de notre conception, mais que le pourtant calviniste Spurgeon détaille ainsi :
Ce monde est sombre comme la nuit ; Jésus est venu afin que, par la foi et l’obéissance, nous ne demeurions pas plus longtemps dans cette obscurité qui couvre l’humanité, mais pour que nous ayons la lumière.
Le mot « quiconque » est un terme vaste qui comprend tout le monde, vous, moi.
Si nous suivons Jésus, nous ne serons plus assis dans les ténèbres de l’ombre de la mort ; nous entrerons dans la chaude lumière d’un jour qui n’aura pas de fin. (texte : Jean 12.46)
Spurgeon, Trésors de la Foi du 10 mars
James Packer, l’auteur du précieux livre Connaître Dieu, a eu des mots très durs envers ceux qui n’adhèrent pas au calvinisme. Mais je suis ébloui par ce qu’il écrit dans l’ouvrage si connu, L’évangélisation et la souveraineté de Dieu :
p 96 : La foi en la souveraineté de Dieu ne change rien en ce qui concerne la sincérité de l’invitation de l’Évangile ni la vérité de ses promesses. Indépendamment de ce que nous pouvons penser au sujet de l’élection ou même des desseins éternels de Dieu dans l’œuvre de Christ, le fait demeure que, dans l’Évangile que Dieu nous a confié, il offre réellement Christ et promet la justification à « quiconque»: « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ». De même que Dieu annonce à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, de même il les invite à venir à Christ pour expérimenter sa miséricorde.
p 97, 98 : La gloire de l’Évangile, comme révélation de la grâce divine, est le fait que l’invitation est libre et sans limite. […] Notons l’universalité de ces promesses. Christ est offert à tous ceux qui ont besoin de lui, à tous ceux qui se tournent vers lui, à tous ceux qui croient. Personne n’est exclu de la miséricorde de Dieu, sauf ceux qui s’excluent eux-mêmes par leur impénitence et par leur incrédulité. (p 97, 98)
p 101 : La Bible ne dit jamais que les hommes ne peuvent pas aller au Ciel parce qu’ils n’ont pas été élus, mais parce qu’ils « négligent un si grand salut », et parce qu’ils ne veulent pas se repentir et croire. Le dernier jugement montrera que ce n’est pas parce qu’elles n’ont pas été élues que des âmes seront éternellement perdues, c’est à cause de leur paresse, de leur amour du péché, de leur incrédulité et de leur refus de venir à Christ.» Dieu donne aux hommes ce qu’ils choisissent; non le contraire. Ceux qui choisissent la mort ne peuvent par conséquent que s’en prendre à eux-mêmes si Dieu ne leur donne pas la vie. La doctrine de la souveraineté de Dieu ne change absolument rien à la responsabilité des pécheurs.
Émerveillons-nous, soyons aussi attristés, et faisons surtout confiance !
Que dire en conclusion ? Il me semble que nous ne pouvons que nous
é m e r v e i l l e r d’un si beau plan de salut, où Dieu a vraiment tout accompli, et a rendu à tout homme l’accès à sa grâce possible, par l’action mystérieuse de son Saint-Esprit en chacun !
Mais nous pouvons et devons aussi raisonnablement être très a t t r i s t é s, car nous constatons que la majorité de l’humanité à travers les siècles semble fermer les yeux et les oreilles à cette grâce. Plus que cela, la plupart semblent ne pas voir la présence du Créateur, ni entendre sa voix quand il les appelle à la repentance et à la foi. Pas parce que Dieu les aurait écartés d’emblée de son plan, nous l’avons vu, ce serait horrible. Les Écritures nous enseignent ceci :
2 Corinthiens 4.4 : pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu.
Éphésiens 4.18 : Ils ont, en effet, l’intelligence obscurcie et sont étrangers à la vie que Dieu donne, à cause de l’ignorance qui est en eux et qui provient de l’endurcissement de leur cœur.
2 Thessaloniciens 2.10 : Il usera de toutes les formes du mal pour tromper ceux qui se perdent, parce qu’ils sont restés fermés à l’amour de la vérité qui les aurait sauvés.
Mais c’est quand-même un mystère en se demandant pourquoi devant la même Bonne Nouvelle, une minorité s’émerveille, beaucoup restent de glace, et d’autres se fâchent ! C’est d’autant plus déconcertant quand on pense à nos bien-aimés, par exemple nos 6 enfants, élevés et enseignés pareillement…
Et quand je connais mon cœur pécheur, égocentrique de nature, je ne comprends pas plus pourquoi j’ai pu être saisi par la grâce et répondre favorablement à l’appel de l’Esprit de Dieu, alors que tant de personnes généreuses restent sourdes à l’Évangile…
Mais quand j’y pense, n’est-il pas de même pour la mystérieuse et brusque attirance qui nous a poussés l’un vers l’autre, mon épouse et moi, il y a presqu’un demi-siècle de cela ! Comment l’expliquer ? Comment comprendre que personne n’ait cueilli ma fleur avant moi ? Que je l’ai trouvée, alors que nous ne nous connaissions pas ? Que nous ayons été préservés de choix précédents, qui se sont révélés à temps comme des fausses pistes ?
Peut-on dire que Dieu m’avait prédestiné Sonia, et qu’il n’était pas possible que je la rate ? Mais alors, que dire de toutes les unions catastrophiques, de tous les mariages ratés ??
J’ai quelques éléments de réponse : il était exclu que je m’engage avec une jeune fille qui ne soit pas disciple du Christ, avec qui nous pourrions cheminer d’un même cœur. Je ne me serais pas non plus intéressée à elle si elle n’avait pas été d’un abord très agréable, autant par son apparence que par sa conversation ou son comportement en société ou encore par son histoire personnelle.
Au-delà de cela, il faut bien admettre qu’il est impossible de rationnaliser plus, et il restera toujours une part de mystère devant la réalité qu’une jeune fille inconnue soit devenue ma meilleure moitié, qu’elle soit restée ma fidèle compagne de vie depuis toutes ces années, malgré mes travers, mes manquements et ma lenteur à changer !
Alors, devant le mystère encore plus grand de l’impact si différent des hommes et des femmes de tout temps à l’attirance du Saint-Esprit pour les amener à Christ, il y a bien évidemment quelques réponses, nous en avons évoqué certaines, et l’endurcissement du cœur est certainement une clé de compréhension essentielle. Mais il y a aussi la différence flagrante entre ceux qui, comme moi, ont eu l’Evangile au biberon, comme on dit, et d’autres, élevés soit dans l’ignorance de l’Evangile, soit dans l’hostilité à Dieu, soit encore dans l’enseignement d’une fausse religion…
Face à ces réalités, il est évident que la manière d’agir du Dieu juste, le timing et les étapes si différentes pour tenter de mener chacun à la nouvelle naissance sont très différentes, et représentent un grand mystère pour nous qui n’avons pas tous ces paramètres en mains ! Et la Parole de Dieu nous prévient :
Deutéronome 29.29 : Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi.
Jean 3.8 : Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.
Dès lors, quelle est l’attitude juste de l’enfant de Dieu , ayant lui-même bénéficié de tant de moyens de grâce ? l a c o n f i a n c e !!
Et une grande reconnaissance ! Amen !
Compléments
Dudley Ward : Dieu désire-t-il sauver uniquement les élus ?
Dudley Ward : Tout être humain est-il capable de se repentir ?
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Cher Claude,
je suis tout à fait d’accord avec ton article et j’ai apprécié que tu mettes en évidence le fait qu’on peut « résister » à la Grâce de Dieu. Par ailleurs ce qui me frappe dans la doctrine augustino-calvinienne (et cela depuis de nombreuses années – l’idée m’ayant été suggérée par E. Léonard l’auteur de la grande « Histoire du protestantisme ») c’est le fait que cette école de pensée est un rationalisme humain plaqué sur l’Écriture et sa complexité. On part de l’idée juste et biblique de l’absolue souveraineté de Dieu et on exclut tout ce qui, dans la Parole, est étranger à nos catégories simplificatrices (alors que Dieu a déclaré que Ses voies et Ses pensées sont bien au-dessus des nôtres).
Quant à la question de la » dépravation totale » la pensée calviniste ne tient pas compte de tout ce que dit l’Écriture sur les capacités que Dieu a données aux hommes et qui sont toujours là comme le vouloir, le fait de désirer, de penser (à condition que ma pensée se soumette fondamentalement à ce que Dieu déclare) etc. Affirmer que l’homme ne peut même pas vouloir le bien va contre tout ce que Dieu a ordonné à Israël (Deutéronome 30, 19 : « J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, » – entre autres nombreuses exhortations).
Continue ce bon travail.
Bien fraternellement.
JLD.
Merci, Jean-Louis ! Je n’ai fit qu’effleurer la question de la dépravation de l’homme, j’ai un projet d’article dans les cartons ! 🙂
Bonjour Claude, Merci pour ton article. J’ai tenté un commentaire. Il me semble que ça bloque….? Donc je le copie ci dessous. Fraternellement, Denys
Après une première lecture rapide, 1. Merci pour ton étude fouillée et argumentée, Elle rejoint mes réflexions, lisant aussi l’épître selon Jean en ce moment. 2. La théologie est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls théologiens. Dès l’instant où il y a désaccords sous fond de dispute, alors il y a répétition du récit de: de longues accusations d’ »amis », et de justifications, jusqu’au moment où Dieu remet la balle au centre, de ceux qui se sont égarés hors sujet. Que nous soyons gardés de ces tentations! 3. En te lisant, sur le sujet de l’épouse, de ces séductions, je repense aussi à ce verset d’Apocalypse: « Voici, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un… ». Il ne me semble pas de mes lecture de la Parole, qu’il y ait une sélection dans le choix des portes. Aussi, de même pour tous mes (nombreux) proches qui ne se sont pas prononcés pour acceptation du Salut, je prie que le Maître continue à frapper, et que celles et ceux que je nomment entendent, et ouvrent. Je me retrouve dans ta position de sagesse, dans l’approche de la compréhension divine. Continue à demeurer sage, sans esprit de polémique, mais avec cette confiance offerte par la foi. « Mettre sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce que l’on ne voit pas » Hébreux 11,1 ( dans les lectures de ce matin). Grâce et Paix. Denys
Merci, Denys ! Sois tranquille, je ne publierai aucun article qui ne rentrerait pas dans la charte fraternelle de ce blog ! https://jean3seize.com/2019/07/29/elephant-info/
Merci Claude pour ce bel article et les références bibliques que tu mentionnes.
Une précision qui pourrait être apportée est que les calvinistes refusent généralement ce terme de « contrainte », car pour eux la grâce irrésistible agit de manière à ce que l’homme veut volontairement venir à Christ. Il s’agit en quelque sorte d’une « contrainte volontaire » ou de « contraindre l’homme à vouloir ».
Fraternellement.
Oui, David, on lit cela…. Mais certainement pas de la part de théologiens éminents comme Sproul, qui sentent bien l’invalidité de cette hypothèse hybride, et tous ceux qui y réfléchissent tant soit peu n’ont pas besoin d’une longue argumentation pour s’en écarter résolument, non ?